Trump veut contester sa défaite en justice, ses chances de succès sont faibles

Le président américain Donald Trump en route vers la Maison Blanche après avoir joué au golf, le 7 novembre 2020. Alex Edelman / AFP
Le président américain Donald Trump en route vers la Maison Blanche après avoir joué au golf, le 7 novembre 2020. Alex Edelman / AFP
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Publié le Dimanche 08 novembre 2020

Trump veut contester sa défaite en justice, ses chances de succès sont faibles

  • Le président républicain a estimé que l'élection n'était pas "terminée" et a donné rendez-vous lundi en justice à ses adversaires
  • Dans des tweets, épinglés comme "trompeurs" par le réseau social, Donald Trump a évoqué des "dizaines de milliers de bulletins arrivés illégalement" et un manque "grossier" de transparence sur le dépouillement

WASHINGTON : Donald Trump a évoqué des "fraudes" et promis de contester en justice sa défaite face à Joe Biden. Mais pour l'instant, il n'a pas présenté d'éléments de preuves et ses recours ne semblent pas en mesure de peser sur l'issue du scrutin.

Quelques minutes après l'annonce par les médias américains de la victoire du démocrate Joe Biden, le président républicain a estimé que l'élection n'était pas "terminée" et a donné rendez-vous lundi en justice à ses adversaires.

Dans des tweets, épinglés comme "trompeurs" par le réseau social, il a évoqué des "dizaines de milliers de bulletins arrivés illégalement" et un manque "grossier" de transparence sur le dépouillement.

Les démocrates "se sont conduits d'une manière qui suggère des fraudes", a ajouté, tout aussi imprécis, son avocat Rudy Giuliani lors d'une conférence de presse à Philadelphie, parlant de bulletins au nom de personnes décédées, et de "manipulations".

Ailleurs, ses alliés ont mentionné des "pancartes obstruant la vue" des observateurs du dépouillement, des bulletins post-datés ou le vote d'électeurs non résidant dans leur circonscription, sans fournir d'éléments pour étayer leurs accusations.

"La stratégie légale de Trump ne va nulle part", estime le professeur de Droit Rick Hasen. "Ca ne fera aucune différence dans le résultat de l'élection", écrit-il sur son blog de référence, Election Law.

"L'exception" de Pennsylvanie

"Je ne suis pas au courant d'un seul recours ayant un fondement juridique, à une petite exception près en Pennsylvanie", juge également Steven Huefner, professeur de Droit à l'Université de l'Ohio.

Le dossier porte sur les bulletins de vote par correspondance de cet Etat-clé, tombé de peu dans l'escarcelle de Joe Biden.

Prenant acte des dysfonctionnements des services postaux et du recours accru au vote par courrier à cause de la pandémie, les responsables démocrates de l'Etat avaient autorisé la prise en compte des bulletins postés jusqu'à mardi, mais arrivés dans les trois jours suivants.

Avant même le scrutin, les républicains de Pennsylvanie avaient saisi la justice pour empêcher de les compter. Saisie en urgence, la Cour suprême avait refusé d'intervenir, tout en laissant la porte ouverte à un examen de fond après le vote.

Les autorités de Pennsylvanie avaient alors ordonné de comptabiliser ces bulletins séparément, au cas où ils seraient invalidés ultérieurement.

Mais les républicains ont assuré que certains bureaux de vote ne suivaient pas ces consignes et sont retournés devant la Cour suprême. Un de ses juges, le très conservateur Samuel Alito, leur a donné un motif de satisfaction vendredi soir en ordonnant à tous les bureaux de Pennsylvanie de s'y plier.

Même s'ils parvenaient à obtenir l'invalidation de ces votes, il est peu probable que cela empêche la victoire de Joe Biden, car le nombre de bulletins concernés semble bien en deçà de l'avance de Joe Biden dans cet Etat (37.000 voix).

"Vagues assertions"

Quand bien même, Donald Trump réussirait son pari en Pennsylvanie, cela ne serait probablement pas assez pour rester à la Maison Blanche, puisque Joe Biden est donné gagnant dans une série d'autres Etats-clés. Il lui faudrait donc réussir à faire invalider des milliers de votes ailleurs.

Dans ce but, il prévoit des plaintes dans une dizaine d'Etats selon Rudy Giuliani.

"Je pense qu'elles seront très rapidement rejetées par les juges", estime toutefois Steven Huefner en rappelant que "de vagues assertions de fraude" ne sont pas suffisantes pour convaincre un juge. "Il faut présenter des faits", dit-il à l'AFP.

Au-delà de ses actions en justice, Donald Trump veut demander un recomptage dans le Wisconsin, où il n'est distancé que de 0,6 point par le démocrate. Les autorités de Géorgie, où l'écart se compte en milliers de voix, ont également l'intention de recompter les suffrages.

Ces opérations pourraient retarder l'annonce des résultats officiels. "Mais dans l'histoire moderne, ils n'ont jamais permis de récupérer plus de quelques centaines de voix", rappelle M. Huefner, pour qui les dés sont définitivement jetés.

 


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.