Culture, éducation, rues: à Kiev, la dérussification a la cote

L'éducation a fait aussi sa part de ménage. Les cours de langue russe, le plus souvent facultatifs, ont été supprimés du cursus scolaire, tout comme l'étude de la plupart des œuvres d'écrivains russes. (AFP)
L'éducation a fait aussi sa part de ménage. Les cours de langue russe, le plus souvent facultatifs, ont été supprimés du cursus scolaire, tout comme l'étude de la plupart des œuvres d'écrivains russes. (AFP)
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Publié le Vendredi 14 octobre 2022

Culture, éducation, rues: à Kiev, la dérussification a la cote

  • Ioulia Sydorenko est venue se séparer sans regret de tous ses ouvrages en langue russe, dont certains lui étaient pourtant chers
  • L'ex-rue de Moscou met désormais à l'honneur les Princes Ostrozky, une dynastie d'hommes politiques ukrainiens du XVIe siècle

KIEV: Dans la librairie Siaïvo à Kiev, les livres d'occasion en russe s'empilent. On les apporte là par valises ou cartons pour les recycler, nouveau signe de la dérussification en cours en Ukraine, sept mois après le début de l'invasion russe.

Ioulia Sydorenko est venue se séparer sans regret de tous ses ouvrages en langue russe, dont certains lui étaient pourtant chers. "Je les ai eus pour mes 20 ans, il y a les dédicaces de mes amies. Je les ai pris en photo", dit-elle à l'AFP.

La jeune femme de 33 ans montre un recueil de contes de fée de son enfance: "Je suis persuadée que mes enfants ne vont jamais lire les contes russes. Depuis le 24 février, les livres russes n'ont plus de place dans ma maison".

L'argent récolté en recyclant les ouvrages ira à l'armée ukrainienne pour l'achat d'une voiture. Une idée inspirée par les clients de la librairie, qui se demandaient où déposer cette partie de leurs bibliothèques devenue gênante.

"En deux mois, nous avons collecté 25 tonnes de livres dont le recyclage nous a rapporté 100 000 hryvnias (2 700 euros)", explique la libraire, Iryna Sazonova.

Depuis l'annexion de la Crimée et la guerre du Donbass en 2014, l'Ukraine procède au démantèlement de monuments de l'époque soviétique et au changement de noms de lieux. Mais le russe restait omniprésente, notamment à Kiev.

Depuis le 24 février, cette présence du russe dans l'espace privé et public se trouve remise en question.

Haro sur le musée Boulgakov 

Ainsi en est-il du musée Mikhaïl Boulgakov, dans le centre de Kiev, où l'écrivain russe a vécu pendant 13 ans.

L'union des écrivains d'Ukraine a carrément proposé de le fermer. Boulgakov est accusé par les Ukrainiens d'être impérialiste et ukrainophobe, notamment dans son roman "La Garde blanche" qui se trouve au cœur de l'exposition du musée.

"Les couleurs de la guerre sont noir et blanc", relativise la directrice de l'établissement, Lioudmyla Goubianouri. "Dans l'art, les nuances sont essentielles. Elles sont nombreuses chez Boulgakov, mais les gens ont tendance à les ignorer", regrette-t-elle.

Néanmoins, Mme Goubianouri estime qu'il faudra transformer le musée pour répondre aux défis de l'époque. Son équipe "travaille sur la nouvelle conception qui sera établie en dialogue avec le public", assure-t-elle.

A l'Université Chevtchenko, la direction a aussi déboulonné en août dernier la plaque commémorant Mikhaïl Boulgakov, qui y avait fait ses études.

Oleksandr Bondarenko, le responsable d'un département où l'on enseigne notamment le russe, estime que la plaque pouvait heurter la sensibilité des passants qui ont perdu leurs proches à la guerre.

Devant le musée, les avis des passants sont partagés.

Pour Anton Glazkov, enseignant de 27 ans, la fermeture serait une mauvaise nouvelle "puisque la guerre et les œuvres d'art ne sont pas toujours liées".

En revanche, Dmytro Tcheliouk, 45 ans, qui tient une boutique de vêtements située juste en face, juge que "l'heure à sonné pour nous de se dérussifier et d'enlever l'empire russe de nos rues".

La rue de Moscou déboulonnée 

Justement, Oleg Slabospitsky, 33 ans, membre d'associations de jeunesse ukrainienne, profite de sa pause déjeuner pour sortir un escabeau et mettre un gilet signalétique. Ce midi, avec un autre militant, ils vont déboulonner trois plaques de la rue de Moscou.

Avec des amis, Oleg s'organise pour le faire chaque semaine, depuis la révolution pro-européenne de Maïdan en 2014. "Ce sont les habitants eux-mêmes qui devraient être à l'origine de telles initiatives", plaide-t-il.

Et le travail ne manque pas. La mairie de Kiev a récemment voté pour renommer 142 rues dont les noms renvoient à la Russie. Et 345 autres sont en attente du même sort.

L'ex-rue de Moscou met désormais à l'honneur les Princes Ostrozky, une dynastie d'hommes politiques ukrainiens du XVIe siècle.

L'éducation a fait aussi sa part de ménage. Les cours de langue russe, le plus souvent facultatifs, ont été supprimés du cursus scolaire, tout comme l'étude de la plupart des œuvres d'écrivains russes.

A l'Université Chevtchenko, dans le département dirigé par M. Bondarenko, les cours sur la guerre de l'information sont désormais au cœur du programme.

"Dans une guerre hybride comme celle-là, il faut apprendre la langue de l'ennemi pour bien le connaître. Les traducteurs assermentés seront très sollicités aux procès sur les crimes de guerre", explique le responsable.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.