Ukraine: la présidence de l'UE réclame un tribunal spécial pour Izioum, les combats continuent

Des techniciens légistes creusent une tombe dans une forêt à la périphérie d'Izyum, dans l'est de l'Ukraine, le 16 septembre 2022. (Photo, AFP)
Des techniciens légistes creusent une tombe dans une forêt à la périphérie d'Izyum, dans l'est de l'Ukraine, le 16 septembre 2022. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 18 septembre 2022

Ukraine: la présidence de l'UE réclame un tribunal spécial pour Izioum, les combats continuent

Des techniciens légistes creusent une tombe dans une forêt à la périphérie d'Izyum, dans l'est de l'Ukraine, le 16 septembre 2022. (Photo, AFP)
  • L'appel fait suite à la découverte d'environ 450 tombes en périphérie d'Izioum, une ville de l'est de l'Ukraine reprise aux Russes la semaine dernière, certains des corps exhumés présentant des signes de torture
  • «Au XXIe siècle, de telles attaques contre la population civile sont impensables et odieuses», a déclaré le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky

KOUPIANSK : La présidence tchèque de l'UE a appelé samedi à la création d'un tribunal international spécial après la découverte de centaines de corps enterrés près d'Izioum, ville reprise aux Russes dans l'est de l'Ukraine, où les combats continuent.

"Au XXIe siècle, de telles attaques contre la population civile sont impensables et odieuses", a déclaré samedi sur Twitter le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne. "J'appelle à la création rapide d'un tribunal international spécial".

Les autorités ukrainiennes ont fait état vendredi de "450 corps de civils portant des traces de mort violente et de torture" enterrés dans un bois à la périphérie d'Izioum.

"Nous savons que certains ont été tués (abattus), d'autres sont morts à cause de tirs d'artillerie, de traumatismes dus à l'explosion de mines. Certains sont morts dans des frappes aériennes" et "de nombreux corps n'ont pas encore été identifiés", a expliqué Serguiï Botvinov, un responsable de la police régionale.

Dans son allocution quotidienne le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé samedi soir que "le processus d'exhumation se poursuit". "De nouvelles preuves de torture ont été trouvées", a-t-il ajouté.

Un journaliste de l'AFP a pu voir sur le site au moins un corps avec les mains liées avec une corde.

"Plus de 10 chambres de torture ont déjà été découvertes dans différentes villes libérées dans la région de Kharkiv" (nord-ouest), où se trouve Izioum, selon M. Zelensky. "La torture était une pratique très répandue dans les territoires occupés".

"C'est ce que faisaient les nazis. C'est ce que font les ruscistes" (fascistes russes), a-t-il ajouté, promettant de retrouver les responsables "sur le champ de bataille et au tribunal".

Le chargé des droits humains ukrainien, Dmytro Loubinets, a évoqué "probablement plus de 1.000 citoyens ukrainiens torturés et tués dans les territoires libérés".

L'annonce de cette découverte macabre a soulevé une nouvelle vague d'indignation en Occident, un peu plus de cinq mois après que l'armée russe, chassée des environs de Kiev, avait laissé derrière elle des centaines de cadavres de civils, dont un certain nombre portaient des traces de tortures et d'exécutions sommaires, notamment dans la localité de Boutcha.

«Le monde doit réagir»

"Le monde doit réagir à tout ça. La Russie a répété à Izioum ce qu'elle avait fait à Boutcha", avait affirmé M. Zelensky dans un message vidéo vendredi soir, se félicitant que l'ONU ait annoncé dépêcher une équipe d'enquêteurs sur place.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont fait part de leur indignation, tenant pour responsable la direction russe qui, a assuré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, devra "rendre des comptes".

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré souhaiter la comparution du président russe Vladimir Poutine devant la justice internationale pour crimes de guerre.

Avertissement de Biden

Le président américain Joe Biden a de son côté une nouvelle fois mis en garde son homologue russe contre l'utilisation d'armes chimiques ou nucléaires en Ukraine.

"Cela changerait le cours de la guerre, comme jamais depuis la Seconde Guerre mondiale (...) Ne le faites pas, ne le faites pas, ne le faites pas", a enjoint M. Biden sur CBS, promettant une réponse "conséquente" des Etats-Unis si cette étape venait à être franchie.

Sur le terrain, où les forces ukrainiennes armées par les Occidentaux ont repris des milliers de km2 à la faveur d'une contre-offensive dans le nord-est, combats et bombardements continuent.

A Koupiansk, reprise la semaine dernière par les forces ukrainiennes, les affrontements se poursuivent avec l’armée russe retranchée du côté est de la rivière Oskil, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Des tirs d’artillerie résonnent dans toute la ville partiellement détruite par les combats, et de rares habitants s'aventurent dans les rues où circulent militaires ukrainiens et volontaires.

Les policiers ukrainiens n'avaient pas encore réinvesti le commissariat, endommagé et en désordre, devant lequel gît au sol un drapeau rouge déchiré de l'armée russe.

Selon un communiqué de l'état-major ukrainien, "l'ennemi a mené au cours de la journée quatre frappes de missiles et 15 frappes aériennes, ainsi que plus de 20 frappes de lance-roquettes multiples sur des sites civils et militaires en Ukraine".

Dans la région de Kharkiv, une fillette de 11 ans a été tuée par des tirs de missiles russes sur la localité de Tchouïguiv, a indiqué le gouverneur Oleg Synegoubov.

Centrale bombardée

Une centrale thermique a été "bombardée par les envahisseurs russes" samedi matin à Mykolaïvka, a affirmé Pavlo Kyrylenko, le gouverneur de la région de Donetsk (est), sur Telegram, indiquant que les pompiers ukrainiens combattaient le feu et que le bombardement avait entraîné des coupures d'eau potable.

"Les occupants visent délibérément les infrastructures dans la région pour essayer d'infliger le plus de dommages possibles, en premier lieu à la population civile", a-t-il accusé.

Il avait auparavant fait état de deux civils tués et 11 blessés dans les dernières 24 heures par les tirs russes.

Dans la région voisine de Dnipropetrovsk, "les Russes ont tiré toute la nuit sur le district de Nikopol avec des Grad (lance-roquettes multiples) et de l'artillerie lourde", a affirmé le gouverneur local Valentin Reznitchenko, indiquant qu'il n'y avait pas de victimes mais des dégâts matériels importants.

Selon le chef de l'assemblée locale, Mykola Loukachouk, des tirs russes ont cependant fait deux morts et trois blessés dans les dernières 24 heures.

Au sud, "une personne est morte à Dmitrivka après des bombardements ennemis", a affirmé le gouverneur de la région de Mykolaïv, Vitali Kim.

L'armée russe, qui nie viser des infrastructures civiles ou des zones d'habitation, affirme avoir mené des frappes de "haute précision" contre des positions ukrainiennes dans les régions de Mykolaïv et de Kharkiv.

Quant à la centrale nucléaire de Zaporijjia, enjeu ces dernières semaines d'affrontements entre Russes et Ukrainiens qui avaient entraîné l'arrêt de tous ses réacteurs, elle a été reconnectée au réseau ukrainien, ce qui permet de sécuriser le refroidissement des installations, a annoncé samedi l'Agence inernationale de l'énergie atomique (AIEA).

A Kiev, samedi, des centaines d'Ukrainiens participaient à l'opéra national à une cérémonie d'adieux à l'ancien danseur soliste puis pédagogue Oleksandr Chapoval, tué par un tir de mortier le 12 septembre à 47 ans dans l'est du pays, où il s'était engagé pour combattre les Russes.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.