PARIS: Dans le but de défendre leurs intérêts communs, Alger et Bruxelles plaident pour l’intensification de la concertation dans le domaine de l’énergie. Tel était l’objectif de la 2e édition du Forum d’affaires algéro-européen sur l’énergie, qui s’est déroulé du 12 au 14 octobre à Alger. «Le partenariat algéro-européen est une priorité pour la prospérité mutuelle», a déclaré le Premier ministre algérien, Aïmene Benabderrahmane, lors de l'ouverture de cet événement. «Les réserves de l’Algérie en gaz sont importantes, mais elles ont besoin d’être explorées.» Il appelle les «partenaires européens à travailler avec l’Algérie» pour «augmenter la production et, en conséquence, sécuriser [les] marchés [européens]».
Présidé par Mohamed Arkab, ministre algérien de l’Énergie et des Mines, et Kadri Simson, commissaire européenne à l’énergie, ce forum, qui a réuni tous les acteurs du secteur – experts, politiques, institutions financières, associations professionnelles et patronales – a permis aux deux partenaires d’étudier les perspectives de développement des investissements, plus particulièrement dans l’exploration et la production des hydrocarbures, de l’industrie gazière, du développement de l’hydrogène et de l’électricité.
Alexandre Kateb, économiste, professeur à Sciences Po Paris, est également le fondateur et le PDG du cabinet Multipolarity Report (Paris). Arab News en français l’a interrogé sur les perspectives de développement des projets algéro-européens en matière d’énergie. Il considère qu’un partenariat stratégique de l’Algérie avec l’Union européenne (UE) dans le secteur de l’énergie serait bénéfique pour les deux parties. Mais il prévient que sa concrétisation n’est pas aisée.
«Vision commune»
Selon lui, «un partenariat dans le domaine de l’exploration et la production de l’énergie avec une vision sur le long terme nécessite de gros investissements et une vision commune des pays membres». Il précise que «la concrétisation d’un tel partenariat nécessite l’approbation des vingt-sept pays membres de l’UE, ce qui n'est pas simple étant donné l’aspect tendu du marché actuel: certains pays manifestent des stratégies différentes selon le contexte et les besoins spécifiques à chaque pays».
Cette rencontre aboutira-t-elle à l’établissement de partenariats industriels entre les entreprises algériennes et européennes en matière de production gazière et d’énergies renouvelables? Considérant l’Algérie comme un fournisseur important et fiable, la commissaire européenne de l’énergie, Kadri Simson, affirme que l’UE est «prête à consolider et à développer davantage un partenariat énergétique avec l’Algérie». Lors de ses interventions à Alger, elle a révélé que trois domaines concrets étaient à l’étude entre les deux partenaires: l’exploitation de nouveaux champs gaziers ainsi que des projets communs en matière de production d’énergies renouvelables et d’hydrogène vert.
«Plan d’action»
De son côté, Mohamed Arkab précise que les deux parties ont mis en place «un plan d’action qui vise à la concrétisation des projets énergétiques programmés dans le cadre de la coopération énergétique bilatérale». Le ministre algérien de l’Énergie met en exergue l’accès de l’Algérie aux marchés internationaux, parmi lesquels le marché européen de l’exportation de l’électricité propre. «Le travail dans ce domaine a débuté l’année dernière et nous aspirons, dans le cadre de la coopération avec l’UE, à un développement rapide des énergies renouvelables dans notre pays», ajoute-t-il.
Pour les spécialistes, cette dynamique s’explique par les récentes découvertes annoncées ces derniers mois par la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach. Selon Rabie Badji, directeur de la division exploration du groupe Sonatrach, la société a réussi cette année à réaliser onze découvertes dans les domaines du pétrole et du gaz à travers le pays, neuf sur ses fonds propres et deux autres grâce au partenariat qui a été conclu avec l’entreprise italienne Eni.