L'auteur d'une tuerie dans un lycée de Floride condamné à la perpétuité

Certains membres de la famille des victimes ont secoué la tête dans la salle d'audience de Fort Lauderdale alors que le jury rejetait la demande de l'accusation de la peine de mort pour Nikolas Cruz (Photo, Reuters).
Certains membres de la famille des victimes ont secoué la tête dans la salle d'audience de Fort Lauderdale alors que le jury rejetait la demande de l'accusation de la peine de mort pour Nikolas Cruz (Photo, Reuters).
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Publié le Vendredi 14 octobre 2022

L'auteur d'une tuerie dans un lycée de Floride condamné à la perpétuité

  • Les jurés ont retenu plusieurs circonstances aggravantes, notamment sur le caractère «haineux, atroce et cruel» des 17 meurtres
  • Nikolas Cruz, 24 ans, n'a pas manifesté de réaction à la lecture du verdict par la juge Elizabeth Scherer

FORT LAUDERDALE: L'auteur d'un massacre dans un lycée de Floride en 2018 finira ses jours en prison mais a échappé jeudi à la peine de mort, un jury ayant écarté cette sentence pourtant requise avec force par l'accusation pendant trois mois d'un procès éprouvant.

Après seulement sept heures de délibérations, les jurés ont retenu plusieurs circonstances aggravantes, notamment sur le caractère "haineux, atroce et cruel" des 17 meurtres commis au fusil semi-automatique par Nikolas Cruz dans son ancien lycée de Parkland, au nord de Miami.

Mais au moins un juré a estimé qu'elles ne suffisaient pas à contrebalancer les circonstances atténuantes soulevées par la défense pendant le procès, notamment sur l'enfance difficile et les troubles mentaux du tueur.

Il aurait fallu l'unanimité sur ce point pour que la peine capitale soit retenue.

Le visage barré par d'imposantes lunettes, Nikolas Cruz, 24 ans, n'a pas manifesté de réaction à la lecture du verdict par la juge Elizabeth Scherer dans un tribunal de Fort Lauderdale.

Les proches des victimes ont accueilli la nouvelle avec des visages graves, certains en pleurant. Ils pourront s'exprimer lors d'une audience le 1er novembre, au cours de laquelle la magistrate devrait entériner formellement la peine incompressible de réclusion à perpétuité.

En attendant, plusieurs se sont dits "dévastés" par le verdict et ont laissé éclater leur douleur et leur colère lors d'un point presse.

"Le tueur ne méritait pas de compassion", a notamment commenté Tony Montalto, dont la fille Gina a été tuée par Nikolas Cruz. "A-t-il fait preuve de compassion quand il lui a tiré dans la poitrine ?", s'est-il étranglé.

De même, Fred Guttenberg, qui a perdu sa fille Jaime, s'est dit "sous le choc": "il y a 17 victimes qui n'ont pas obtenu justice aujourd'hui, les jurés ont laissé tomber 17 familles."

Tous les deux ont toutefois promis de continuer leur combat pour un meilleur encadrement des armes à feu aux Etats-Unis.

Anne Ramsay, dont la fille Helena fait partie des victimes, a appelé le Congrès à interdire les fusils d'assaut. "il n'y a aucune raison d'avoir des armes de guerre dans les rues", a-t-elle lancé. "Il y a quelque chose qui ne va pas dans ce pays..."

«Fenêtre sur son âme»

Le 14 février 2018, Nikolas Cruz, alors âgé de 17 ans, avait semé l'effroi en ouvrant le feu dans le lycée Marjory Stoneman Douglas, dont il avait été exclu un an plus tôt. En moins de dix minutes, il avait abattu 14 élèves et trois adultes, et blessé 17 autres personnes.

En octobre 2021, il a plaidé coupable de meurtres et tentatives de meurtre. Son procès visait donc uniquement à déterminer la sentence appropriée.

Pendant trois mois d'audiences déchirantes, l'accusation a replongé les jurés dans l'horreur, en diffusant de nombreuses vidéos et en les emmenant sur les lieux du drame.

Elle a aussi insisté sur le caractère prémédité du bain de sang, en s'appuyant sur une vidéo enregistrée par Nikolas Cruz avant le passage à l'acte. "Que commence aujourd'hui mon massacre. Que tous les enfants effrayés courent se cacher", disait-il.

Cette vidéo était une "fenêtre sur son âme", il avait "planifié un massacre systématique", a lancé le procureur Michael Satz mardi, en requérant la peine de mort.

Il est né avec un syndrome d'alcoolisation foetale, d'une mère sans-abri alcoolique et toxicomane, et a ensuite grandi dans un foyer violent avec une mère adoptive dépressive, avait pour sa part souligné son avocate, en demandant aux jurés de ne pas céder à la soif de "vengeance".

L'attaque de Parkland avait vivement choqué l'opinion publique américaine et déclenché un mouvement national de protestation contre les armes d'une ampleur historique.

Malgré ses antécédents psychiatriques et des signalements sur sa dangerosité, Nikolas Cruz avait en effet pu acheter légalement un fusil AR-15, une version civile des fusils d'assaut.

