AL-MUKALLÂ: Le gouvernement internationalement reconnu du Yémen a rempli toutes ses obligations dans le cadre de la trêve négociée par l'ONU et a fait des concessions «majeures» pour ouvrir la voie à son renouvellement et à la fin de la guerre, a déclaré mercredi le ministre yéménite des Affaires étrangères.
Ahmed Awad ben Moubarak a indiqué aux journalistes dans la capitale marocaine Rabat que les Houthis ont imposé de nombreuses restrictions et conditions pour contrecarrer les tentatives de prolonger la trêve.
Il a ajouté que la milice soutenue par l'Iran a refusé de payer les employés de la fonction publique dans les zones qu'elle contrôle, bien qu'elle ait gagné des millions de dollars grâce à la vente de cargaisons de pétrole qui sont entrées dans le port d’Al-Hodeïda pendant la trêve.
«Nous avons exécuté tout ce qui était prévu dans l'accord d'armistice et fait des concessions majeures. Les Houthis ont placé de nouveaux barrages routiers à chaque étape des pourparlers», a signalé le ministre yéménite, soulignant que l'artillerie, les drones chargés d'explosifs, les tireurs d'élite et les mines terrestres des Houthis avaient tué ou blessé 1 400 soldats et officiers gouvernementaux, ainsi que 94 civils pendant la trêve.
Le ministre a affirmé que le gouvernement ne paierait les employés publics dans les zones houthies que si la milice déposait les recettes du port d’Al-Hodeïda à la banque centrale, conformément à l'accord de Stockholm négocié par l'ONU en 2018.
«Les Houthis ont pillé plus de 18 millions d’euros avant l'armistice et n'en ont pas versé un seul comme salaire aux employés de la fonction publique depuis la signature de l'accord de Stockholm.»
Il a accusé l'Iran d'utiliser les Houthis pour servir ses objectifs expansionnistes et a promis de s'opposer aux tentatives de Téhéran de prendre le contrôle des ressources du pays, notamment du pétrole.
«Le groupe Houthi a imposé la guerre afin de réaliser l'agenda expansionniste de Téhéran dans la région», a-t-il déclaré. «Nous utiliserons notre droit constitutionnel afin de défendre notre nation et notre peuple, et nous ne laisserons pas l'Iran prendre le contrôle des richesses pétrolières du Yémen.»
Les efforts déployés par la communauté internationale pour mettre fin à la guerre au Yémen ont pris un sérieux coup cette semaine lorsque les Houthis, soutenus par l'Iran, ont refusé de renouveler la trêve et menacé de prendre pour cible les navires transportant les exportations de pétrole du pays depuis les zones contrôlées par le gouvernement.
Les Houthis ont refusé une proposition visant à alléger partiellement leur siège de Taïz en ouvrant au moins une route principale pour rentrer et sortir de la ville, et ils ont déclaré à l'envoyé des Nations unies pour le Yémen, Hans Grundberg, qu'ils n'accepteraient de renouveler la trêve que si le gouvernement yéménite payait les fonctionnaires dans les zones qu'ils contrôlent.
Au cours des six derniers mois, le pays a connu la plus longue cessation des hostilités et des violences en huit ans, ce qui a entraîné une baisse significative du nombre de décès de civils.
Grâce à la trêve entrée en vigueur le 2 avril et renouvelée deux fois, des milliers de passagers ont pu prendre l'avion à l'aéroport de Sanaa et plus de 50 navires de ravitaillement sont entrés dans le port d’Al-Hodeïda, mettant fin aux graves pénuries de carburant dans les zones contrôlées par les Houthis.
De même, la mission de l'UE au Yémen a accusé les Houthis de saper les efforts internationaux visant à renouveler la trêve par leurs «exigences maximalistes» et a exhorté les factions belligérantes, notamment les Houthis, à coopérer avec l'émissaire des Nations unies pour le Yémen et à désamorcer la situation.
«Nous exhortons en particulier les Houthis à modérer leurs exigences et à s'engager de manière constructive avec l'envoyé spécial des Nations unies, Hans Grundberg, afin que la trêve puisse se poursuivre et se transformer en un cessez-le-feu réel, ouvrant la voie à un processus global menant à la paix au Yémen», a soutenu la mission de l'UE dans un communiqué.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com