Dalida, l'enfant chérie de l'Égypte: Un talent unique issu d'un rare mélange culturel

Dalida sur la scène de l'Olympia à Paris, en décembre 1961. (Fournie)
Dalida sur la scène de l'Olympia à Paris, en décembre 1961. (Fournie)
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Publié le Vendredi 07 octobre 2022

Dalida, l'enfant chérie de l'Égypte: Un talent unique issu d'un rare mélange culturel

  • «Sa voix est née de la Méditerranée, c'est une voix teintée de soleil, d'Orient», explique Orlando à propos du talent de Dalida
  • «J'ai été le témoin de son histoire, et je suis devenu le témoin de sa mémoire», affirme le frère de la star

PARIS: En mai 1987, la chanteuse franco-italienne Dalida, née au Caire, l’une des plus grandes stars de la musique non anglophone, s’est donné la mort. Ses cinquante-quatre années de vie ont été marquées par de grands succès et tragédies. Trois de ses compagnons s’étaient déjà suicidés, et Dalida avait tenté de mettre fin à ses jours en 1967 après le suicide de son amant, le chanteur et acteur italien Luigi Tenco.

Malgré les traumatismes qu’elle a vécus dans sa vie privée, sa carrière a été une histoire de réussite presque ininterrompue. Elle a rempli les salles du monde entier, ses chansons (en neuf langues) se sont vendues en masse, et elle a même connu le succès au cinéma dans des films comme Le Sixième jour, sorti en 1986, du grand réalisateur égyptien Youssef Chahine.

Dalida à Rome dans les années 1950. (Getty Images)
Dalida à Rome dans les années 1950. (Getty Images)

En France, où elle a vécu la majeure partie de sa vie adulte, elle était une superstar incontestée. Dans un sondage publié dans Le Monde en 1988, Dalida se classait en deuxième position, après le général de Gaulle, parmi les personnalités ayant eu le plus grand impact sur la société française. Elle continue d’influencer la culture pop aujourd’hui, nombre de ses tubes ayant été remixés pour en faire des chansons dansantes.

Dalida (à droite) avec son frère Orlando. (Fourni)
Dalida (à droite) avec son frère Orlando. (Fourni)

Son jeune frère Orlando, avec qui elle a cofondé son propre label en 1970, afin d’avoir plus de contrôle sur sa propre carrière, partage ses souvenirs avec Arab News

Comment était-ce de grandir avec Dalida? Comment était-elle enfant?

Vous savez, nous avons grandi dans la même famille, Dalida – qui s’appelait Iolanda à l’époque –, mon frère et moi, le dernier. Je m’appelais Bruno, mais quand je suis arrivé en France, quand j’ai commencé ma carrière, on m’a appelé «Orlando». Nous avons eu la même éducation, nous avons grandi dans le même quartier, la même atmosphère, et pourtant, nous étions totalement différents. Si mon frère et moi avons connu une enfance très joyeuse, très heureuse, ce n'était pas le cas de Dalida, enfant, elle était souvent un peu malade. En grandissant, elle avait ce désir d’ailleurs, l’envie de connaître le monde, de s'élever, de s'instruire, de se cultiver. Elle a toujours eu ce sentiment et cet objectif, comme si elle nous disait: «Un jour, vous verrez qui je suis…» Elle voulait «devenir quelqu'un». Et donc, toute son enfance, toute son adolescence, elle s’est construite dans cet objectif-là.

Se sentait-elle une connexion forte avec l'Égypte?

Bien sûr ! Nous avons vécu là-bas, nous y sommes nés. Nous avons baigné dans cette atmosphère… L’Égypte, à l'époque, était un pays d’une douceur unique, le métissage y était extraordinaire avec toutes ces langues, toutes ces cultures, toutes ces religions, tous ces gens qui se côtoyaient, qui se fréquentaient. Il n'y avait aucun malaise, aucune agression. Il y avait une telle douceur de vivre, et puis ces odeurs… Nous avons eu une belle enfance en Égypte. Dalida adorait l'Égypte, elle lui est toujours restée fidèle, et d’ailleurs au bout de quelques années, elle a commencé à chanter en égyptien.

