ALGER : Pour son premier déplacement à l’étranger depuis sa nomination à la tête du gouvernement français, Élisabeth Borne est attendue ce samedi soir à Alger afin de concrétiser la réconciliation scellée par la France et l’Algérie fin août. Accompagnée d’une importante délégation de 16 ministres et de plusieurs chefs d’entreprise, la première ministre doit notamment rencontrer le président algérien Abdelmadjid Tebboune afin de discuter de questions « qui ne font pas mal ». Au menu : jeunesse, économie, et transition énergétique.
Les dossiers sensibles « pas à l’ordre du jour »
La visite d'Elisabeth Borne est en fait destinée à mettre en pratique la « Déclaration d'Alger pour une relation revitalisée », signée le 27 août. La première ministre présidera donc le cinquième Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), accompagnée de son homologue algérien Aïmene Benabderrahmane.
« Emmanuel Macron a déblayé le chemin et le temps est propice à ce genre de coopération. Aujourd’hui, on est à un tournant de la relation, on a besoin d’une certaine durabilité », explique à l’AFP Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève.
Les deux pays devraient ainsi signer des accords dans les domaines de la formation, de la transition énergétique, de la coopération économique, de la jeunesse et de l'éducation. Dans ce cadre, les ministres concernés seront présents à Alger, notamment les ministres de l'Économie, Bruno Le Maire, de l'Intérieur, Gérald Darmanin, des Affaires étrangères, Catherine Colonna, de la Justice, Éric Dupond-Moretti, du Travail, Olivier Dussopt et de l'Éducation, Pap Ndiaye.
Des questions plus délicates telles que l’augmentation des livraisons de gaz algérien à la France, dans le contexte du conflit en Ukraine, et le sujet de la guerre d’Algérie, ne seront « pas à l’ordre du jour » de la visite, selon Matignon.
« Le pari du président français est de gagner la confiance des Algériens en avançant dans des dossiers qui ne constituent pas de grandes difficultés pour les deux parties, pour finalement s’attaquer aux sujets difficiles, comme la question migratoire », ajoute le chercheur.
Un autre sujet sensible concerne la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. La commission d’historiens algériens et français qui doit être installée pour examiner « sans tabou » les archives des deux pays, « est encore en cours de constitution », selon Matignon.
À son arrivée, la cheffe du gouvernement français déposera, comme le veut la tradition, une gerbe au Monument des Martyrs, haut lieu de la mémoire algérienne de la guerre d'indépendance (1954-1962). Elle se rendra ensuite au cimetière Saint-Eugène d'Alger, où sont enterrés de nombreux Français nés en Algérie.
(Avec AFP).