PARIS: "Ils n'ont pas l'air d'être maltraités ces poneys, pourquoi les interdire ?": dans une allée arborée du Parc Monceau à Paris, où sa fille de deux ans attend une monture, Priscilla Boussa s'étonne d'apprendre qu'une association réclame la fin de "l'exploitation" des poneys dans les parcs parisiens.
Comme cette trentenaire, ils sont plusieurs dizaines de parents et de grands-parents à offrir aux enfants un tour d'une quinzaine de minutes à dos de poney au Parc Monceau ou au Jardin du Luxembourg, contre une dizaine d'euros. Un rituel accessible chaque mercredi et tous les week-ends.
Mais depuis des mois, Paris Animaux Zoopolis (PAZ) proteste contre ces balades en place depuis 1992, "au nom d'une défense des intérêts des animaux" et pour en finir "avec l'idée que les animaux sont des jouets".
"On souhaite que la mairie de Paris interdise ces balades d'un autre temps", précise Amandine Sanvisens, cofondatrice de l'association née en 2017. "Les poneys n'ont pas systématiquement accès à du foin et à de l'eau, ils ne bénéficient pas de temps de pause suffisants et supportent des temps de transports beaucoup trop longs".
La question s'est invitée jusqu'au Conseil de Paris cette semaine, poussant Christophe Najdovski, adjoint en charge de la condition animale, à donner rendez-vous au printemps 2023 "pour débattre des activités des poneys à Paris", concédant qu'il "y a encore matière à amélioration".
«Tradition parisienne»
"Ma petite-fille Luise ne jure que par les poneys, on vient toutes les semaines. Qu'on laisse ces pauvres bêtes se promener", tranche la Parisienne Lina Bodart, ajustant le casque de sécurité de la fillette avant une balade. Dominique Reveryon, retraitée accompagnant sa petite-fille de quatre ans, assure de son côté "être très vigilante au bien-être des animaux", tout en souhaitant qu'on puisse "conserver cette tradition parisienne".
A Paris, depuis près de 30 ans, le principal acteur du marché est Animaponey, fort de ses 80 bêtes qui vivent le reste de la semaine en liberté dans la vallée de Chevreuse.
"La raison d'un poney, une fois élevé et dressé, c'est d'avoir un usage au service de l'enfance. On sait très bien que ce n'est pas un jouet", dit Stéphane Michaud, responsable de Animaponey en réponse à PAZ. "Cette association nous harcèle, voulant priver ces gamins, citadins, d'une expérience unique avec les animaux".
"PAZ est la seule association critique et active" à faire de telles demandes, assure M. Michaud, "loin des vraies associations de protection animale respectables et historiques, comme la SPA ou la Fondation Brigitte Bardot".
Du foin et de l'eau
Jeudi, la Ville de Paris a rappelé qu'elle est "l'une des premières villes à avoir adopté une charte du bien-être animal" en 2021. Ce texte, censé améliorer l'encadrement de l'activité, a notamment réduit à deux heures le temps de transport autorisé, raccourci le temps sur site et réglementé la longueur des longes.
"Si la filière ne s'adapte pas, nous en tirerons les conséquences", a assuré l'adjoint en charge de la condition animale à Paris, dont les services ont effectué "24 contrôles dans ses parcs et jardins avant et durant l'été dernier, notamment pour s'assurer que du foin et de l’eau sont à la disposition des animaux".
Ces mesures ne convainquent pas PAZ - également engagée pour la défense des lapins, rats et pigeons à Paris - pour qui "les problèmes persistent". Selon l'association, la mairie "donne l'illusion qu'elle se préoccupe de la condition animale avec quelques changements de façade".
"Paniqué par la situation", M. Michaud juge la situation intenable. "PAZ a mis le doute dans la tête des gens, sans jamais discuter avec nous. On connaît notre métier, nos poneys sont chouchoutés", se défend-il auprès de l'AFP. "On a accepté cette charte pour survivre, mais les conditions - notamment autour des durées de transports - sont intenables".
L'exploitant assure n'être pas loin de jeter l'éponge. "Avec les charges qui explosent et la clientèle qui diminue, sans de nouvelles discussions avec la mairie, l'interprofession et les exploitants, j'arrêterai mon activité à la fin de l'année".