«Nous avons le savoir pour sauver la planète», affirment les indigènes

Des hommes sont vus sur une zone brûlée de la forêt amazonienne à Apui, dans le sud de l'État d'Amazonas, au Brésil, le 21 septembre 2022. Selon l'Institut national de la recherche spatiale (INPE), les points chauds de la région amazonienne ont connu une augmentation record au cours de la première moitié de septembre, la moyenne pour le mois étant de 1 400 incendies par jour. (Photo de Michael Dantas / AFP)
Des hommes sont vus sur une zone brûlée de la forêt amazonienne à Apui, dans le sud de l'État d'Amazonas, au Brésil, le 21 septembre 2022. Selon l'Institut national de la recherche spatiale (INPE), les points chauds de la région amazonienne ont connu une augmentation record au cours de la première moitié de septembre, la moyenne pour le mois étant de 1 400 incendies par jour. (Photo de Michael Dantas / AFP)
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Publié le Samedi 24 septembre 2022

«Nous avons le savoir pour sauver la planète», affirment les indigènes

  • Quelque 80% des forêts tropicales de la planète - environ 800 millions d'hectares - se trouvent sur des territoires indigènes, selon les organisations qui les défendent
  • Les représentants des peuples autochtones se plaignent que les ressources convenues lors des réunions sur le climat leur parviennent à peine

NEW YORK : Uyukar Domingo Peas, un indigène équatorien, regrette que malgré l'urgence de la crise climatique, des Etats et des entreprises continuent de détruire l'Amazonie et ne recourent pas aux savoirs ancestraux des peuples autochtones pour sauver la planète.

«L'Amazonie doit rester intacte pour la jeunesse et le reste de l'humanité», déclare à l'AFP cet homme de 58 ans de la nation achuar, qui lutte depuis trois décennies contre la destruction des forêts.

S'il existe encore des «réservoirs de ressources naturelles», c'est «parce que nous les avons protégés pendant des milliers d'années», ajoute-t-il, dans le cadre de la Semaine de l'environnement.

Il s'agit d'une série d'événements indépendants auxquels participent des peuples autochtones du monde entier, organisés à New York en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, où des dirigeants de la planète ont plaidé en faveur de mesures pour arrêter le changement climatique.

Quelque 80% des forêts tropicales de la planète -- environ 800 millions d'hectares -- se trouvent sur des territoires indigènes, selon les organisations qui les défendent.

Les indigènes accusent le «capitalisme» d'avoir causé la destruction de leurs forêts.

Mais Uyukar Domingo Peas réclame des fonds pour mener à bien l'initiative dite du Bassin sacré territoires de vie, qui vise à protéger 35 millions d'hectares (la taille de l'Italie) dans la forêt amazonienne du Pérou et de l'Equateur, et abrite 30 peuples autochtones avec 600.000 habitants.

Il espère que les neuf pays qui se partagent l'Amazonie -- poumon de la planète avec près de 300 millions d'hectares, 3 millions d'habitants regroupés dans plus de 500 peuples et autant de langues --, rejoindront également cette initiative.

- Economie solidaire -

«Nous voulons que les entreprises et les banques arrêtent d'investir pour l'argent et investissent pour le bien commun» car «le changement climatique nuit à chaque être humain», dit-il. «L'économie doit être solidaire», souligne Uyukar Domingo Peas.

Il prône une «nouvelle bioéconomie», avec de nouvelles sources d'énergie, des programmes touristiques, des produits à valeur ajoutée pour s'assurer que les jeunes autochtones n'émigrent pas vers les villes.

«Nous voulons prendre soin de la jungle et vivre de la jungle», assure-t-il.

Par rapport aux sommes importantes nécessaires aux projets pétroliers et miniers qui polluent leurs terres et leurs rivières, son initiative nécessite 19 millions de dollars sur 10 ans.

«La Terre Mère ne s'attend pas à ce que nous la sauvions, elle attend de nous que nous la respections!», clame pour sa part le chef équatorien de la nation waorani, Nemonte Nenquimo.

- «Où va l'argent?» -

La pandémie de Covid et «l'hystérie collective des pays qui dépendent du pétrole» à la suite du conflit en Ukraine ont porté un coup sévère à la lutte indigène pour le climat, note Levi Sucre, de la communauté Bribri, un peuple indigène vivant entre le Costa Rica et le Panama.

Avec les priorités fixées sur la relance économique, les droits des indigènes «ont régressé de manière alarmante ces deux, trois dernières années», explique-t-il à l'AFP.

Il affirme que cas le plus alarmant est celui du Brésil, où le gouvernement «ignore délibérément les peuples indigènes».

Les représentants des peuples autochtones se plaignent que les ressources convenues lors des réunions sur le climat leur parviennent à peine. Monica Kristiani Ndoen, une jeune leader indigène indonésienne, a rappelé cette semaine que «le défi est d'accéder directement aux fonds pour le climat».

«La question est de savoir où va l'argent», s'est-elle interrogée.

Pour le Vénézuélien Gregorio Díaz Mirabal, responsable d'une association regroupant des organisations indigènes du bassin amazonien (Coica), le problème est que «nous ne sommes pas présents dans les réunions où les décisions sont prises».

«Si vous voulez que nous continuions à fournir de l'oxygène, des rivières, des forêts, de l'eau potable, respectez notre maison», lance-t-il.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com