PARIS : Encensé pour ses performances vocales des débuts, Tamino, artiste belgo-égyptien, revient dans un registre plus feutré, entre pop et oud, cet "instrument de l'âme", dans un album où on croise Angèle et Colin Greenwood (Radiohead).
Son premier disque "Amir" (2018), et notamment la chanson "Habibi", lui ont valu des comparaisons flatteuses avec la voix de Jeff Buckley et ouvert les portes d'une carrière internationale.
Au moment de la sortie (le 23 septembre) de "Sahar" ("Juste avant l'aube", en arabe), le jeune homme de 25 ans, qui chante en anglais, se trouve d'ailleurs en tournée entre le Canada et les Etats-Unis. Sa tournée européenne qui débute en novembre affiche déjà complet à Paris, Cologne, Berlin, Amsterdam, Bruxelles et une nouvelle date a été ajoutée à Londres.
Tamino ouvre son concert avec une de ses nouvelles chansons, "A drop of blood", en s'accompagnant à l'oud, ce luth oriental, "instrument de l'âme" comme il le décrit. L'instrument était déjà présent dans son premier disque, mais joué par un autre musicien. Cette fois, il l'a fait sien. On peut le voir en jouer dans le clip de "The first disciple".
«Introspectif»
"Du plus loin que je me souvienne, il y a toujours eu un oud pas loin", confie-t-il à l'AFP, depuis Toronto (Canada) en visio-conférence. "Mes parents ont divorcé quand j'avais 3 ans, et je n'ai pas vu mon père pendant longtemps, mais il avait laissé un oud, dont un bout était cassé, dans la pièce du piano chez mes grand-parents à Anvers", en Belgique, ville où il réside toujours.
"J'ai commencé à en jouer il y a quelques années et pour 'Sahar' je me sentais confiant pour en jouer moi-même sur le disque. L'oud me sert maintenant pour écrire des chansons, faire des arrangements, c'est l'instrument dont j'ai le plus joué ces dernières années", poursuit celui qui maîtrise aussi piano et guitare.
"Sahar", envoûtant, marque un premier tournant, loin des envolées vocales du premier album. "Ce n'est pas un choix réfléchi, ce sont les chansons qui ont conduit à leur interprétation, et ça correspond à l'album, introspectif, qui n'est pas celui des grandes émotions adolescentes à la source de 'Amir'".
Sa voix se marie par ailleurs parfaitement avec celle d'une autre star Belge, Angèle, sur "Sunflower". Leurs parcours se ressemblent, quasi-parallèles. En 2018, Tamino, petit fils du chanteur égyptien Moharram Fouad, et Angèle, fille du chanteur belge Marka, faisaient partie du contingent de pépites révélées au festival défricheur Eurosonic à Groningue (Pays-Bas).
«Surréaliste»
"Nos premiers singles sont sortis à la même époque, on se croisait beaucoup, on ne se connaissait pas vraiment, et il y a un an et demi on a pu passer du temps en studio", déroule Tamino. "Et quand j'ai écrit +Sunflower+ j'ai pensé à elle pour incarner le personnage féminin". Il se dit encore "impressionné par Angèle, en studio elle entre dans la chanson immédiatement, alors que moi j'ai besoin de plus de temps".
Le casting de luxe de "Sahar" est complété par Colin Greenwood, du groupe britannique Radiohead, devenu un compagnon de route.
"Colin est venu voir un de mes premiers shows il y a quelques années à Anvers avec des amis communs -- ce qui était déjà surréaliste -- puis on a parlé longtemps après le concert", déroule Tamino. "Il était tellement bienveillant, je lui ai demandé quelques jours après de jouer sur une chanson, sur le premier disque, puis il nous a rejoint souvent sur scène". Devenu quasiment un membre du groupe, "ça aurait été bizarre de ne pas l'avoir en studio pour 'Sahar', où il joue de la basse dans sept morceaux sur dix", ajoute l'auteur-compositeur-interprète.
L'Anglais ne rejoindra cette fois le chanteur sur scène qu'en 2023, réquisitionné "cet automne par Nick Cave, un des plus grands artistes vivants" souffle au passage Tamino.