PARIS: Le bouleversement du paysage politique français, confirmé lors des élections présidentielle et législatives de cette année, a conduit à l’émergence de trois pôles principaux: Renaissance (parti de la majorité présidentielle), la Nupes (à gauche) et le RN (à l’extrême droite).
En effet, la fin du duopole politique français composé depuis plus de cinq ans du Parti socialiste (PS) et des Républicains (ou LR, parti anciennement connu sous le nom d’«Union pour un mouvement populaire», ou UMP) ne signifie pas leur effacement.
Ces deux partis traditionalistes prouvent leur résilience: le PS résiste à la poursuite de son déclin, même s’il se range sous l’étiquette de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes), initiée par l’un de ses anciens élus devenu l’un de ses pourfendeurs, Jean-Luc Mélenchon. Quant au parti Les Républicains, il reste bien implanté dans le pays et il marginalise souvent ses adversaires lors des élections locales (municipales, départementales et régionales). Cette double réalité nous permet de mieux saisir la complexité de l’actuel paysage politique en France, qui demeure émietté et loin d’être parfaitement stabilisé.
Dans ce contexte, la lecture des changements au sein de partis classiques nous permet de dessiner les contours de l’évolution de l’opinion publique et de mieux appréhender l’avenir. Cela se justifie par le fait que, ces dernières années, les partis politiques ont vu leur popularité se dégrader auprès des Français, qui, pour beaucoup, ne voient plus leur rôle d’un œil positif ni bénéfique dans la résolution des grands enjeux. À cet égard, certaines études d’opinion sur la proximité partisane déclarée des Français depuis 2013 font apparaître une progression forte de la désaffiliation politique, qui se traduit par une spectaculaire hausse de l’abstention. Ce phénomène crée une masse électorale flottante et indécise, ce qui rend l’exercice électoral de plus en plus imprévisible.
La droite républicaine: un nouveau départ?
Après une sévère défaite lors de l’élection présidentielle et un résultat limité aux législatives, le parti Les Républicains tente de se refaire une santé en se mettant en quête d’une nouvelle direction.
Alors que l’élection pour la présidence du parti aura lieu le 3 décembre prochain, quatre principaux candidats s’affrontent:
Éric Ciotti, le député des Alpes-Maritimes , très marqué par sa proximité avec l’extrême droite et son action pour une ligne «droite et forte».
Serge Grouard, maire de la ville d’Orléans et ancien proche de Jacques Chirac. C’est le moins connu des concurrents. Il propose pour «un accord de gouvernement» avec le courant du président Macron afin derépondre aux urgences nationales.
Aurélien Pradié, secrétaire général du parti, député du Lot et représentant de la nouvelle génération, plaide pour un changement radical dans la ligne politique et cherche à rebâtir la droite populaire.
Bruno Retailleau, sénateur de Vendée, président du groupe LR au Sénat, est un conservateur proche de l’ancien Premier ministre François Fillon. Partisan d’une droite «populaire et patriote», il se pose en rassembleur et sauveur du parti, au point de tendre la main aux électeurs d’extrême droite.
Parmi ces quatre prétendants, Bruno Retailleau semble le mieux placé pour accomplir cette entreprise de recomposition de l’ancien parti majoritaire de droite.
Quel que soit le vainqueur, sa mission, qui consiste à redorer le blason d’un parti malmené après l’ère Sarkozy et les défaites aux élections présidentielles depuis 2012, sera semée d’embûches.
Le Parti socialiste: Olivier Faure vs mouvement Refondation
Le Parti socialiste, qui a entamé sa «traversée du désert» pendant le mandat de François Hollande, tente de se relever après une «mauvaise décennie».
Après un score catastrophique pour sa candidate, Anne Hidalgo, lors de l’élection présidentielle, le PS tente de sauver les meubles par le biais de son premier secrétaire, Olivier Faure, en s’associant à la Nupes. Après des résultats jusque-là mitigés, Faure est à son tour contesté par un mouvement soutenu par la maire de Paris, Anne Hidalgo, et par Carole Delga vice-présidente du conseil régional de Midi-Pyrénées.
Ce mouvement veut refonder le Parti socialiste et a peut-être pour intention de renverser son premier secrétaire lors du prochain congrès, à travers une tribune signée par cent cinquante élus, dont Nicolas Mayer-Rossignol, le jeune maire PS de Rouen, l'un des maîtres d'œuvre de l'initiative.
Les contestataires socialistes entendent créer «un nouvel espoir à gauche». La toile de fond de leur mouvement est l’opposition à la ligne d’alliance avec la Nupes, mal perçue par une bonne partie de la base socialiste.
On le voit, ce remue-ménage actuellement à l’œuvre à droite comme à gauche pourrait renforcer la résilience des partis traditionnels au sein du paysage politique français.