WASHINGTON : Confiants dans leurs chances de sortir victorieux des législatives de novembre aux Etats-Unis, les républicains font figurer au menu de leurs priorités au futur Congrès un plat qui se mange froid: la vengeance.
Ces dernières années, le parti de Donald Trump a assisté, globalement impuissant, à une succession d'enquêtes judiciaires et parlementaires visant l'ancien président.
Ces enquêtes, souvent très médiatisées, ont eu un effet plombant pour la droite américaine. Elles ont en effet offert aux élus démocrates de multiples occasions de porter le fer contre leurs rivaux, et de tourner longuement le couteau dans leurs plaies, sur des sujets que beaucoup de républicains auraient voulu oublier, comme le pseudo-trucage de la présidentielle de 2020 ou l'assaut du Capitole.
Mais si, comme le prédisent les sondages, le Grand Old Party vient à reprendre le contrôle de la Chambre des représentants, on assistera à un échange des rôles. Les républicains auront notamment l'opportunité d'engager des poursuites.
- «Impeachment» -
Leur principale cible pourrait être le président Joe Biden lui-même, ainsi que l'a confirmé l'élue républicaine Nancy Mace, qui a évoqué le lancement l'an prochain d'une procédure de mise en accusation («impeachment») par les parlementaires, une humiliation infligée deux fois à M. Trump.
«Je pense que les républicains sont sous pression pour aller dans ce sens et parvenir à un vote (de destitution)», a déclaré Mme Mace en septembre à NBC.
Mais le «maillon faible» destiné à s'inscrire dans le collimateur des élus conservateurs sera plus vraisemblablement le fils du président, Hunter Biden, qui fait déjà l'objet d'investigations de la part du FBI pour ses affaires.
Le 8 novembre, il suffira au parti républicain de remporter six sièges supplémentaires pour être majoritaire à la Chambre des représentants et donc pouvoir soumettre l'exécutif à un feu roulant d'enquêtes.
- 500 requêtes -
Les dirigeants du parti se sont pour l'instant gardé de dire publiquement que telle était leur intention.
Mais ils ont promis de «mener une supervision rigoureuse afin d'endiguer la corruption et les abus de pouvoir du gouvernement», selon un document diffusé dans les dernières semaines de la campagne.
Plus de 500 requêtes de transmission d'informations et de documents ont déjà été préparées par les élus républicains.
Les règles du Congrès offrent à ses membres un vaste pouvoir d'enquête, notamment la faculté d'émettre des citations à comparaître de façon obligatoire ou des injonctions à fournir des pièces possiblement utiles aux investigations.
Parmi les hauts responsables de l'administration Biden susceptibles de se retrouver sur la sellette figurent ceux qui furent à la manœuvre lors du retrait américain chaotique d'Afghanistan, ou ceux chargés de la politique migratoire à la frontière avec le Mexique, devenue une passoire selon les critiques de M. Biden.
Le ministre de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, pourrait en faire les frais et être la cible d'une procédure de mise en accusation.
Des républicains ont fermement l'intention d'inculper également Anthony Fauci, le conseiller sanitaire de la Maison Blanche devenu leur bête noire pour avoir inlassablement encouragé le port du masque anti-Covid ou les campagnes de vaccination.
- L'enquête russe -
Les républicains entendent bien prendre une autre revanche après la fameuse perquisition, validée par les autorités fédérales, de la résidence personnelle de Donald Trump en août en Floride, qui a permis au FBI de saisir des documents classés secret défense.
Le ministre américain de la Justice, Merrick Garland, peut s'attendre à être cuisiné sur ces faits considérés par les pro-Trump comme une violation inédite des prérogatives d'un ex-président.
«(M.) Garland, conservez bien vos documents et prévoyez du temps libre» pour être interrogé, a tweeté Kevin McCarthy, qui espère devenir le prochain président de la Chambre des représentants à l'issue des élections. L'élu a accusé les démocrates d'avoir transformé les services judiciaires en «arme politique».
Selon des médias, les républicains comptent enfin rendre la pareille pour deux enquêtes au long cours qui, durant des mois, les ont placés sous un jour défavorable: d'abord celle menée de 2017 à 2019 par l'ex-procureur spécial Robert Mueller sur l'interférence de la Russie dans la première campagne présidentielle de Donald Trump, ensuite celle sur l'assaut du Capitole dont les conclusions sont attendues avant la fin de l'année.