L'acteur français Jacques Charrier pose avec sa femme, l'actrice Brigitte Bardot (à droite) et Dalida lors de la première du spectacle "Jukebox" de Dalida en 1959. (Getty Images)
L'acteur français Jacques Charrier pose avec sa femme, l'actrice Brigitte Bardot (à droite) et Dalida lors de la première du spectacle "Jukebox" de Dalida en 1959. (Getty Images)

Qu'est-ce qui faisait le talent particulier de votre sœur?

Vous savez, ce talent particulier, on ne peut pas l’expliquer… Elle avait des talents multiples, qui s’enrichissaient de cette voix, de ce timbre qui n’appartenait qu’à elle, indéfinissable, cette chaleur de la voix, cet éclat de soleil… Et surtout, je pense que sa voix est née de la Méditerranée, c'est une voix teintée de soleil, d'Orient. Et le fait qu’elle était Italienne d'origine et chante en français lui donnait cet accent particulier. Depuis 1955, cette voix unique et la personnalité qui l’accompagnait ont envahi le monde. Dalida a créé des titres immortels dans toutes les langues. Pour parler du Moyen-Orient, Helwa ya Baladi par exemple est devenu un hymne pour tout le monde arabe et Salma Ya Salama aussi. Les centaines de chansons de Dalida, toutes différentes, font qu’elle demeure unique, parce que chacun y retrouve quelque chose qui le touche, un morceau de vie ou la présence de Dalida. Elle savait tout faire, elle passait avec une facilité vraiment étonnante d’une chanson comme Je suis malade ou Avec le temps à des chansons comme Gigi l’Amoroso ou Salma Ya Salama ou au disco. Peut-être grâce à son lieu de naissance et à cette culture plurielle, qui sont restés dans sa mémoire et l’ont accompagnée durant son adolescence, elle avait la chance et le pouvoir de chanter dans toutes les langues. Elle a puisé dans ces métissages qui ont fait sa carrière. Dalida restera unique.

Quel souvenir avez-vous de son succès soudain? Comment cela l'a-t-il affectée? Et vous-même?

J'ai été le témoin de son histoire, et je suis devenu le témoin de sa mémoire. Dalida et moi étions complices, fans de théâtre, de cinéma et de chanson. Et je l'ai toujours encouragée, même si j'étais plus jeune qu'elle. Je l'ai toujours accompagnée dans son parcours - ses envies, son rêve. J'ai toujours été son confident, même lorsqu'elle est partie à Paris. Quand je suis arrivé dans la capitale à mon tour, j'ai un peu chanté aussi, mais au bout de cinq ans, j'ai rejoint l'aventure à ses côtés et je ne l'ai jamais trahie – je l'ai servie et je continue de le faire. C'est donc une carrière que nous avons vécue ensemble, et j'étais un spectateur, un admirateur et aussi, plus tard, son producteur. En 1966, je suis devenu son directeur artistique et en 1970, nous avons fondé notre propre entreprise. Aujourd'hui encore, je m'occupe d'elle comme si elle était là. Dalida a fait de moi son légataire universel car elle savait que je continuerai à défendre sa mémoire et ses intérêts, et c'est ce que je fais.

L'acteur français Jacques Charrier pose avec sa femme, l'actrice Brigitte Bardot (à droite) et Dalida lors de la première du spectacle "Jukebox" de Dalida en 1959. (Getty Images)
Dalida et son mari Lucien Morisse à Paris, en mars 1961. (Getty Images)

Quand vous êtes-vous rendu compte que son état dépressif s'aggravait?

