Toujours florissant, le luxe confiant malgré des risques de ralentissement

Hermès, collection printemps été 2023 (photo, Hermès)
Hermès, collection printemps été 2023 (photo, Hermès)
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Publié le Vendredi 21 octobre 2022

Toujours florissant, le luxe confiant malgré des risques de ralentissement

  • Grâce à une clientèle peu touchée par l'inflation, les géants du luxe comme LVMH, Kering ou Hermès ont affiché des progressions à deux chiffres pour leurs ventes au troisième trimestre
  • Aux Etats-Unis, où l'inflation persiste, poussant le président Joe Biden à évoquer une possible récession, la clientèle américaine «va décélérer très significativement voire passer dans le rouge»

PARIS : Toujours plus haut: le secteur du luxe a de nouveau affiché des résultats en forte hausse pour le troisième trimestre, mais les regards se tournent déjà sur l'année 2023 où inflation et crise de l'énergie pourraient freiner la progression.

Grâce à une clientèle peu touchée par l'inflation, les géants du luxe comme LVMH, Kering ou Hermès ont affiché des progressions à deux chiffres pour leurs ventes au troisième trimestre, faisant fi des restrictions sanitaires en Chine, un de leur principaux marchés, et de la hausse des coûts.

«La seule chose que je dirais, c'est que le luxe n'est pas un indicateur de l'économie générale», a déclaré le directeur financier de LVMH Jean-Jacques Guiony lors d'une conférence avec des analystes.

«Nous vendons à une clientèle plus sensible aux chocs - de la valeur de l'immobilier, de la Bourse,etc - qu'aux variations du PIB», a-t-il expliqué.

Le numéro un mondial du luxe a réalisé 19,75 milliards d'euros de ventes au troisième trimestre, en hausse de 19% à taux de change comparable.

«Le luxe n'est pas immunisé contre la récession ou les chocs (...) [mais] contrairement à d'autres industries, nous avons la possibilité de reporter sur nos clients l'impact des coûts si l'inflation se matérialise de manière significative dans notre activité, ce qui n'est pas le cas pour l'instant», a-t-il ajouté.

Les marques les plus fortes comme Louis Vuitton ont quand même relevé leurs prix de vente à hauteur de 2,5 fois l'inflation, selon la banque UBS.

Hermès prévoit pour 2023 «une hausse de prix entre 5 et 10% là où nous étions cette année de l'ordre de 4% et les années antérieures de l'ordre de 2%», selon le directeur général finances Éric du Halgouët.

Le sellier-maroquinier «pour l'instant n'a pas de signe de ralentissement sur l'ensemble de (ses) marchés,» selon son directeur finances.

- «Soyons patients» -

«Le ralentissement est devant nous», déclare pourtant à l'AFP Arnaud Cadart, gérant de portefeuille chez Flornoy. Aux Etats-Unis, où l'inflation persiste, poussant le président Joe Biden à évoquer une possible récession, la clientèle américaine «va décélérer très significativement voire passer dans le rouge», estime-t-il, «et la clientèle européenne sera aussi à la baisse». Europe et États-Unis représentent 40% de la consommation mondiale des produits de luxe, estime-t-il.

«Le luxe n'est pas à l'abri de la récession», souligne aussi HSBC qui prévoit «un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre de cette année et l'année prochaine».

UBS anticipe également que «l'inflation et la crise du coût de la vie va toucher plus durement les consommateurs et la clientèle des produits de luxe pourrait ne pas être épargnée».

La Chine pourrait cependant «venir à la rescousse» du secteur du luxe avec un rebond des ventes en 2023 après une année 2022 affectée par les confinements, selon les analystes de HSBC.

Ces derniers pensent également que «les marques sont cette fois mieux préparées à la récession» (qu'en 2008-2009) avec notamment «une meilleure connaissance de leurs consommateurs grâce à la forte concentration qu'elles ont eue sur leurs clientèles locales au cours des deux dernières années».

«On a un portefeuille très solide pour envisager l'année prochaine quelle que soit la conjoncture», a déclaré Jean-Marc Duplaix, directeur financier de Kering lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes, «il y a des facteurs qui peuvent peser sur la demande à court ou moyen terme, les perspectives de long terme restent tout à fait solides pour notre industrie, il y a un appétit pour nos produits, nos marques dans toutes les régions».

Même patience et vision à long terme chez le concurrent LVMH.

«Certes le groupe a une bonne taille. A l’échelle mondiale, à l’échelle des États-Unis, c’est encore modeste par rapport aux grandes sociétés cotées, on doit être vingtième, on n’est pas dans les cinq premiers, on peut continuer à progresser», estimait Bernard Arnault récemment sur Radio Classique.

«Soyons patients, rien ne presse», concluait-il.


