Air, eau, sols: l'UE détaille son plan « zéro pollution» pour 2050

"Plus nous attendons pour réduire cette pollution, plus les coûts pour la société seront élevés", a martelé le vice-président de la Commission chargé du "Pacte vert" de l'UE, Frans Timmermans. (Photo, AFP)
"Plus nous attendons pour réduire cette pollution, plus les coûts pour la société seront élevés", a martelé le vice-président de la Commission chargé du "Pacte vert" de l'UE, Frans Timmermans. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 26 octobre 2022

Air, eau, sols: l'UE détaille son plan « zéro pollution» pour 2050

  • Le plan vise notamment à réduire de 75% d'ici 2030 le nombre de décès prématurés (actuellement 300 000 par an dans l'UE) causés par la pollution atmosphérique due aux particules de 2,5 microns (PM 2,5)
  • La feuille de route est ambitieuse, mais les ONG environnementales sont dubitatives sur son application réelle par les Etats

BRUXELLES: Normes renforcées de qualité de l'eau et de l'air, indemnisation des victimes de la pollution atmosphérique, traitement des eaux usées à la charge des industriels: Bruxelles a détaillé mercredi son plan "Zéro pollution" pour 2050.

La feuille de route est ambitieuse, mais les ONG environnementales sont dubitatives sur son application réelle par les Etats.

"Plus nous attendons pour réduire cette pollution, plus les coûts pour la société seront élevés", a martelé le vice-président de la Commission chargé du "Pacte vert" de l'UE, Frans Timmermans.

La Commission européenne s'était fixée en mai 2021 des objectifs de réduction de la pollution de l'air, de l'eau et des sols d'ici la fin de la décennie, avec l'ambition d'atteindre en 2050 des niveaux qui ne soient "plus nocifs pour la santé humaine et les écosystèmes naturels".

Elle dévoile désormais ses propositions pour y parvenir: celles-ci seront négociées entre le Parlement européen et les Etats membres, dont certains sont très hostiles à tout durcissement réglementaire.

Le plan vise notamment à réduire de 75% d'ici 2030 le nombre de décès prématurés (actuellement 300 000 par an dans l'UE) causés par la pollution atmosphérique due aux particules de 2,5 microns (PM 2,5), principal polluant et le plus dangereux car pénétrant profondément dans les poumons.

La Commission propose d'abaisser la valeur limite annuelle pour ces particules fines à 10 microgrammes/m3 en 2030, contre 25 aujourd'hui -- et, plus généralement, d'aligner "plus étroitement" ses normes de qualité de l'air sur les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

ONG et eurodéputés écologistes réclament, eux, un "plein alignement" sur l'OMS, dont la recommandation est de 5 microgrammes/m3 pour les particules PM 2.5.

"On a fixé des standards pour 2030 tenant compte de la faisabilité technique et des facteurs sociaux-économiques (...) Des révisions auront lieu, et ce dès 2028, ce qui permettra de s'aligner pleinement sur l'OMS dès que les technologies et politiques publiques le permettront", argumente le commissaire à l'Environnement Virginijus Sinkevicius.

Actions en justice

Par ailleurs, le texte "garantira aux personnes dont la santé est affectée le droit d'être indemnisées en cas de violation des règles européennes de qualité de l'air". Elles pourront notamment être représentées par des ONG dans le cadre d'"actions collectives" pour réclamer réparation en justice.

Les procédures permettant aux autorités locales et régionales de sanctionner les entreprises polluantes seront "assouplies".

Et si les Etats restent libres de décider des mesures spécifiques pour atteindre les normes de qualité de l'air, Bruxelles propose un système renforcé de surveillance, avec des "sanctions efficaces" en cas de manquements.

"Il est encourageant de voir de nouvelles règles sur l'accès à la justice (...) Mais la proposition comporte des échappatoires qui permettent aux Etats de s'en tirer avec des violations flagrantes des règles", observe Ugo Taddei, de l'ONG juridique ClientEarth.

Il redoute une "promesse vide" si les infractions ne sont pas rapidement suivies de sanctions financières: "L'absence de mécanisme pour garantir sa mise en oeuvre pourrait saper les ambitions du texte".

"La révision propose une surveillance superficielle des particules ultrafines, du carbone et de l'ammoniac, aucun alignement sur la science, et aucun outil garantissant que les États soient tenus responsables", abonde Margherita Tolotto, du European Environment Bureau (EEB).

La Commission vise par ailleurs "un traitement plus efficace et plus rentable des eaux urbaines résiduaires", en imposant la récupération les "nutriments" (azote, phosphate, composants chimiques...) et en étendant l'obligation de traitement des eaux aux petites communes de 1.000 habitants (contre 2.000 habitants actuellement).

"Étant donné que 92% des micropolluants toxiques trouvés dans les eaux usées proviennent de produits pharmaceutiques et cosmétiques, un nouveau système de responsabilité élargie exigera que les industriels les produisant paient le coût de leur élimination", souligne l'exécutif européen.

"Cela les incitera à exclure les substances toxiques de leurs produits pour s'assurer qu'ils n'auront rien à payer", a souligné M. Sinkevicius.

Enfin, Bruxelles veut ajouter aux listes de polluants de l'eau à "contrôler plus strictement", via des seuils contraignants, 25 substances "problématiques" pour la nature et la santé humaine.

Parmi ces dernières, on trouve le bisphénol A, les PFAS (groupe de composants polluants persistants, présents dans les ustensiles de cuisine, vêtements et meubles) et plusieurs pesticides, dont le glyphosate, mais aussi certains antiobiotiques.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.