«Hand-in-Hand»: L'étincelle d'espoir lancée par la FAO pour lutter contre famine et pauvreté

Ismahane Elouafi, scientifique en chef au sein de la FAO ( Photo, fournie)
Ismahane Elouafi, scientifique en chef au sein de la FAO ( Photo, fournie)
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Publié le Jeudi 13 octobre 2022

«Hand-in-Hand»: L'étincelle d'espoir lancée par la FAO pour lutter contre famine et pauvreté

  • La FAO a lancé en 2019 une initiative ambitieuse pour accélérer les transformations des systèmes agroalimentaires
  • Interrogée par Arab News en français, la scientifique en chef au sein de la FAO, Ismahane Elouafi, prévient que «l'inaccessibilité absolue de la nourriture à toute une population ou à un sous-groupe de population peut entraîner la mort à court terme»

ROME: «Les pays africains n’ont pas à manger. Nous témoignons aujourd’hui d’une famine mortelle», a prévenu d’emblée un haut responsable au sein de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) lors d’une conférence organisée mercredi par la FAO à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation célébrée chaque année le 16 octobre.

Cela semble invraisemblable, mais en 2022, la sécurité alimentaire est de plus en plus une crise à traiter en urgence. Le monde ferme pourtant les yeux. 

L'injustice est au cœur du problème. La famine, la malnutrition et la pauvreté sont des injustices «humaines», des crimes commis contre l’humanité. 

La FAO a lancé en 2019 une initiative ambitieuse menée à l’échelle internationale pour accélérer les transformations des systèmes agroalimentaires, dans le but de lutter contre la pauvreté, la famine et la malnutrition, et surtout, de réduire les inégalités. 

Cette initiative se sert d’une modélisation et d’analyses géospatiales avancées, et elle repose sur une approche solide de création de partenariats pour accélérer la transformation des systèmes agroalimentaires basée sur le marché – afin d’augmenter les revenus, améliorer l'état nutritionnel et le bien-être des populations les plus pauvres, et renforcer la résilience face à l’urgence climatique.

«Cette initiative propose avant tout le développement de la production locale et l’amélioration du niveau de vie de la population, à travers par exemple le développement de l’agriculture locale qui améliorera à son tour l’économie du pays en besoin», a ainsi expliqué le haut responsable mercredi.

La FAO sonne l’alarme

Interrogée par Arab News en français, la scientifique en chef au sein de la FAO, Ismahane Elouafi, prévient que «l'inaccessibilité absolue de la nourriture à toute une population ou à un sous-groupe de population peut entraîner la mort à court terme». 

Ismahane Elouafi précise également que les niveaux de famine (en 2021, plus de cinq cent mille personnes dans le monde souffraient de la faim et de malnutrition, notamment en Éthiopie et au Soudan du Sud, des chiffres plus modestes par rapport au Yémen et à Madagascar) s'aggravent d'année en année, posant des difficultés aux organisations qui se retrouvent confrontées à des prix et des coûts d'approvisionnement plus élevés, affectant leur capacité à nourrir autant de personnes que nécessaire.

«Même les personnes qui ne sont pas encore dans des niveaux d'insécurité alimentaire critiques sont susceptibles d'être touchées, car leur pouvoir d'achat est amené à diminuer; elles devront alors se tourner vers des aliments moins nutritifs ou sauter des repas afin de réduire les dépenses au profit de la santé et de l'éducation. Ces stratégies d'adaptation négatives affectent leur santé et leur bien-être, avec l'augmentation de la prévalence de la sous-alimentation, ainsi que l'émaciation et le retard de croissance des enfants», affirme-t-elle à Arab News en français.

Famine moderne

Sur la question de l’impact de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire, Mme Elouafi souligne que l’aggravation du conflit impliquant des acteurs aussi importants du marché mondial des produits agricoles (tels que la Russie, qui est le plus gros exportateur de blé au monde en 2021/2022, et l’Ukraine, qui est un important exportateur de graines selon des statistiques officielles) à un moment où les prix internationaux des denrées alimentaires sont déjà élevés et instables, a suscité de vives inquiétudes quant à l'impact négatif potentiel du conflit sur la sécurité alimentaire, tant à l’échelle nationale qu'internationale. 

Une deuxième catastrophe humanitaire a ainsi éclaté en février à la suite de la guerre en Ukraine, qui a interrompu le flux de céréales de l'Europe vers l'Afrique. La moitié du blé consommé par quatorze pays africains provenait de Russie et d'Ukraine. À la suite de l'annulation de ces exportations, le prix du blé de remplacement a atteint son plus haut niveau en quarante ans. 

En mai, les prix ont finalement commencé à baisser, mais entre-temps, sont apparus les signes d'une nouvelle famine. Les dirigeants mondiaux ont sonné l'alarme et exigé des mesures de secours rapides.

Selon la FAO, l'épidémie de Covid-19, les conflits, le changement climatique, les inégalités, la hausse des prix alimentaires et les tensions géopolitiques ne sont que quelques-uns des nombreux obstacles qui empêchent les gens d'accéder à des repas nutritifs. Ces défis mondiaux ont un effet en cascade sur les populations du monde entier. 

«Bien qu'il n'y ait pas d'insécurité alimentaire généralisée dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena), plusieurs pays s'inquiètent des effets de la hausse des prix et de leur capacité à assurer suffisamment d'importations», affirme Ismahane Elouafi à Arab News en français. «Les subventions sont courantes dans de nombreux pays pour protéger les consommateurs; dans ces situations, le gouvernement se doit d’assumer les coûts», ajoute-t-elle.

16 octobre 1945

Chaque année, le 16 octobre, date anniversaire de la fondation de la FAO en 1945, la Journée mondiale de l'alimentation est célébrée. 

Le secrétaire général de l'Organisation des nations unies (ONU), Antonio Guterres, et ses équipes travaillent activement pour prolonger l'accord sur l'exportation de céréales d'Ukraine, qui a permis une baisse des prix alimentaires mondiaux, a indiqué son porte-parole vendredi dernier.

De multiples défis menacent les populations pauvres, particulièrement en Afrique, au Sahel et dans la région Mena, tels que le manque d'accès et de disponibilité de repas sains. Et cette situation est aggravée par la pandémie de Covid-19, les guerres, le changement climatique, les inégalités, la hausse des prix des denrées alimentaires et les tensions internationales.

Dans un communiqué publié en janvier dernier, l’ONU regrette que près d'un million de personnes dans le monde, notamment en Somalie, en Afghanistan et au Yémen, soient menacées par une «famine catastrophique» et risquent la mort dans les mois à venir en l'absence d'aide humanitaire, un chiffre record dû notamment à la sécheresse dévastatrice dans la Corne de l'Afrique.

 


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.