France: l'Insee confirme une inflation de 2,2% en avril, en léger ralentissement

Un représentant de l'INSEE relève les prix dans une auto-école à Paris, le 21 avril 2023 (Photo, AFP).
Un représentant de l'INSEE relève les prix dans une auto-école à Paris, le 21 avril 2023 (Photo, AFP).
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  • Les prix des produits manufacturés se sont même légèrement repliés, de 0,1% après +0,1% en mars
  • Les gardiens de l'euro s'attendent à un retour de l'inflation à cette cible en 2025, après 2,3% en 2024

PARIS: Les prix ont augmenté de 2,2% en avril sur un an, a indiqué l'Insee mercredi, confirmant sa première estimation d'un léger ralentissement de l'inflation, sur fond d'une hausse plus modérée des prix alimentaires.

Après une inflation de 2,3% en mars, la baisse "résulte du ralentissement sur un an des prix de l'alimentation (+1,2% après +1,7%) et du tabac (+9,0% après +10,7%)", précise l'institut dans un communiqué.

Les prix des produits manufacturés se sont même légèrement repliés, de 0,1% après +0,1% en mars.

Les prix des services, qui représentent près de la moitié de la consommation, ont augmenté sur un an au même rythme qu'en mars, +3%, selon ces données définitives en ligne avec les chiffres provisoires publiés fin avril.

Sur un mois, l'inflation accélère toutefois, à 0,5% (contre 0,2% en mars), indique l'Insee, confirmant là aussi sa première estimation - une évolution due notamment à la hausse des prix des services (+1%, après une stabilité en mars).

Baisse des taux directeurs 

A contrario, "les prix des produits manufacturés et du tabac sont stables" sur un mois.

Sur un an, l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH, qui permet les comparaisons avec les autres pays de l'UE et intéresse particulièrement la Banque centrale européenne pour sa politique monétaire) augmente de 2,4% en avril 2024, comme en mars, et de 0,6% sur le mois, après +0,2% en mars. Ces chiffres sont également conformes aux premières estimations.

Lors de sa dernière réunion en avril, la BCE a jugé "plausible" de commencer à baisser ses taux directeurs - actuellement à leur plus haut - en juin si les données confirment d'ici là le retour anticipé de l'inflation dans le zone euro à la cible de 2%, selon le compte rendu publié la semaine passée.

Les gardiens de l'euro s'attendent à un retour de l'inflation à cette cible en 2025, après 2,3% en 2024.


Un commerce bilatéral saoudo-britannique évalué à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030

Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030. (Photo AN/Loai Elkellawy)
Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030. (Photo AN/Loai Elkellawy)
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  • La conférence Great Futures, organisée le 14 mai dans le quartier financier du roi Abdallah, comprend quarante-sept sessions et ateliers avec cent vingt-sept intervenants des secteurs public et privé
  • Elle vise à renforcer les partenariats entre l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni dans treize secteurs tels que le tourisme, la culture, l’éducation, la santé et les sports, entre autres

RIYAD: Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling (1 livre sterling = 1,16 euro) d’ici à 2030.

«L’idée de cette conférence est de servir de vitrine pour montrer les possibilités qui s’offrent à nos deux pays. Je pense qu’il existe des occasions considérables pour renforcer le commerce et les investissements», déclare-t-il.

«Nous nous sommes fixé un objectif ambitieux de 30 milliards de livres sterling pour le commerce bilatéral d’ici à 2030. La croissance est déjà impressionnante. Elle représente quelque 17 milliards de livres sterling. Je pense que nous pouvons atteindre notre but.»

La conférence de deux jours, organisée le 14 mai dans le quartier financier du roi Abdallah, comprend quarante-sept sessions et ateliers avec cent vingt-sept intervenants des secteurs public et privé.

Cette conférence vise à renforcer les partenariats entre l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni dans treize secteurs tels que le tourisme, la culture, l’éducation, la santé, les sports, l’investissement, le commerce et les services financiers.

Elle a accueilli quatre cent cinquante représentants britanniques et chefs d’entreprise venus rencontrer des entreprises et des responsables saoudiens.

M. Dowden pense que «la relation entre nos deux pays est plus forte qu’elle ne l’a jamais été».

«Elle repose sur des bases très solides, qu’il s’agisse de relations diplomatiques, militaires ou même des liens entre Sa Majesté, le roi Charles III, et le prince héritier, Mohammed ben Salmane, au sein de la famille royale d’Arabie saoudite.»

Oliver Dowden soutient qu’il a été témoin, lors de la conférence Great Futures et des visites précédentes, de «possibilités considérables pour l’avenir».

«Le prince héritier a défini la vision pour 2030. Les entreprises britanniques veulent faire partie de cette vision et c’est pour cette raison que je suis accompagné, en Arabie saoudite, de la plus grande délégation commerciale que le Royaume-Uni ait jamais envoyée dans un pays au cours de la dernière décennie», précise-t-il.