Elle disait elle-même : « J’ai réussi ma vie professionnelle, mais ma vie personnelle, je ne l'ai pas réussie. » Pourquoi? Parce qu'elle a tout donné à son métier, à son public. Elle voulait être Dalida, elle est devenue Dalida… Elle a tout fait pour Dalida et a mis de côté sa vie privée qui en a pâti. C’est la raison pour laquelle elle n'a pas pu garder les hommes de sa vie, car au bout d'un moment, ils voyaient Dalida en face d’eux, pas Iolanda. Elle faisait passer son métier avant tout, et c'est pour cela qu'elle se retrouvait seule. Ça ne pouvait pas durer. Vers la fin, elle s’est rendu compte qu'elle était seule, sans enfant et sans compagnon à ses côtés. Elle a alors compris que le fait d’avoir tout donné pour à sa carrière, même si c’est ce qu’elle avait voulu, lui avait enlevé sa vie de femme, d’épouse et de mère. Et peu à peu, tout cela l’a amenée à avoir des idées noires, l’a rendu dépressive. Mais, malgré les drames, elle a aussi eu une vie pleine de joie, de satisfaction et de bonheur.

Elle a connu cette terrible tragédie dans sa vie d'avoir trois compagnons qui se sont suicidés. Ce sont des choses que l’on ne peut pas expliquer… Cela arrive peu à peu, et au bout d'un moment, elle en a eu assez… Elle avait tout fait, tout eu. Je pense que Dalida ne voulait pas non plus que le temps fasse son œuvre, elle a voulu y échapper. Elle voulait partir en pleine gloire et en pleine beauté.

Une photo de Dalida prise en 1955. (Getty Images)
Une photo de Dalida prise en 1955. (Getty Images)

De quoi était-elle la plus fière?

Dalida n’était pas fière… Malgré son statut de star internationale, d'icône aujourd'hui encore, elle a toujours été une femme humble. Elle n’a jamais pensé qu’elle était «arrivée», donc elle a gardé ce côté simple, en sachant très bien qui elle était. C'est Iolanda qui avait construit Dalida, cette Dalida blonde, cette star internationale, mais aussi cette Dalida intemporelle.

Quel héritage artistique a-t-elle laissé derrière elle?

Dalida fait partie de ces rares artistes qui ont eu un lien passionné avec leur public. Les gens l’ont aimée passionnément. Aujourd'hui, des gens qui n’étaient pas nés quand elle nous a quittés l'aiment et écoutent ses chansons. À Montmartre, le buste qui se trouve sur la place Dalida, installée sur décision du maire de Paris de l’époque, Bertrand Delanoë, est devenu un lieu culte. Vous savez, les statistiques nous disent qu’à Montmartre les deux monuments les plus visités par les touristes du monde entier sont le Sacré-Cœur et la place Dalida. Et maintenant, il existe même un circuit touristique qui commence à la maison de Dalida, rue Orchampt, va jusqu’à sa dernière demeure au cimetière de Montmartre, et remonte jusqu’à à la place où se trouve sa statue que les touristes viennent toucher comme un porte-bonheur.


Comment célébrer la Journée de la fondation 2025 en Arabie saoudite

(fournie)
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  • La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations
  • À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique

La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations.

Les festivités prévues pour la Journée de la Fondation de cette année mettront en valeur le patrimoine saoudien à travers la musique, les arts et les spectacles.

Principaux événements de la Journée de la fondation 2025

Les Nuits de la Fondation présenteront des concerts musicaux et poétiques avec d'éminents artistes saoudiens au théâtre Mohammed Abdu, au boulevard Riyad, le 22 février.

À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique. Djeddah accueillera des parades maritimes, des marchés du patrimoine et des salons nautiques. À Médine, des expositions d'art et des séminaires culturels sur l'histoire du Royaume seront organisés, tandis qu'à Dammam, les visiteurs pourront assister à des spectacles folkloriques et à des séances de cinéma en plein air.

Spectacles musicaux

Plusieurs soirées musicales ajouteront à l'atmosphère de fête. Le 21 février, Mohammed Abdu jouera "Suhail Night" à l'arène Mohammed Abdu.

