ISLAMABAD : La malnutrition et les maladies transmises par l'eau, conséquences des inondations qui ont frappé le Pakistan cet été, pourraient s'avérer plus meurtrières que ces dernières, ont prévenu mercredi des responsables de l'ONU.
Causées par des pluies de mousson diluviennes, dont l'intensité a été accrue par le réchauffement climatique selon les experts, ces inondations ont recouvert un tiers du Pakistan et provoqué la mort de près de 1 600 personnes depuis juin, selon le dernier bilan officiel.
Plus de sept millions de personnes ont été déplacées, beaucoup vivant depuis dans des camps de fortune sans protection contre les moustiques et où manquent l'eau potable et les installations sanitaires.
Le Pakistan est sous la menace d'un "second désastre" provoqué par des maladies comme la dengue, le paludisme, le choléra, la diarrhée, ou par la malnutrition, a mis en garde mercredi Julien Harneis, coordinateur humanitaire des Nations unies dans le pays.
"Ma préoccupation est que la mortalité causée par les maladies transmises par l'eau, (ou) par la malnutrition, sera plus élevée que ce que nous avons vu jusqu'ici", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Islamabad.
"C'est une évaluation sobre mais réaliste", a-t-il ajouté.
Environ 33 millions de personnes ont été touchées par ces inondations, qui ont détruit environ deux millions d'habitations et de locaux commerciaux, emporté 7.000 kilomètres de routes et fait s'effondrer 500 ponts.
De larges portions du pays, principalement dans la province méridionale du Sind, restent toujours inondées.
Plus de 6 000 cas de dengue y ont été recensés depuis le début de l'année - pour moitié pendant le seul mois de septembre -, soit déjà presque le total de l'année 2021, selon les autorités de la province.
"500 enfants sont morts des conséquences directes des inondations", a indiqué lors de la même conférence de presse le chef des opérations du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) au Pakistan, Scott Whoolery.
La crise sanitaire ne menace pas seulement "des centaines" mais "des milliers" de gens, a-t-il souligné. Et "pour beaucoup d'entre eux, nous ne le saurons jamais, ils ne seront pas comptabilisés".
L'ONU avait lancé fin août un appel au don de 160 millions de dollars pour financer un plan d'urgence sur les six prochains mois.
Cet appel a été entendu et les promesses de dons dépassent ce montant, si bien que l'organisation entend désormais relever son objectif initial.
"L'absolue priorité est de faire face à la crise sanitaire qui frappe en ce moment les districts affectés par les inondations", a insisté M. Harneis.