#StopTheSteal, offensive virale du camp Trump pour décrédibiliser l'élection

Contre la désinformation, les faits ont souvent peu de poids: une fois à l'air libre, les idées, même infondées, s'impriment souvent dans les esprits et entachent de soupçons les personnes ou les processus démocratiques concernés. (AFP).
Contre la désinformation, les faits ont souvent peu de poids: une fois à l'air libre, les idées, même infondées, s'impriment souvent dans les esprits et entachent de soupçons les personnes ou les processus démocratiques concernés. (AFP).
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Publié le Vendredi 06 novembre 2020

#StopTheSteal, offensive virale du camp Trump pour décrédibiliser l'élection

  • Une page Facebook avec quelque 350 000 membres et un mot-dièse devenu viral en 48 heures: sous le mot d'ordre #StopTheSteal ("Stop au vol"), le camp pro-Trump a propagé rapidement la théorie selon laquelle les démocrates voudraient "voler l'élection"
  • Lancée dans un comté de l'Arizona, la thèse - très vite démentie par les responsables locaux - s'est rapidement propagée au point que des manifestants se sont retrouvés mercredi soir devant le bureau des élections de ce comté pour exiger un recomptage

NEW YORK : Une page Facebook avec quelque 350 000 membres et un mot-dièse devenu viral en quarante-huit heures: sous le mot d'ordre #StopTheSteal («Stop au vol»), le camp pro-Trump a propagé rapidement la théorie sans fondement selon laquelle les démocrates voudraient «voler l'élection» présidentielle via des fraudes électorales massives. 

La fausse rumeur s'est répandue comme une trainée de poudre depuis le 3 novembre, quand le président a relancé l'idée d'une tentative démocrate de «voler l'élection» sur son compte Twitter aux 88 millions d'abonnés.

La thèse a immédiatement été reprise par de puissants «influenceurs» de son camp, tels son fils Donald Trump Jr., très actif sur les réseaux (6 millions d'abonnés sur Twitter), Elizabeth Harrington, porte-parole du parti républicain, ou des porte-voix moins connus comme Chris Barron.

Le mot d'ordre – déjà utilisé par les républicains lors des législatives de 2018 – déclenche rapidement des appels à des actions concrètes.

La page Facebook «Stop The Steal», qui comptait quelque 350 000 membres jeudi, énumérait une série d'évènements – surtout des manifestations dans les États clés où le suspense sur le vainqueur persiste, de la Géorgie au Nevada en passant par la Pennsylvanie. Des rassemblements qui se sont effectivement multipliés à travers les États-Unis depuis mercredi.

Ces appels à passer à l'acte – accompagnés parfois d'allusions violentes, notamment via le mot-dièse #civilwar (guerre civile) – ont poussé les partisans de Joe Biden et la société civile à tirer la sonnette d'alarme et à appeler Facebook à fermer cette page. Ce qui a été fait, jeudi à la mi-journée. 

«Censure»

«Etant donné les mesures exceptionnelles que nous prenons pendant cette période de tensions, nous avons retiré le groupe “Stop the steal”, qui organisait des événements dans le monde réel», a indiqué un porte-parole du groupe californien.

«Ce groupe était constitué autour de la délégitimation du processus électoral, et nous avons vu de préoccupants appels à la violence de la part de certains membres du groupe», a ajouté le porte-parole.

Les partisans du président ont, sans surprise, immédiatement crié à la «censure», dénonçant la disparition de cette page lancée par le groupe pro-Trump «Women for America First» («Les femmes pour l'Amérique d'abord»).

«Facebook a fermé la page “Stop the Steal” qui comptait 365 000 membres: les réseaux sociaux traitaient-ils de la même façon “Black Lives Matter”?», lançait notamment Chris Barron, dans un message retweeté par Donald Trump Jr.

Pour Emily Dreyfuss, du Shorenstein Center spécialisé dans l'observation des médias, «Stop the Steal» s'est avéré d'autant plus efficace que l'expression réduit «la question super complexe» du collège électoral et du dépouillement à un «message simple et orienté».

Comme un précédent mot d'ordre trumpiste #BidenCrimeFamily, qui accusait Joe Biden et sa famille d'activités criminelles aussi diverses qu'infondées, «StopTheSteal» est «une campagne de manipulation des médias» bien organisée, dont l'impulsion est venue d'influents responsables du camp Trump plutôt que de la base, analyse-t-elle.

"Comme QAnon"

Personne ne s'attend à ce que la fermeture de la page Facebook sonne la fin de cette campagne. 

L'expression "Stop the steal" était toujours abondamment utilisée jeudi soir sur Twitter, et servait aussi de slogan dans des manifestations filmées ou diffusées en direct, images qui tournent ensuite sur les réseaux sociaux, explique Renee DiResta, chercheuse au Stanford Internet Observatory, qui suit la désinformation en ligne.

«Cela pose de vrais défis aux plates-formes», même si elles luttent beaucoup plus agressivement contre la désinformation qu'en 2016, dit-elle.

La campagne «Stop the Steal» est alimentée par de nombreuses théories farfelues, qui enflamment les réseaux depuis mardi, comme celle du #Sharpiegate, en référence aux stylos américains de la marque Sharpie.

À en croire ceux qui la propagent, l'utilisation de ces stylos-feutre – très courants aux États-Unis – pour remplir les bulletins de vote suffirait à les rendre illisibles par les machines de comptage et donc à les invalider.

Lancée dans un comté de l'Arizona, la thèse – très vite démentie par les responsables locaux – s'est rapidement propagée au point que des manifestants se sont retrouvés mercredi soir devant le bureau des élections de ce comté pour exiger un recomptage.

Contre la désinformation, les faits ont souvent peu de poids: une fois à l'air libre, les idées, même infondées, s'impriment souvent dans les esprits et entachent de soupçons les personnes ou les processus démocratiques concernés.

Ces théories risquent donc de continuer à prospérer après l'élection, selon Alex Stamos, directeur du Stanford Internet Observatory, et de se répandre «comme les théories conspirationnistes de QAnon», mouvance d'extrême droite qui présente Donald Trump comme menant une guerre secrète contre les élites mondiales, truffées de pédophiles satanistes.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.