Le 22 février, Abdul Majeed Abdullah interprétera des chansons nationales à la Mohammed Abdu Arena.

En outre, le 22 février, un spectacle orchestral mettant en vedette l'orchestre et le chœur nationaux saoudiens sera suivi par des jeux de lumière et de son qui mettront en lumière la riche histoire du Royaume.

À Djeddah, les célébrations au musée Tariq Abdulhakim, du 20 au 22 février, offriront une atmosphère familiale remplie d'activités patrimoniales, artistiques et culturelles.

À Diriyah, une "expérience interactive 850" permettra aux visiteurs d'explorer les événements clés de l'histoire du Royaume, avec des activités immersives à l'intérieur et à l'extérieur.

Le Centre du roi Abdulaziz pour la culture mondiale (Ithra), à Dhahran, marquera la Journée de la fondation par une célébration de trois jours, du 20 au 22 février, avec des ateliers interactifs, des spectacles et de l'artisanat traditionnel.

La place accueillera des concerts de oud et d'autres activités, dont un photomaton où les visiteurs pourront se faire photographier en tenue traditionnelle.

Des maîtres artisans présenteront l'art complexe du tissage du bisht, et il y aura des activités éducatives, de la musique folklorique et des danses d'épée saoudiennes Ardah.

Le centre accueille les visiteurs de 16 à 23 heures.

La Commission des musées organise les célébrations de la Journée de la fondation au Musée national saoudien du 21 au 23 février. Cet événement propose des activités interactives, des programmes culturels et des spectacles.

Johnson Controls Arabia organise une soirée de célébration de la fondation le 21 février dans la maison historique Al-Sharbatly à Al-Balad, Djeddah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Riyad revêt sa couleur verte pour honorer la Journée de la fondation

C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
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  • Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui
  • La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux

RIYAD : C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume est orné de drapeaux nationaux.

Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui pour célébrer le quatrième jour de fondation de l'Arabie saoudite.

La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux, transformant ainsi la capitale en un véritable océan de vert. Les drapeaux, qui représentent à la fois le premier État saoudien et le Royaume moderne, ont été accrochés stratégiquement sur les mâts des routes principales, les places, les ponts, les intersections et les lampadaires, a rapporté l'agence de presse saoudienne. 

L'emplacement a été soigneusement planifié pour assurer une harmonie esthétique avec le paysage de la ville et a été installé en toute sécurité par des moyens mécaniques. Les drapeaux ont été placés en toute sécurité à l'aide de moyens mécaniques. La variété des tailles permet de voir clairement les drapeaux.

Des équipes spécialisées sur le terrain ont suivi un calendrier strict pour réaliser les installations de manière efficace, en donnant la priorité à la sécurité, à la durabilité et à l'entretien régulier tout au long des célébrations.

Ces efforts reflètent l'engagement de la municipalité de Riyad à mettre en valeur l'identité nationale et à améliorer le paysage urbain, conformément aux objectifs de la Vision 2030 visant à améliorer l'attrait visuel de la capitale et à mettre en valeur le patrimoine du Royaume.
Les monuments, y compris les bâtiments ministériels, ont été décorés de lumières vertes vendredi, à la veille de la Journée de la fondation, tandis que des événements spéciaux organisés dans toute la région comprendront des feux d'artifice et des spectacles folkloriques traditionnels.

"Nous vous invitons à assister aux événements organisés par la municipalité de Riyad dans 47 municipalités au sein des gouvernorats et des centres de la région, dans plus de 47 lieux, pour profiter d'événements animés, d'activités de qualité, de divers domaines et de participations", a écrit la municipalité de Riyad sur le site X.

Abdullah Ahmed, un habitant de la capitale, a félicité l'autorité pour ses efforts visant à faire de la Journée de la fondation une occasion spéciale.

"Je suis vraiment reconnaissant à Allah tout-puissant de nous avoir accordé la sécurité, alors que nous vivons dans une solidarité et une paix totales. Nous avons la chance d'avoir un bon leadership avec le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane, et nous avons la chance d'avoir l'imam Mohammed ben Saud comme fondateur du premier État saoudien en 1727," a-t-il affirmé à Arab News.