Dans le discours d’ouverture du premier jour, le vice-Premier ministre s’est exprimé lors d’une table ronde aux côtés du Dr Majid ben Abdallah al-Qasabi, le ministre saoudien du Commerce.

Il soutient que les deux pays pouvaient collaborer de façon encore plus active dans les domaines de la technologie et de l’intelligence artificielle.

«Je pense que notre coopération pourrait être beaucoup plus importante, car l’Arabie saoudite possède une grande expertise en matière d’intelligence artificielle», déclare M. Dowden.

Au cours de son entretien avec Arab News, Oliver Dowden a également souligné que le nord-est de l’Angleterre était sur le point de recevoir des investissements d’une valeur de 3 milliards de livres sterling de la part du Royaume.

«Prenez le nord-est de l’Angleterre, qui ne représente qu’une partie du Royaume-Uni. Nous sommes convenus d’un investissement de 3 milliards de livres sterling qui soutiendra deux mille emplois. Je pense que nous pouvons faire encore beaucoup plus», poursuit-il.

Avant la conférence, le vice-Premier ministre a insisté sur l’importance de cet événement dans l’établissement de partenariats entre les secteurs commerciaux de l’Arabie saoudite et du Royaume-Uni.

«La conférence Great Futures permet également aux entreprises britanniques de se familiariser avec les réglementations commerciales, les incitations et les avantages liés à la conduite des affaires en Arabie saoudite», conclut M. Dowden.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Qatar Investment Authority s’engage à soutenir le secteur français des semi-conducteurs

Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire dans la société japonaise Kokusai Electric Corp. (Shutterstock)
Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire dans la société japonaise Kokusai Electric Corp. (Shutterstock)
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  • Grâce à cette initiative, la Qatar Investment Authority (QIA) contribuera à un fonds thématique novateur destiné à renforcer l’industrie des semi-conducteurs en Europe
  • Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’investissement plus large de la QIA, qui consiste à s’engager auprès d’entreprises de premier plan à la pointe de l’innovation

RIYAD: Le Qatar va se lancer dans l’industrie technologique française, un grand organisme d'investissement qui a annoncé son intention de s’engager financièrement dans Ardian Semiconductor.

Grâce à cette initiative, la Qatar Investment Authority (QIA) contribuera à un fonds thématique novateur destiné à renforcer l’industrie des semi-conducteurs en Europe. Cela confirme son rôle de partenaire financier privilégié dans les sous-secteurs technologiques clés, notamment dans le développement de la chaîne d’approvisionnement.

Selon un communiqué officiel, l’attention stratégique que la QIA accorde à ce secteur reflète sa conviction du rôle essentiel que jouent les semi-conducteurs dans la stimulation des transformations numériques et écologiques dans des industries vitales telles que l’intelligence artificielle, la mobilité et la technologie grand public.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’investissement plus large de la QIA, qui consiste à s’engager auprès d’entreprises de premier plan à la pointe de l’innovation.

Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire prise en juin 2023 dans la société japonaise Kokusai Electric Corp., leader dans la fabrication de semi-conducteurs. Cela témoigne de l’engagement continu de la QIA à réaliser des investissements importants dans ce domaine à l’échelle mondiale.

En outre, le 13 mai, la QIA a annoncé son intention de porter son partenariat d'investissement avec Bpifrance à 300 millions d’euros, renforçant ainsi leur engagement commun à stimuler la croissance économique et l’innovation en France. Cela marque un tournant dans leur collaboration, initialement établie dans le cadre de la coentreprise Future French Champions.

Lors de la première phase de ce partenariat, qui s’est achevée en 2021, près de 300 millions d’euros ont été consacrés à la création d’emplois, au développement économique et, plus particulièrement, au renforcement du secteur des petites et moyennes entreprises françaises.

Fortes de ces réalisations, les deux entités sont passées à la deuxième phase de leur collaboration en janvier 2023, s’engageant à verser 300 millions d’euros supplémentaires.

Ils prévoient désormais d’entamer une troisième phase, en promettant jusqu’à 300 nouveaux millions d’euros une fois que les fonds actuels auront été entièrement déployés.

Le partenariat renouvelé se focalisera sur des priorités stratégiques telles que l’intelligence artificielle, les semi-conducteurs, l’informatique quantique, les soins de santé, le secteur aérospatial et la transition énergétique.

Ces investissements sont destinés à faire progresser les capacités technologiques, à améliorer la compétitivité dans divers secteurs et à promouvoir une croissance durable, reflétant ainsi l’engagement des deux parties à promouvoir des innovations importantes et à soutenir les objectifs économiques à long terme de la France.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com