Face à la Russie, la Finlande veut son nouveau rideau de fer

Sur cette photo d'archive prise le 13 mai 2022, un panneau de signalisation annonce le passage frontalier finno-russe d'Imatra, à Imatra, dans le sud-est de la Finlande. (AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 13 mai 2022, un panneau de signalisation annonce le passage frontalier finno-russe d'Imatra, à Imatra, dans le sud-est de la Finlande. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 21 octobre 2022

Face à la Russie, la Finlande veut son nouveau rideau de fer

  • Actuellement - et même au temps de l'URSS - la Finlande n'a que de maigres clôtures existantes en bois, principalement conçues pour éviter que le bétail ne franchisse la limite
  • Helsinki veut aujourd'hui construire des barrières plus hautes, faites d'un grillage solide et surmontées de barbelés courant le long d'une route

HELSINKI: Plus de 30 ans après la fin de la Guerre froide, la Finlande prévoit d'ériger des dizaines de kilomètres de barrières et de barbelés à sa frontière avec la Russie, en conséquence de l'invasion de l'Ukraine par Moscou.

En pleine adhésion à l'Otan, la Première ministre Sanna Marin a annoncé cette semaine disposer d'un large soutien au Parlement pour installer de hautes clôtures métalliques sur 10 à 20% de sa frontière de près de 1 300 kilomètres avec la Russie, un chantier à plusieurs centaines de millions d'euros.

Actuellement - et même au temps de l'URSS - la Finlande n'a que de maigres clôtures existantes en bois, principalement conçues pour éviter que le bétail ne franchisse la limite.

Helsinki veut aujourd'hui construire des barrières plus hautes, faites d'un grillage solide et surmontées de barbelés courant le long d'une route. Officiellement pour se protéger d'un scénario d'afflux migratoire, comme à la frontière entre le Bélarus et l'Union européenne l'an dernier.

"J'espère que le chantier pourra commencer aussi vite que possible", a déclaré Sanna Marin.

De la Pologne à l'Estonie en passant par la Lettonie, plusieurs autres pays de l'Union européenne ont déjà musclé ou prévoient de renforcer leur frontière terrestre avec la Russie.

Les gardes-frontières finlandais ont eux jugé "nécessaire" d'ériger entre 130 et 260 kilomètres de clôture dans les zones réputées cruciales, notamment dans le sud-est du pays qui concentre la plupart des passages à la frontière.

Depuis l'ordre de mobilisation pour la guerre en Ukraine du président Vladimir Poutine en septembre, la Finlande a connu un afflux de citoyens russes, jusqu'à ce que le pays ne décide de sévir et restreigne drastiquement les entrées.

Le projet, estimé à "plusieurs centaines de millions d'euros", sera d'abord entamé sur quelques kilomètres de zone pilote avant que la barrière ne soit totalement érigée d'ici trois ou quatre ans.

La clôture ne couvrira pas la totalité de la frontière, qui se trouve en grande partie sur des terrains boisés et éloignés des zones habitées.

Mais selon les gardes-frontières, elle aidera à détecter de grands groupes et concentrer les intrusions à des zones plus petites et plus gérables.

Bien que le gouvernement soit soutenu politiquement dans son projet, certains experts doutent des objectifs d'une telle construction.

"Je pense que cette barrière relève d'une réaction d'émotion à la guerre", déclare à l'AFP Olga Davydova-Minguet, une experte de la Russie et des problématiques frontalières.

Elle "renforce l'image du Russe comme source inquiétante de menaces" et la "sensation de danger au delà de la frontière dont il faut se tenir à distance".

Frontière poreuse 

Délimitation symbolique entre Est et Ouest, la limite finlando-russe a jusqu'ici été "une frontière très pragmatique et pratique", explique à l'AFP Jussi Laine, professeur de géographie humaine à l'université de Finlande orientale.

"Certains enfants ont pu aller à l'école du côté finlandais tout en ayant des parents vivant de l'autre côté de la frontière", poursuit-il.

Soumise à une neutralité forcée par Moscou après leur affrontement durant la Seconde guerre mondiale, la Finlande a traversé la Guerre froide avec l'objectif tacite de ne pas fâcher son puissant voisin.

Depuis les années 90 et la fin de l'URSS, des projets de développement de visas électroniques et de nouvelles liaisons ferroviaires avaient poussé à faire de la frontière russo-finlandaise une "frontière normale de l'Europe".

"Dans le quotidien des gens, cela signifiait que la pertinence d'une frontière disparaîtrait", explique Jussi Laine.

La Finlande s'était aussi ces dernières années placée en médiatrice dans les relations entre l'Occident et la Russie.

Mais comme pour l'adhésion à l'Otan, la situation a radicalement changé avec la guerre en Ukraine.

Avant l'invasion, en novembre 2021, une première proposition de l'opposition centre-droit de construire une véritable barrière avait été rejetée, considérée comme populiste.

En juillet, cinq mois après le début de la guerre, le pays nordique avait déjà amendé sa loi pour permettre le projet.

Conçu à la base pour répondre à la menace "hybride" d'une crise migratoire organisée, ce dernier a évolué en l'expression d'une condamnation de la Russie, soulignent plusieurs analystes.

"Cette barrière a une valeur symbolique. Elle n'est pas basée sur une analyse rationnelle", estime Jussie Laine, qui s'inquiète de ses effets pervers.

Selon lui, si le travail des gardes-frontières pourrait être facilité, l'expérience "montrera clairement" que rendre la traversée des frontières plus difficile alimente le trafic d'êtres humains.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.