Le 24 mars 2018, des marches organisées à l'appel de jeunes rescapés et de parents des victimes avaient rassemblé 1,5 million de personnes pour réclamer une régulation plus stricte des armes à feu aux Etats-Unis - sans réel succès.

Le pays continue d'être le théâtre de fusillades sanglantes. Dix-neuf enfants et deux enseignantes ont encore été tués en mai dans une école primaire d'Uvalde, au Texas.


Trump fait vaciller le lien transatlantique

Trump fait vaciller le lien transatlantique
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  • le rapprochement opéré par le président américain avec la Russie de Vladimir Poutine, au détriment de l'Ukraine, porte un coup sérieux à ce lien et place les Européens devant leurs responsabilités.
  • Le président américain, qui déclare vouloir mettre rapidement fin au conflit ukrainien, a provoqué un séisme politique en renouant le contact avec le président russeSSIE,

WASHINGTON : En l'espace de quelques jours, Donald Trump a ébranlé le lien transatlantique.S'il est trop tôt pour parler de la fin de ce lien historique, qu'il aura fallu 80 ans pour consolider, le rapprochement opéré par le président américain avec la Russie de Vladimir Poutine, au détriment de l'Ukraine, porte un coup sérieux à ce lien et place les Européens devant leurs responsabilités.

Témoignant d'un sentiment d'urgence, le président français Emmanuel Macron, qui a multiplié les appels à son homologue américain, se rend lundi à Washington pour s'en expliquer avec Donald Trump.

Il sera suivi de peu par le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui sera reçu à la Maison Blanche jeudi.

« Je vais lui dire : “Au fond, tu ne peux pas être faible face au président Poutine” », a expliqué le président français jeudi.

« Je vais lui dire : “Si tu laisses l'Ukraine aux mains de Poutine, la Russie sera inarrêtable pour les Européens, pour tous”.  Il a également mis en garde contre une « faute stratégique énorme ».

Le président américain, qui déclare vouloir mettre rapidement fin au conflit ukrainien, a provoqué un séisme politique en renouant le contact avec le président russe, persona non grata auprès des Européens et de l'administration précédente américaine.

Cette initiative a été suivie mardi dernier à Ryad, en Arabie saoudite, par une réunion sans précédent depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022 entre hauts responsables américains et russes, au cours de laquelle ils se sont engagés à nommer des équipes de négociation. Ni Kiev ni les Européens n'ont été invités à la table des négociations.

Parallèlement, Donald Trump monte la pression sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky en le qualifiant de « dictateur » et en disant qu'il n'avait « aucune carte en main ».

Il ne cache pas sa colère envers le dirigeant ukrainien, qui a refusé de conclure un accord sur l'exploitation des minerais dans son pays.

- « Un moment dangereux » -

« Je pense que nous vivons actuellement un moment assez difficile et très dangereux où les deux côtés de la communauté transatlantique, pour ainsi dire, s'éloignent de plus en plus l'un de l'autre », a-t-il déclaré à l'AFP, en marge d'une conférence de conservateurs américains près de Washington.

Pour Nigel Gould-Davies, de l'Institut international des études stratégiques (IISS) à Londres, « il s'agit d'une crise transatlantique sans précédent ».

« Pendant la guerre froide, on craignait que l'Amérique ne se découple de l'alliance, n'abandonne l'Europe et ne retombe dans l'isolement. Ce qui commence maintenant est pire : en négociant avec la Russie par-dessus les Européens et en intervenant dans la politique européenne, les États-Unis ne se contentent pas de se découpler de l'Europe, mais décident pour elle et la perturbent », écrit-il.

Pour Donald Trump, l'Europe a mangé son pain blanc.

Le président américain accuse les Européens de ne pas partager le fardeau et de pratiquer une concurrence déloyale en matière commerciale.

Il exhorte les pays européens à prendre davantage de responsabilités en matière de défense, soulevant même des doutes quant à la volonté des États-Unis d'apporter leur aide à leurs alliés de l'OTAN en Europe en cas de besoin.

Donald Trump avait déjà fortement secoué les Européens lors de son premier mandat, de 2017 à 2021.

Son successeur, le président démocrate Joe Biden, a donc pu se vanter d'avoir « restauré » les alliances de l'Amérique, y compris au sein de l'OTAN.

Selon Jeremy Shapiro, du European Council on Foreign Relations à Bruxelles, il ne s'agit pas d'un complot contre l'Europe, mais d'une nouvelle démonstration de l'insignifiance croissante de l'Europe sur le plan géopolitique.

- « Tête froide » -

Les Européens entendront-ils ce message ?

L'Europe « doit en faire beaucoup plus, non seulement pour assurer notre propre défense, mais aussi pour soutenir l'Ukraine, car nous traversons une période extrêmement critique de l'histoire mondiale », a concédé le chef de la diplomatie danoise, Lars Løkke Rasmussen, dans un entretien à l'AFP mercredi.

De son côté, la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, a appelé jeudi la population du Vieux Continent à « garder la tête froide ».

