PERTH, Australie : L'usage par la Russie de l'arme nucléaire serait «un acte d'hostilité contre l'humanité», a averti le Premier ministre japonais Fumio Kishida, samedi en visite en Australie.
L'intimidation russe sur «l'utilisation de l'arme nucléaire est une menace grave pour la paix et la sécurité de la communauté internationale et est absolument inacceptable», a déclaré le dirigeant du seul pays jamais frappé par la bombe atomique.
En mai 2023, M. Kishida devrait accueillir les dirigeants des pays du G7 à Hiroshima, frappée par une bombe nucléaire américaine le 6 août 1945 ayant tué 140.000 personnes. La ville japonaise de Nagasaki avait également été ciblée, trois jours plus tard.
Pour le Premier ministre japonais, cette période de 77 ans sans recours à l'arme nucléaire, «ne doit jamais se terminer».
«Si l'arme nucléaire était un jour utilisée, cela constituerait un acte d'hostilité contre l'humanité (...) la communauté internationale n'autorisera jamais un tel acte», a-t-il fustigé, décrivant aussi l'attitude menaçante du président russe Vladimir Poutine comme «profondément perturbante».
Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février, le président russe Vladimir Poutine a plusieurs fois exprimé de manière à peine voilée sa volonté de recourir à des armes nucléaires tactiques.
Le Japon et l'Australie signent un pacte de sécurité historique
L'Australie et le Japon ont signé samedi un pacte de sécurité destiné à contrer la montée en puissance militaire de la Chine.
En visite en Australie, le Premier ministre japonais Fumio Kishida a rencontré son homologue Anthony Albanese à Perth (ouest) pour remanier l'accord vieux de 15 ans, rédigé à une époque où attaques jihadistes et prolifération des armes représentaient les principales préoccupations.
«Cette déclaration historique envoie un signal fort à la région sur notre alignement stratégique», a déclaré M. Albanese, saluant le pacte signé entre les deux pays.
Sans toutefois citer directement la Chine et la Corée du Nord, le Premier ministre japonais a qualifié l'accord de réponse à un «environnement stratégique de plus en plus dur».
Il s'agit de la première visite d'un Premier ministre japonais en Australie depuis 2018.
Les deux nations du Pacifique devraient se concentrer en particulier sur le partage des signaux et renseignements géospatiaux glanés à partir de satellites d'écoute électronique ou SIGINT (SIGnal INTelligence).
Aucun des deux pays ne dispose actuellement de vastes réseaux de renseignements étrangers, comme la CIA américaine ou la DGSE française.
Bryce Wakefield de l'Australian Institute of International Affairs estime que Tokyo et Canberra disposent toutefois tous deux de moyens sophistiqués en matière de collecte d'informations par interception des communications.
L'accord pourrait aussi servir selon lui de modèle au Japon pour développer des liens de sécurité plus profonds avec des pays comme la Grande-Bretagne.
Le pacte est également considéré comme un pas supplémentaire vers l'adhésion du Japon à la puissante alliance dite «Five Eyes» dans le renseignement entre l'Australie, la Grande-Bretagne, le Canada, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis.
Mais des obstacles subsistent. Par le passé, une coopération plus étroite a été entravée par des préoccupations de longue date concernant la capacité de Tokyo à traiter des documents confidentiels sensibles et à les transmettre en toute sécurité.
Les Premiers ministres Kishida et Albanese se sont engagés à renforcer leur coopération militaire et énergétique.
Le Japon est un important acheteur de gaz australien et il a largement parié sur l'énergie hydrogène produite en Australie.
Le pacte de sécurité signé entre Tokyo et Canberra en 2007, lorsque Pékin était beaucoup plus faible militairement et moins affirmé dans ses relations avec le monde, a également été renforcé.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping, l'armée de Pékin est devenue beaucoup plus forte et sa posture plus agressive.
Au cours de la décennie de règne de Xi Jinping, la Chine a fait de son armée l'une des plus puissantes au monde et a amassé un arsenal nucléaire et balistique.