Malgré la répression, la contestation persiste en Iran

Des personnes se rassemblant à côté d'une moto en feu dans la capitale Téhéran le 8 octobre 2022 (Photo, AFP).
Des personnes se rassemblant à côté d'une moto en feu dans la capitale Téhéran le 8 octobre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 11 octobre 2022

Malgré la répression, la contestation persiste en Iran

  • L'IHR a fait état d'au moins 95 morts dans la répression des manifestants depuis le 16 septembre
  • Face à la poursuite de la répression, le Royaume-Uni a annoncé lundi des sanctions contre la police des mœurs iranienne et des responsables politiques et sécuritaires du régime

PARIS: Sit-in d'étudiants, grève d'ouvriers... Le mouvement de contestation s'est poursuivi lundi dans plusieurs régions d'Iran en dépit de la répression meurtrière des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini il y a près de quatre semaines.

Après les Etats-Unis et le Canada, le Royaume-Uni a annoncé lundi des sanctions contre des responsables iraniens et la police des moeurs, accusée d'être responsable de la mort de la jeune Kurde iranienne de 22 ans.

Selon des images partagées lundi par l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, des sit-in ont été organisés par des étudiants de l'université de Gilan, dans le nord du pays, et dans l'école pour filles de Mahabad, toujours dans le nord, où des écolières ont ôté leur voile en signe de protestation.

A Téhéran, une large foule était rassemblée lundi devant l'Université polytechnique pour dénoncer la "pauvreté et la corruption" en Iran, criant "mort à la dictature".

L'Iran est secoué par des protestations depuis le décès le 16 septembre de Mahsa Amini, morte trois jours après son arrestation par la police des moeurs à Téhéran pour avoir, selon celle-ci, enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, prévoyant notamment le port du voile.

L'IHR a fait état d'au moins 95 morts dans la répression des manifestants depuis le 16 septembre. Selon un dernier bilan iranien, des dizaines de personnes ont péri ainsi que 18 membres des forces de sécurité.

Dimanche, des étudiants de l'université Azad de Téhéran ont brandi leurs mains couvertes de peinture rouge pour dénoncer la répression dans le sang des manifestations, d'après une vidéo publiée sur Twitter et vérifiée par l'AFP.

Selon le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI) basé à New York, des rassemblements ont eu lieu dans d'autres universités comme celle d'Amirkabir à Téhéran.

 Grèves 

Le mouvement de contestation a rallié lundi des travailleurs du secteur industriel. Des vidéos partagées par des médias en persan basés à l'extérieur d'Iran montrent des ouvriers brûlant des pneus devant l'usine pétrochimique d'Asalouyeh, dans le sud-est du pays.

Selon l'IHR, d'autres grèves ont été observées dans des usines à Abadan (ouest) et à Kengan (sud).

Les autorités dénoncent comme des "émeutes" les manifestations et accusent des pays étrangers de les attiser, notamment les Etats-Unis, ennemi juré du régime iranien.

Lundi, le porte-parole des Affaires étrangères iranien, Nasser Kanani, a affirmé que le gouvernement "se devait de protéger la sécurité de la nation et des citoyens, et ne peut rester les bras croisés face au chaos et au désordre".

A Sanandaj, la capitale provinciale du Kurdistan (nord-ouest), la région d'où était originaire Masha Amini, les forces de sécurité ont utilisé dimanche soir des "armes lourdes", a accusé l'ONG de défense des droits humains Hengaw.

Elles ont "pilonné" des quartiers résidentiels et utilisé des "mitrailleuses" dans cette ville, théâtre de manifestations parmi les plus importantes, a ajouté l'ONG, citant des informations qui n'ont pas pu être vérifiées de façon indépendante dans l'immédiat.

 Nouvelles sanctions 

Les rassemblements en solidarité avec la contestation se sont également poursuivis à l'étranger, comme dimanche à Paris.

D'après des ONG, des journalistes, des militants et des artistes ont été arrêtés par les autorités iraniennes depuis le début du mouvement.

D'autres personnalités ont vu leur passeport brièvement confisqué, à l'instar de la légende du football iranien Ali Daei, second meilleur buteur de l'histoire des sélections.

Le 27 septembre, Ali Daei a enjoint aux autorités de "régler les problèmes du peuple iranien plutôt que de recourir à la répression, à la violence et aux arrestations".

Les passeports du chanteur Homayoun Shajarian et de son épouse, de l'actrice Sahar Dolatshahi et du cinéaste Mehran Modiri ont également été saisis, selon l'agence de presse iranienne Ilna.

Vendredi, les autorités iraniennes ont affirmé que Mahsa Amini était décédée des suites d'une maladie et non de "coups", d'après un rapport médical.

Le père de la jeune femme, Amjad Amini, a rejeté ce rapport en affirmant que sa fille était en bonne santé avant son arrestation. Des militants et des ONG ont affirmé qu'elle avait reçu une blessure à la tête durant sa détention.

Face à la poursuite de la répression, le Royaume-Uni a annoncé lundi des sanctions contre la police des mœurs iranienne et des responsables politiques et sécuritaires du régime.

Ces sanctions suivent celles déjà prises par les Etats-Unis ou le Canada contre des hauts responsables du régime de Téhéran.

Dans l'Union européenne, le Parlement européen a appelé Bruxelles à prendre également des sanctions. La question devrait être au menu de la réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept prévue le 17 octobre.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".