Reste que selon Max Bergmann, du Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington, « la situation sécuritaire est très précaire en ce moment ; pour les Européens, c'est le feu aux poudres ; c'est un peu la panique ».

« Mais je pense que ce que l'on demande à l'Europe maintenant, ce n'est pas seulement qu'elle en fasse un peu plus, mais qu'elle prenne effectivement des mesures qui la feraient émerger, franchement, comme une superpuissance », a-t-il déclaré à l'AFP. 


Cinq candidats retenus pour la présidence de la Banque africaine de développement

Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), s'exprime lors de la célébration du 60e anniversaire de l'institution à l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan, le 10 septembre 2024. (AFP)
Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), s'exprime lors de la célébration du 60e anniversaire de l'institution à l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan, le 10 septembre 2024. (AFP)
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  • Cinq candidats ont été officiellement retenus pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), lors de l'élection prévue le 29 mai
  • La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains

Abidjan, Côte d'Ivoire: Cinq candidats ont été officiellement retenus pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), lors de l'élection prévue le 29 mai, a annoncé vendredi l'institution basée à Abidjan.

Deux candidats viennent d'Afrique de l'ouest: les anciens ministres de l'Economie du Sénégal (2019-2022), Amadou Hott et de Mauritanie (2008-2015) Sidi Ould Tah.

Deux autres sont originaires d'Afrique australe: l'économiste zambien Samuel Munzele Maimbo et la Sud-Africaine Bajabulile Swazi Tshabalala qui a été vice-présidente de l'institution.

Le dernier candidat est l'ancien gouverneur de la Banque des Etats d'Afrique centrale (2017-2024), le Tchadien Abbas Mahamat Tolli.

La BAD, fondée en 1964, compte 81 pays membres, dont 54 pays africains.

Elle fait partie des grandes banques multilatérales de développement et ses ressources proviennent notamment des souscriptions des pays membres, des emprunts effectués sur les marchés internationaux, et des remboursements et revenus des prêts.

Elle aide les pays africains en favorisant l'investissement dans des projets dans divers secteurs comme l'agro-industrie, le transport ou encore l'énergie ou la santé.

M. Adesina passe la main à la tête de l'institution après deux mandats de cinq ans pendant lesquels le capital souscrit de la BAD a plus que doublé, à près de 200 milliards de dollars.

Il avait été réélu en 2020, unique candidat, malgré des accusations de mauvaise gestion et de favoritisme. Il avait été disculpé peu avant par un comité d'experts.

Le président de la BAD est élu par le conseil des gouverneurs constitué des représentants des 81 pays membres, qui sont habituellement les ministres des Finances et du Plan ou des gouverneurs de banques centrales.

L'élection doit se tenir le 29 mai à Abidjan, siège de l'institution.


L'UE conditionne son aide au Liban à une réforme bancaire et un accord avec le FMI 

La Banque centrale du Liban. (AFP)
La Banque centrale du Liban. (AFP)
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  • Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués"
  • "La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun

BEYROUTH: Une responsable de l'Union européenne (UE) en visite au Liban a déclaré vendredi que le versement d'un demi-milliard d'euros de financement était conditionné à une restructuration du secteur bancaire et à la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).

En mai dernier, l'UE avait annoncé une aide d'un milliard d'euros pour le Liban afin d'endiguer l'immigration clandestine vers l'Europe. Cette aide vise à renforcer les services de base, notamment l'éducation et la santé, alors que le pays traverse une grave crise économique.

Vendredi, la commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Suica, a précisé que, sur les fonds alloués, "500 millions avaient déjà été adoptés en août dernier, et 500 millions supplémentaires seront bientôt débloqués, mais certaines conditions doivent être remplies".

"La principale condition préalable est la restructuration du secteur bancaire (...) ainsi qu'un bon accord avec le FMI", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président Joseph Aoun.

"Une fois ces conditions remplies, nous poursuivrons bien sûr le versement" des fonds, a-t-elle ajouté.

La communauté internationale réclame depuis longtemps que le Liban mette en oeuvre des réformes pour débloquer des milliards de dollars d'aide et relancer son économie, après la crise financière de 2019, imputée à la gabegie et la corruption.

Le mois dernier, le Liban a élu un nouveau président après plus de deux ans de vacance du pouvoir, et un gouvernement a été formé ce mois-ci, remplaçant l'administration intérimaire.

Cette semaine, le FMI a déclaré être ouvert à un nouvel accord de prêt avec le Liban après des discussions avec son nouveau ministre des Finances.

Mme Suica a également dit avoir discuté avec Joseph Aoun d'un "nouveau pacte pour la Méditerranée", ce qui signifie, selon elle, que "nous allons entamer des accords globaux de partenariat stratégique bilatéraux avec des pays, dont le Liban".

L'UE cherche à stabiliser le pourtour méditerranéen afin d'éviter d'importants flux migratoires vers l'Europe. Le Liban affirme accueillir environ deux millions de Syriens, soit le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, et constitue également un point de départ pour les migrants en route vers l'Europe.