IZIOUM: Plus de 440 tombes et une fosse commune de victimes de la guerre russo-ukrainienne ont été retrouvées cette semaine près d'Izioum au milieu d'une forêt de pins en lisière de la ville.
Certains corps, les mains liées, portaient des traces de mauvais traitements. Des enquêteurs ukrainiens ont entamé leurs investigations vendredi. Voici ce que l'on sait sur ces découvertes:
Qu'a-t-on trouvé sur place?
Jeudi soir, le président Volodymyr Zelensky a annoncé la découverte d'une "fosse commune" à Izioum. Et 440 tombes datant de mars à septembre 2022 ont aussi été découvertes dans le même cimetière.
Sur place, au moins 17 corps de soldats ukrainiens enterrés dans la fosse commune ont été exhumés. Sur une croix au-dessus de la fosse figurait l'inscription "armée ukrainienne 17 personnes. Izioum, de la morgue".
Par ailleurs, les autorités ont annoncé le chiffre de plus de 440 tombes, car le dernier numéro inscrit sur les croix est le 445, a constaté l'AFP.
Ces numéros sont inscrits en grande partie sur des croix sommaires en bois brut.
D'autres croix portant aussi des numéros faisant partie de la série, sont en bois verni, plus élaborées. Elles portent aussi des noms et des dates.
Environ une centaine des corps se trouvant dans ces tombes avaient déjà été exhumés dimanche, selon les enquêteurs.
Torturés ou victimes des combats?
Les autorités ukrainiennes soupçonnent que certains des corps retrouvés sont ceux de personnes ayant été torturées par les forces d'occupation russes.
Au moins deux des corps déjà exhumés ont été retrouvés les mains liées, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'un de ces deux corps "a les mains liées, sa mâchoire cassée et deux blessures par arme blanche dans le dos", a dit à l'AFP un membre de l'équipe du parquet de Kharkiv en charge de l'enquête sous couvert d'anonymat. Selon lui, l'homme enterré a été identifié comme ancien combattant volontaire pro-ukrainien.
D'autres cadavres sont ceux de civils tués dans des bombardements, notamment en mars lors des combats pour la prise de la ville par les Russes.
Parmi ces corps figurent par exemple ceux de trois membres de la famille de Volodymyr Kolesnyk, morts lors du bombardement de leur immeuble le 9 mars.
Sa tante, son cousin et la femme de ce dernier sont morts et ont été transportés au cimetière par les pompes funèbres, a indiqué à l'AFP M. Kolesnyk, un habitant d'Izioum.
Où en est l'enquête?
Une dizaine d'équipes de quatre personnes (un procureur, un enquêteur, deux experts), étaient à pied d'oeuvre dimanche. Des secouristes en tenue blanche étaient chargés des exhumations.
Ievguen Sokolov, un procureur de Kharkiv en charge de l'enquête, dit ne pas avoir le nombre exact de morts violentes: "une fois que nous aurons terminé avec les exhumations, nous ferons le compte".
La plupart des corps exhumés "ont des blessures liées aux bombardements et aux explosions. Et d'autres ont des blessures résultant d'objets tranchants", a-t-il précisé.
Parmi les cadavres exhumés, il y a "un soldat avec les mains attachées derrière le dos, un autre avec une corde autour du cou et les membres cassés", a souligné le responsable.
"A ce stade, nous n'avons pas de corps ayant des balles dans le crâne, mais il reste beaucoup de travail à faire", a-t-il assuré.
Le procureur estime que le travail d'exhumation devrait être terminé d'ici une semaine, si la météo est suffisamment clémente.
Selon M. Sokolov, la plupart des corps sont ceux de personnes d'Izioum. Les familles qui viendront pourront identifier leur proches. Pour les autres, des tests ADN seront pratiqués.