Iran: des tactiques audacieuses pour faire durer les manifestations malgré la répression

Des manifestants scandent des slogans et agitent des drapeaux iraniens lors de la «Marche de solidarité pour l'Iran» à Washington, DC, le 15 octobre 2022. (AFP)
Des manifestants scandent des slogans et agitent des drapeaux iraniens lors de la «Marche de solidarité pour l'Iran» à Washington, DC, le 15 octobre 2022. (AFP)
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Publié le Jeudi 20 octobre 2022

Iran: des tactiques audacieuses pour faire durer les manifestations malgré la répression

  • En dépit des restrictions d'accès à internet imposées par les autorités et le blocage d'applications populaires, de jeunes internautes parviennent toujours à publier des vidéos des manifestations
  • Il y a deux semaines, des fontaines à Téhéran semblaient ainsi remplies de sang après qu'un artiste a coloré leurs eaux en rouge pour refléter la répression meurtrière

NICOSIE: Projeter des images sur des tours habitées ou colorer des fontaines en rouge sang: des Iraniens équipés d'un simple téléphone adoptent toute une série de tactiques pour faire durer les manifestations contre la mort de Mahsa Amini, malgré la répression meurtrière.

L'indignation provoquée par le décès, le 16 septembre, de cette Kurde iranienne de 22 ans a entraîné les plus importantes manifestations en Iran depuis les protestations de 2019 contre la hausse du prix de l'essence dans ce pays.

Mahsa Amini a été arrêtée le 13 septembre par la police des moeurs à Téhéran pour avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, prévoyant notamment le port du voile.

En dépit des restrictions d'accès à internet imposées par les autorités et le blocage d'applications populaires telles Instagram ou WhatsApp, de jeunes internautes parviennent toujours à publier des vidéos des manifestations.

«Nouvelle phase»

L'une d'elle montre des conducteurs qui klaxonnent à Téhéran en soutien aux manifestants et bloquent des routes avec leurs voitures pour ralentir le déploiement des forces de sécurité.

Celles-ci ont réagi en prenant des motos pour se frayer un chemin dans les embouteillages. Des membres des forces de l'ordre ont même arraché des plaques d'immatriculation de véhicules afin d'identifier les conducteurs. Certains ont tiré sur des manifestants au fusil à pompe et avec des balles de peinture pour tenter de les retrouver après, toujours selon des vidéos.

Pour faire face à la répression, des jeunes portent des masques et des vestes à capuche, mettent leurs téléphones portables sur mode avion pour éviter d'être repérés et emportent des vêtements supplémentaires pour remplacer ceux qui ont été éclaboussés de peinture.

Sur des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, des manifestants démontent une caméra de surveillance à Sanandaj, le capitale de la province du Kurdistan d'où est originaire Mahsa Amini.

Certains organisent des rassemblements plus restreints, à l'écart des grandes places de la ville.

"Le soulèvement se poursuit mais nous voyons moins de vidéos en raison des restrictions sévères d'accès à l'internet", a tweeté Shadi Sadr, directeur de l'ONG Justice for Iran, basée à Londres.

Ceux qui sont trop intimidés pour manifester ont trouvé d'autres moyens, plus discrets. Il y a deux semaines, des fontaines à Téhéran semblaient ainsi remplies de sang après qu'un artiste a coloré leurs eaux en rouge pour refléter la répression meurtrière.

Des étudiants en art d'une université de Téhéran ont même tourné une vidéo montrant leurs mains levées en l'air et recouvertes de peinture rouge.

"Cette nouvelle phase dans les protestations est plus décentralisée que celles qui l'ont précédée. Elle se fait sans leadership, organisation ou revendications particulières comme un changement de politique par exemple", a indiqué Omid Memarian, un analyste iranien de l'ONG Democracy for the Arab World Now (DAWN), à l'AFP.

"Ces manifestations appellent par contre à la +mort+ du dictateur et à la fin de la République islamique. Elles ont réussi à désarmer la machine répressive qui est entraînée à étouffer les protestations de masse ou encore les manifestations étudiantes", a-t-il ajouté.

Câlins 

Défiant les autorités, des militants du groupe de hackeurs Edalat-e Ali ont piraté un journal télévisé en direct de la télévision d'Etat, diffusant une image du guide suprême Ali Khamenei en feu.

Sur une vidéo devenue virale cette semaine, le visage de Mahsa Amini a été projeté sur une tour d'Ekbatan Town, un quartier situé au coeur de la capitale iranienne.

Une autre vidéo diffusée mercredi montre deux femmes sans voile dans une rue de l'ouest de la capitale en train de prendre des gens dans leurs bras devant une pancarte disant "câlins pour ceux qui sont tristes".

Dans certaines salles de classe, des écolières ont osé faire un doigt d'honneur devant des portraits du guide suprême, dos à la caméra et après avoir retiré leur foulard.

Pour Henry Rome, spécialiste de l'Iran au Washington Institute, le mouvement de contestation risque de durer longtemps.

"L'Etat dispose de méthodes bien rodées comme la violence, les arrestations, les perturbations d'internet et les intimidations", explique-t-il à l'AFP.

Mais "pour l'instant, ni l'Etat ni les manifestants ne sont capables de surmonter le défi posé par l'autre, ce qui suggère que les protestations et les violences actuelles pourraient durer longtemps".


Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

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  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.