LONDRES: La pollution causée par la production de pétrole en Irak est la principale cause de l'augmentation du nombre de cas de cancer dans certaines parties du pays, a reconnu le ministre irakien de l'Environnement.
Jassem al-Falahi a admis ce fait à la suite d'une enquête menée par la BBC Arabic sur le torchage du gaz près de la ville de Bassorah, qui a vu une augmentation des cas de leucémie dans les communautés les plus proches des champs pétrolifères de la région.
Cette révélation a lieu malgré l'interdiction faite aux employés du gouvernement irakien de discuter des problèmes de santé liés à l'industrie pétrolière, décrétée par le Premier ministre Moustafa al-Kazimi.
Al-Falahi a déclaré que le ministère du Pétrole avait interdit aux employés du ministère de l'Environnement de surveiller les niveaux de pollution du champ pétrolifère de Rumaïla, qui est le plus grand du pays et où sont brûlés la plupart des gaz résiduaires.
Il a toutefois ajouté que les relations et la communication entre les deux ministères s'amélioraient, et qu'ils travailleraient ensemble pour intenter des poursuites judiciaires et appliquer des sanctions financières contre les entreprises complices des dommages environnementaux en Irak.
Cependant, la BBC Arabic s'est entretenue avec de nombreuses familles dans les environs de Rumaïla qui ont affirmé n'avoir reçu aucune compensation des compagnies pétrolières, ni aucune aide du gouvernement.
Ali Hussein Julood, âgé de 19 ans, qui habite la région et avait été atteint de leucémie, a confié à la BBC Arabic: «Ici à Rumaïla, personne ne parle. Ils disent qu'ils ont peur de parler de crainte de perdre leur emploi.»
Dans le cadre de son enquête, une équipe de la BBC, qui s'est par ailleurs vu refuser l'accès à la surveillance du champ pétrolifère gouvernemental de Rumaïla, a effectué des tests dans des communautés proches et a trouvé des niveaux élevés d'un certain nombre de produits chimiques liés au cancer.
Le torchage du gaz implique la combustion des gaz résiduaires libérés pendant le processus de forage pétrolier, et libère dans l’atmosphère des substances telles que le benzène, le dioxyde de carbone et le méthane, qui sont toutes liées au cancer.
Au début de cette année, le ministre du Pétrole, Ihsan Abdel Jabbar Ismaïl, a nié l’existence d’un lien entre le torchage et les taux de cancer lors d'une entrevue avec la BBC Arabic.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com