Le Royaume moderne a fait ses premiers pas sur la voie de la nation en 1727, lorsque l'imam Mohammed ben Saud a succédé à son cousin, Zaid ben Markhane, en tant que souverain de la ville-État de Diriyah. C'est ce moment charnière, reconnu comme la date à laquelle le premier État saoudien a vu le jour, qui est célébré chaque année à l'occasion de la Journée de la fondation.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


AlUla : Où la beauté ancienne résonne au-delà des mots

Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
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  • Le parcours d'Ibrahim al-Balawi repose sur l'auto-apprentissage et le dévouement

DJEDDAH : Bien que sourd et muet, Ibrahim al-Balawi, un guide touristique saoudien de 48 ans passionné par la riche histoire d'AlUla et ses sites à couper le souffle, est devenu un pionnier du tourisme inclusif.

Son parcours, fait d'auto-apprentissage et de dévouement, a commencé bien avant qu'AlUla ne devienne une destination touristique mondiale.

La carrière de guide touristique d'al-Balawi a commencé avant même que le tourisme ne soit officiellement établi à AlUla en 2001.

Son amour profond de l'histoire l'a poussé à fréquenter les lieux, à étudier leur signification et à traduire les documents de manière indépendante pour s'instruire et instruire les autres.

Grâce à sa connaissance approfondie des sites archéologiques, il a guidé les visiteurs à travers les sites anciens d'AlUla, partageant avec eux les histoires et les connaissances qu'il avait acquises au fil des ans.

Hind Shabaa, l'épouse d'al-Balawi, qui est également originaire d'AlUla, a été un soutien indéfectible. Mariée depuis 16 ans, elle a appris le langage des signes avec son mari.

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Ibrahim Al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Au fil du temps, Shabaa a appris à parler couramment la langue des signes et elle a noué des amitiés au sein de la communauté sourde. Elle joue aujourd'hui un rôle crucial dans le travail de son mari en traduisant verbalement la langue des signes aux touristes entendants, améliorant ainsi l'expérience touristique de tous les visiteurs.

« Il m'a aidée à apprendre la langue et j'ai noué des amitiés avec des personnes sourdes », a-t-elle affirmé à Arab News.

« Comme il dispose d'un vaste réseau d'amis - il a fait ses études secondaires à Djeddah - il avait noué de nombreuses relations à l'intérieur et à l'extérieur du Royaume », a-t-elle ajouté. 

« Lorsqu'il amenait ses amis, ils étaient accompagnés de leurs épouses, ce qui m'a permis d'apprendre la langue. J'ai acquis une telle maîtrise qu'ils étaient étonnés de voir à quel point je pouvais communiquer verbalement et en langue des signes », a-t-elle expliqué. 

Silencieuse mais amusante, la langue des signes est devenue un élément essentiel de la vie quotidienne de la famille, créant un lien plus profond et façonnant une communication unique.

« Même nos enfants ont appris la langue des signes avec leur père. Ils sont devenus très habiles dans ce domaine. J'étais tellement dévouée que j'ai suivi des cours supplémentaires pour m'améliorer. À un moment donné, je suis même devenue meilleure que certains formateurs certifiés en langue des signes », a expliqué Shabaa. 

Avant que la Commission saoudienne du tourisme ne soit transformée en ministère du tourisme en 2020, la principale mission d'al-Balawi était de présenter au monde la beauté d'AlUla à travers ses yeux et sa langue. Il a accueilli des visiteurs de la communauté sourde de tout le Royaume et d'ailleurs, notamment d'Allemagne, de France, du Canada et de Chine.

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Ibrahim al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Les autorités ont remarqué qu'il attire les touristes, dont la plupart sont des visiteurs étrangers qui profitent de sa maîtrise de la langue des signes générale.

