QUITO: La police équatorienne a annoncé dimanche la réquisition de la Maison de la Culture équatorienne, un centre culturel indigène à Quito, afin d'en faire une base de contrôle des manifestations antigouvernementales des indigènes.
"La police nationale a notifié la réquisition du lieu, en vertu de l'état d'urgence", a déclaré l'institution.
Le président Guillermo Lasso avait déclaré vendredi l'état d'urgence dans trois provinces, dont celle de la capitale, après des violences lors de manifestations. L'état d'urgence permet de mobiliser les forces armées pour maintenir l'ordre, suspendre les droit des citoyens et instaurer des couvre-feux.
La Confédération des nationalités indigènes (Conaie, opposition), qui a participé aux soulèvements qui ont renversé trois présidents entre 1997 et 2005, a appelé à des manifestations pour réclamer une baisse des prix du carburant. La communauté indigène représente plus d'un million des 17,7 millions d'habitants de l'Équateur.
Les prix du carburant ont fortement augmenté en Equateur depuis 2020, passant de 1 à 1,90 dollar par gallon (3,8 litres) pour le diesel et de 1,75 à 2,55 dollars pour l'essence.
Le mouvement de protestation, auquel se sont joints des étudiants et des travailleurs, a entraîné le blocage de l'accès à deux principaux marchés d'approvisionnement de Quito.
La Maison de la Culture équatorienne, qui abrite des théâtres, des cinémas, un musée et une bibliothèque, a été réquisitionnée à la veille de l'arrivée annoncée d'indigènes dans la capitale, où un couvre-feu nocturne de sept heures est en vigueur.
Le bâtiment de ce centre culturel avait abrité des milliers d'indigènes en octobre 2019, lors de violentes manifestations contre la hausse des prix du carburant qui ont fait 11 morts et plus de 1 000 blessés. Des journalistes et des policiers y avaient été temporairement retenus.
"La police nationale et des militaires sont entrés" dans le bâtiment et "des centaines d'éléments armés en font le siège", a fait savoir la Maison de la Culture équatorienne dans un communiqué.
"Cette nuit, la joie est morte, la Maison de la Culture est tombée aux mains de la terreur policière, nous vivons en dictature", a tweeté le président de l'organisme, Fernando Ceron.
Le mouvement lancé lundi dernier a fait des dizaines de blessés, et des dizaines de personnes ont été interpellées.