BEYROUTH : Le Fonds monétaire international (FMI) a dénoncé mercredi la lenteur des autorités libanaises dans la mise en place de réformes nécessaires pour débloquer une aide financière au Liban, plongé dans une crise socio-économique sans précédent.
Le FMI a annoncé en avril un accord de principe avec Beyrouth pour une aide de trois milliards de dollars, échelonnée sur quatre ans mais conditionnée à la mise en oeuvre de réformes cruciales.
Parmi ces réformes, l'approbation par le Parlement du budget 2022, la réforme de la loi sur le secret bancaire, la restructuration du secteur bancaire et une loi sur le contrôle des capitaux.
"La majorité des réformes n'ont pas été mises en oeuvre (...)", a indiqué Ernesto Ramirez Rigo, le chef de mission du FMI, au terme de sa visite de trois jours au Liban à la tête d'une délégation de l'organisation internationale.
Dans un communiqué, il a averti que ce "retard pourrait se révéler coûteux pour le pays et la population".
"Malgré une urgence de passer à l'action pour faire face à la profonde crise, la mise en oeuvre des réformes (...) reste très lente", et ces "réformes sont nécessaires pour que le FMI étudie un plan financier" pour aider le Liban, a-t-il dit.
Le ministre libanais de l'Economie par intérim, Amine Salam, a déclaré à l'AFP qu'une délégation du FMI est de nouveau attendue à Beyrouth en octobre, tout en estimant nécessaire de "promulguer au plus vite les réformes demandées, avant la présidentielle".
Celle-ci est prévue en novembre, après l'expiration le 31 octobre du mandat de six ans de l'ex-général Michel Aoun, 87 ans, mais plusieurs experts prédisent un report du scrutin en raison de fortes divergences politiques.
Le Premier ministre désigné Najib Mikati n'a toujours pas réussi à former un nouveau gouvernement après les législatives de mai dernier, en raison de querelles politiciennes.
La semaine dernière, une séance parlementaire pour approuver le budget 2022 a été ajournée au 26 septembre, faute de quorum.
Depuis 2019, le Liban est plongé dans une profonde crise économique imputée par une grande partie de la population à la mauvaise gestion, la corruption, la négligence et l'inertie d'une classe dirigeante en place depuis des décennies.
La crise s'est caractérisée par des restrictions bancaires draconiennes empêchant les épargnants d'avoir librement accès à leur argent, tandis que la monnaie locale a perdu plus de 90% de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir.