KABOUL: Un ancien présentateur de télévision et deux autres civils sont morts dans une explosion à Kaboul samedi, selon la police, alors que le gouvernement afghan a accusé un groupe lié aux talibans d'être responsable de l'attaque.
Yama Siawash a été tué lorsqu'une bombe placée sur son véhicule a explosé près de sa résidence, a expliqué à des journalistes le porte-parole de la police Ferdaws Faramarz.
M. Siawash, récemment devenu conseiller à la banque centrale afghane, était auparavant un célèbre présentateur de télévision spécialisé en politique chez Tolo News, la plus grande chaîne d'information privée du pays.
L'attaque n'a pour l'instant pas été revendiquée, mais le ministère de l'Intérieur a accusé le réseau Haqqani, un groupe lié aux talibans.
"Ce type d'attaques ciblées et explosions de mines magnétiques, ou "sticky bombs", sont typiques du réseau Haqqani et des talibans", a déclaré à des journalistes Tariq Arian, porte-parole du ministère.
Le réseau Haqqani est désigné comme groupe terroriste par Washington.
De nombreux responsables afghans et diplomates internationaux ont immédiatement condamné l'attaque contre M. Siawash.
"Je suis choqué par le meurtre de l'ancien présentateur de journaux télévisés Yama Siawash", a écrit sur Twitter Ross Wilson, le chargé d'affaires américain à Kaboul.
"Cette attaque est un assaut contre la liberté de la presse, l'un des principes démocratiques essentiels de l'Afghanistan", a-t-il ajouté.
"La mort de M. Siawash est une grande perte pour le pays", a déclaré quant à lui Abdullah Abdullah, en charge du processus de paix pour le gouvernement afghan, dans un communiqué.
"Il s'agit d'un crime impardonnable et inoubliable", a-t-il ajouté, qualifiant également l'incident d'attaque contre la liberté d'expression.
Attaques ciblées
Le Comité pour la sécurité des journalistes afghans (AJSC), un panel mis en place par des médias pour surveiller la sécurité des journalistes du pays, a appelé à "l'identification et la poursuite en justice des responsables" de l'attaque.
Le président Ashraf Ghani a ordonné une enquête, selon le palais présidentiel.
Les attaques ciblées visant des personnalités --journalistes, politiques, défendeurs des droits humains ou encore des religieux-- ont augmenté ces derniers mois, alors que les violences ne font qu'empirer à travers le pays.
Jeudi, le père de Zarifa Ghafari, l'une des premières femmes maires du pays, a été tué par balle devant chez lui à Kaboul.
Son meurtre a été condamné par le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, qui avait décerné à Mme Ghafari le Prix international de la femme de courage en début d'année.
Selon un rapport du Bureau de l'inspecteur général spécial pour la reconstruction de l'Afghanistan (Sigar, qui dépend du Congrès américain) publié cette semaine, les attaques "ennemies" ont crû de 50% entre le 1er juillet et le 30 septembre en Afghanistan par rapport au deuxième trimestre.
Des dizaines de personnes ont été tuées, et de nombreuses autres blessées, en moins de deux semaines à Kaboul dans des attaques sanglantes.
Lundi, une attaque contre l'université de Kaboul a tué 22 personnes, dont de nombreux étudiants.
Le groupe Etat Islamique a revendiqué l'incident, mais le gouvernement afghan a accusé le réseau Haqqani.
L'attentat est intervenu quelques jours après une autre attaque suicide près d'un centre éducatif de la capitale, faisant 24 morts, également revendiquée par l'EI.