Al-Balawi est peu à peu devenu un visage familier des responsables du tourisme. À mesure que le secteur se structure, il a demandé l'autorisation officielle de continuer à servir de guide, afin que les touristes étrangers puissent continuer à bénéficier de son expertise.

La carrière officielle d'al-Balawi en tant que guide touristique à AlUla a débuté en 2017. Il a suivi de nombreux cours de formation une fois qu'il a officiellement rejoint le ministère du tourisme, et du matériel de formation lui a été fourni.

Bien qu'il n'ait qu'un diplôme de fin d'études secondaires, il se distingue par sa quête incessante de connaissances. Il s'est inscrit à des cours d'histoire et de tourisme, a suivi des formations spécialisées et a mémorisé des documents pédagogiques.

Conscient de la diversité mondiale des langues des signes, M. al-Balawi a appris lui-même de multiples variantes de la langue des signes arabe, ce qui lui a permis de communiquer avec des touristes de pays occidentaux. Sa motivation personnelle lui a permis de combler les fossés culturels et linguistiques, en veillant à ce que tous les visiteurs, en particulier ceux de la communauté sourde, puissent profiter pleinement des merveilles d'AlUla.

« Je me souviens que, dès notre mariage, il avait des livres sur les langues des signes occidentales et qu'il les lisait toujours pour apprendre. En outre, il s'est rendu plusieurs fois aux États-Unis et y a noué des amitiés, communiquant par le biais d'applications et d'appels vidéo jusqu'à ce qu'il ait acquis une bonne maîtrise de la langue des signes », a raconté sa femme. 

« Il a acquis une expertise dans la langue des signes arabe familière et formelle, ainsi que dans les langues des signes internationales, notamment américaine, chinoise et coréenne, qui diffèrent du système saoudien. Il a appris tout cela en voyageant, en lisant des livres et en faisant des recherches personnelles », a-t-elle ajouté. 

« Pour ceux qui peuvent parler, il est capable de communiquer avec eux sans effort. Il peut lire sur les lèvres, enregistrer des vidéos, leur envoyer des messages et leur parler dans un dialecte décontracté qui rendait la langue des signes plus facile pour eux. L'apprentissage de la langue des signes est souvent un défi pour les personnes qui les entourent, c'est pourquoi, lorsque nécessaire, il fait recours à l’écriture pour assurer une communication claire », a-t-elle confirmé. 

L'engagement du couple ne s'arrête pas au guidage, puisqu'il s'assure de comprendre les besoins spécifiques des voyageurs sourds.

« Mon mari a créé une maison d'hôtes privée spécialement conçue pour les sourds, afin que les visiteurs se sentent bien accueillis, à l'aise et puissent profiter pleinement des offres d'AlUla », a-t-elle révélé. 

M. al-Balawi a organisé plus de 800 visites au cours des deux dernières années, accueillant des touristes de presque toutes les régions d'Arabie saoudite et de pays du monde entier, notamment le Royaume-Uni, les États-Unis, la Syrie, l'Allemagne, l'Égypte, la Turquie, la Russie et les Émirats arabes unis.

Il doit également faire face aux médias sociaux et possède une page Instagram qui compte plus de 4 500 adeptes du monde entier. Il y affiche des photos et des vidéos de ses voyages afin d'attirer davantage de visiteurs.

« Il invite les voyageurs par le biais des médias sociaux, les guide, documente leurs visites avec des photos et des vidéos. Nombreux sont ceux qui ont été impressionnés par ses efforts et son dévouement », raconte sa femme. 

Sa capacité à communiquer avec les gens, que ce soit par le langage des signes, la communication écrite ou l'enthousiasme pur et simple, a laissé une marque sur ceux qui ont exploré AlUla grâce à ses conseils.

« La réaction des touristes est étonnante après chaque visite. Ils sont toujours heureux, et certains reviennent même pour une deuxième visite tellement ils ont apprécié leur expérience. AlUla les a fascinés et ils adorent l'expérience touristique qu'ils y ont vécue”, a-t-elle conclu. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com