Crash du Rio-Paris en 2009: Airbus et Air France au tribunal à partir de lundi

Cette photo d'archive prise le 14 juin 2009 montre l'empennage récupéré de l'avion A330 d'Air France perdu en vol au-dessus de l'océan Atlantique le 1er juin, au port de Recife. (AFP)
Cette photo d'archive prise le 14 juin 2009 montre l'empennage récupéré de l'avion A330 d'Air France perdu en vol au-dessus de l'océan Atlantique le 1er juin, au port de Recife. (AFP)
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Publié le Vendredi 07 octobre 2022

Crash du Rio-Paris en 2009: Airbus et Air France au tribunal à partir de lundi

  • Après une longue succession d'expertises, les juges d'instruction ont prononcé un non-lieu le 29 août 2009
  • Scandalisés, les proches des victimes et les syndicats de pilote ont fait appel et, le 12 mai 2021, la chambre de l'instruction a prononcé le renvoi pour homicides involontaires des deux entreprises devant le tribunal

PARIS: Plus de treize ans après le crash du Rio-Paris au large du Brésil qui avait tué 228 personnes, le constructeur Airbus et la compagnie Air France sont jugés à partir de lundi et pour deux mois à Paris.

Le 1er juin 2009, le vol AF447 entre Rio de Janeiro et Paris s'est abîmé en pleine nuit dans l'Atlantique, 3H45 après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d'équipage. C'est la catastrophe la plus meurtrière de l'histoire d'Air France.

Les premiers débris, ainsi que des corps, furent retrouvés dans les jours qui suivirent, mais l'épave ne fut localisée que deux ans plus tard, le 2 avril 2011, à 3.900 mètres d'un fond entouré de hauts reliefs sous-marins, lors de la quatrième phase de recherches.

Les boîtes noires, repêchées un mois plus tard, ont confirmé que les pilotes, désorientés par le givrage des sondes de vitesse Pitot dans la zone instable du Pot au noir près de l’équateur, n'ont pu rattraper le décrochage de l'appareil, qui a eu lieu en moins de cinq minutes.

Après une longue succession d'expertises, les juges d'instruction ont prononcé un non-lieu le 29 août 2009. Scandalisés, les proches des victimes et les syndicats de pilote ont fait appel et, le 12 mai 2021, la chambre de l'instruction a prononcé le renvoi pour homicides involontaires des deux entreprises devant le tribunal.

À l'issue d'un "combat judiciaire" et d'une instruction "chaotique", "nous attendons que ce procès soit bien le procès d'Airbus et d'Air France" et non "celui des pilotes", a déclaré à l'AFP Danièle Lamy, présidente de l'association de proches de victimes Entraide et Solidarité AF447.

"Nous attendons un procès impartial, exemplaire, pour que cela ne se reproduise plus et que, par ce procès, les deux prévenus mettent la sécurité aérienne au centre de leurs préoccupations plutôt que seulement la rentabilité", a-t-elle ajouté.

Air France "garde en mémoire le souvenir des victimes de ce terrible accident et exprime sa plus profonde compassion à l'ensemble de leurs proches", selon un communiqué de la compagnie.

"Air France, qui avait bénéficié d'un non-lieu à l'issue de l'instruction, continuera à démontrer qu'elle n'a pas commis de faute pénale à l'origine de l'accident et plaidera la relaxe", a notamment poursuivi l'entreprise.

L'avionneur européen Airbus, qui n'a pas souhaité s'exprimer avant le procès, conteste lui aussi toute faute pénale.

 "Former" et "informer" 

L'avion immatriculé F-GZCP, mis en service quatre ans plus tôt, transportait des passagers de 33 nationalités différentes, dont 61 Français.

Au total, 476 proches se sont constitués partie civile. Cinq demi-journées seront consacrées à ceux souhaitant témoigner.

"C'est un procès qui va être très technique", a souligné Alain Jakubowicz, avocat d'Entraide et Solidarité. "Bien sûr qu'on va aller sur ce terrain-là, nous y sommes prêts, mais notre souci aussi c'est de redonner cette dimension humaine. (...) Ce sont des hommes, des femmes, des enfants, qui sont morts, qui pouvaient être vous ou moi", a-t-il affirmé.

À la barre se succèderont surtout de nombreux experts et pilotes : la 31e chambre correctionnelle du tribunal de Paris devra en effet déterminer si Airbus et Air France, qui encourent 225.000 euros d'amende, ont commis des fautes en lien certain avec l'accident.

Dans son arrêt de renvoi, la cour d'appel a estimé qu'il existait des charges suffisantes contre Air France pour s'être "abstenu de mettre en œuvre une formation adaptée (et) l'information des équipages qui s'imposait" face au givrage des sondes, "ce qui a empêché les pilotes de réagir comme il le fallait".

Airbus a été renvoyé pour avoir "sous-estimé la gravité des défaillances des sondes anémométriques équipant l'aéronef A330, en ne prenant pas toutes les dispositions nécessaires pour informer d'urgence les équipages des sociétés exploitantes et contribuer à les former efficacement".

Les défaillances de sondes s'étaient multipliées dans les mois précédant l'accident. Après la catastrophe, le modèle concerné a été remplacé dans le monde entier.

Le drame a aussi entraîné d'autres modifications techniques dans le domaine aéronautique et une formation renforcée au décrochage ainsi qu'au stress des équipages.


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.