WASHINGTON: Les membres d'un groupe d'opposition iranien vivant en exil ont demandé mercredi à l'Occident d'intensifier sa pression sur Téhéran, alors que les manifestations contre le régime se poursuivent dans le pays pour le deuxième mois consécutif.
Le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) a déclaré lors d'un briefing à Washington, auquel Arab News a assisté, que les pays occidentaux devraient ordonner la fermeture de toutes les ambassades iraniennes et imposer des sanctions plus sévères contre le régime.
Les vastes manifestations actuelles ont commencé peu après la mort en garde à vue de Mahsa Amini, 22 ans, le 16 septembre. Elle avait été arrêtée par la soi-disant police des mœurs trois jours plus tôt pour le non-respect des règles vestimentaires strictes imposées aux femmes.
On croit généralement que sa mort est due à un passage à tabac par des policiers. Le gouvernement iranien nie cette version des faits, mais les citoyens indignés ne sont pas convaincus et descendent dans la rue pour protester depuis des semaines, provoquant une répression brutale des forces de sécurité qui a fait de nombreux morts et blessés et des arrestations.
L'Iran est gouverné par son institution religieuse depuis la révolution de 1979 qui a renversé le Chah pro-occidental au pouvoir. Les femmes du pays doivent se conformer aux restrictions gouvernementales sur les vêtements de style occidental, s'habiller modestement et couvrir leurs cheveux avec un hijab en public.
Soona Samsami, représentante américaine du CNRI, a révélé que les manifestations actuelles ont dépassé toutes les autres depuis 2017 et sont principalement menées par des femmes et de jeunes Iraniens qui exigent le renversement du régime.
«Ce qui se passe aujourd'hui en Iran a toutes les caractéristiques d'une révolution en marche», a-t-elle indiqué. «Nous avons franchi un point d'inflexion historique, la peur du peuple se dissipant et la peur régnant sur le régime – un point de non-retour.»
Samsami a appelé la communauté internationale à adopter une position unie contre le régime de Téhéran en fermant les ambassades iraniennes dans le monde entier et en expulsant les diplomates du pays. Elle a également exhorté les États-Unis et l'Union européenne à soutenir la population iranienne et sa «révolution démocratique en Iran».
Le président américain, Joe Biden, a dénoncé ce mois-ci la répression exercée par le gouvernement iranien à l'encontre des manifestants pacifiques lors des derniers troubles et a demandé que les droits de l'homme fondamentaux soient respectés et la dignité humaine préservée. Il a ajouté que les États-Unis se tenait aux côtés des femmes iraniennes et de tous les citoyens du pays.
«Pendant des décennies, le régime iranien a refusé les libertés fondamentales à son peuple et étouffé les aspirations de générations successives par l'intimidation, la coercition et la violence», a souligné Biden.
Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a accusé son homologue américain de tenter de provoquer des divisions au sein de la société iranienne et de déstabiliser le pays en incitant les Iraniens à agir contre le régime sous le prétexte des droits de l'homme.
«Les commentaires du président américain en faveur du chaos, de la terreur et de l'insécurité en Iran ont une fois de plus prouvé la fausseté de la prétention à protéger les droits de l'homme, la sécurité et la paix et ont donné un sens au titre de grand Satan», a-t-il prévenu.
Alireza Jafarzadeh, directeur adjoint du bureau du CNRI à Washington, a évoqué lors de la réunion de mercredi les actions du Corps des gardiens de la révolution islamique de Téhéran, qui tente de réprimer les manifestations en cours et d'empêcher leur propagation.
«Selon les centaines de rapports que nous avons reçus, les forces en civil du CGRI et du Basij (une milice paramilitaire de volontaires) font preuve d'une brutalité et d'une agressivité maximales pour battre les manifestants et les blesser gravement», a-t-il annoncé.
«L'une des tactiques qu'ils utilisent est de frapper les manifestants à la tête ou de leur briser des membres; cela mettrait en effet fin à leur participation continue aux manifestations pendant une certaine période.»
Jafarzadeh a également indiqué que les forces militaires iraniennes avaient tué, dans la célèbre prison d'Evin, des dizaines de prisonniers qui avaient protesté contre le régime, qualifiant cet incident de «crime contre l'humanité».
«Le 15 octobre 2022, 30 à 40 prisonniers ont été tués lors d'une attaque de la prison d'Evin par la force spéciale du CGRI qui gardait le dirigeant suprême», a-t-il déclaré.
«L'attaque contre les prisonniers avait été planifiée à l'avance. Les gardes sauvages ont jeté plusieurs prisonniers du toit.»
Un responsable du gouvernement iranien a soutenu que les prisonniers étaient morts à la suite de «l'inhalation de fumée» résultant d'un incendie dans la prison qui était «un crime commis par un certain nombre d'agents ennemis».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com