En Côte d'Ivoire, les enquêtes judiciaires mettent la pression sur l'opposition

L'opposition, qui n'a toujours pas baissé la garde dans son combat face au régime Ouattara, semblait vendredi de plus en plus isolée, selon des analystes (Photo, AFP)
L'opposition, qui n'a toujours pas baissé la garde dans son combat face au régime Ouattara, semblait vendredi de plus en plus isolée, selon des analystes (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 07 novembre 2020

En Côte d'Ivoire, les enquêtes judiciaires mettent la pression sur l'opposition

  • Trois des principaux dirigeants de l'opposition, qui avaient appelé à la "désobéissance civile" font l'objet d'enquêtes pour "complot contre l'autorité de l'Etat
  • Le chapelet d'accusations déroulé par Richard Adou vise les violences commises avant et après l'élection présidentielle

ABIDJAN: La pression est encore montée d'un cran vendredi sur l'opposition ivoirienne, qui conteste la réélection du président Alassane Ouattara, avec l'annonce d'enquêtes judiciaires contre plusieurs de ses dirigeants, apparemment isolés tant au plan national qu'international.

Trois des principaux dirigeants de l'opposition, qui avaient appelé à la "désobéissance civile" avant l'élection du 31 octobre, puis avaient déclaré l'institution d'un pouvoir parallèle dit de "transition" après le scrutin qu'ils ont boycotté, font l'objet d'enquêtes pour "complot contre l'autorité de l'Etat", "mouvement insurrectionnel", "assassinat" et "actes de terrorisme", a déclaré le procureur d'Abidjan, Richard Adou.

Il s'agit de Maurice Kakou Guikahué, numéro deux du principal parti d'opposition, "interpellé le 3 novembre", du porte-parole de l'opposition et ancien Premier ministre Pascal Affi N'Guessan, et de l'ancien ministre Abdallah Mabri Toikeusse. Ces deux derniers sont "en fuite et activement recherchés", selon le procureur.

M. Mabri Toikeusse se dit pourtant bloqué à son domicile par les forces de l'ordre. Quant à Pascal Affi N'Guessan, dont la résidence a été fouillée jeudi sans succès par la police selon un de ses proches, il "n'est pas en fuite", mais "a dû se retirer de son domicile pour des questions de sécurité", d'après son porte-parole Issiaka Sangaré.

L'ancien chef de l'Etat Henri Konan Bédié, proclamé par l'opposition "président" de son "Conseil national de transition" (CNT) lundi, "n'est pas en état d'arrestation", ni assigné à résidence, a indiqué le procureur, précisant que les forces de l'ordre ont bloqué son domicile pour "mettre fin au trouble à l'ordre public".

"Bédié est ménagé parce qu'il est une icône pour les Baoulé", un des principaux peuples de Côte d'Ivoire, a expliqué à l'AFP une source proche du pouvoir. 

"Les actes perpétrés et commandités par les promoteurs de cet organe (le CNT) avaient pour finalité d'attenter à l'autorité de l'Etat afin de parvenir au renversement des institutions de la République", a estimé le procureur, précisant en être "encore au stade de l'enquête préliminaire et de l'information judiciaire", aucune inculpation n'ayant prononcée à ce stade.

Alassane Ouattara, 78 ans, a été proclamé mardi réélu pour un troisième mandat par la commission électorale. Mais l'opposition, dirigée par M. Bédié, conteste ce troisième mandat qu'elle juge inconstitutionnel.

"Réalité parallèle"

Le chapelet d'accusations déroulé par Richard Adou vise les violences commises avant et après l'élection présidentielle, qui ont fait au total une quarantaine de morts, notamment dans des affrontements interethniques.

L'opposition, qui n'a toujours pas baissé la garde dans son combat face au régime Ouattara, semblait vendredi de plus en plus isolée, selon des analystes.

"Le CNT est vraiment isolé. Il n'y a pas eu de manifestation de militants contre le blocus des dirigeants. Ils ne sont pas suivis par la communauté internationale", qui a appelé l'opposition à respecter l'ordre constitutionnel, "leur démarche est perçue comme une aventure sans issue", selon l'analyste politique Sylvain N'Guessan.

"Il n'est pas sûr qu'ils n'aient aucun soutien populaire", tempère l'analyste Rodrigue Koné, "mais la population ne veut pas revivre la crise post-électorale de 2010-11 avec deux présidents et deux gouvernements", qui avait abouti à une guerre civile de quatre mois avec 3.000 morts.

Selon des sources diplomatique et proche du pouvoir, aucune avancée n'a été enregistrée vendredi dans les négociations en coulisses entre pouvoir et opposition.

"L'opposition semble évoluer dans une réalité parallèle", a déploré la source diplomatique.

M. Mabri Toikeusse a lancé dans la nuit via twitter une déclaration au nom du CNT appelant à "intensifier la mise en oeuvre des mots d'ordre déjà lancés", sans plus de précision.

Un appel à l'insurrection lancé mercredi de l'étranger par l'ancien chef de la rébellion et ex-Premier ministre Guillaume Soro n'a apparemment eu aucun écho en Côte d'Ivoire, où l'activité a repris normalement presque partout depuis jeudi.  

Un opérateur économique de Duékoué (ouest) dans le cacao, principal secteur économique ivoirien, s'inquiétait cependant après l'annonce des poursuites judiciaires contre les opposants : "Le pouvoir a intérêt à mettre de l'eau dans son vin pour apaiser la situation au lieu de l'enflammer".


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.