Afghanistan: Depuis le retour des talibans, l’égalité des sexes en chute libre

Des combattants talibans tirent en l'air pour disperser des manifestantes afghanes à Kaboul, le 13 août 2022 (Photo, AFP).
Des combattants talibans tirent en l'air pour disperser des manifestantes afghanes à Kaboul, le 13 août 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 19 septembre 2022

Afghanistan: Depuis le retour des talibans, l’égalité des sexes en chute libre

  • Des décennies d'acquis anéantis en quelques mois depuis la prise de pouvoir par les talibans en août 2021
  • Les femmes dans le monde ont perdu environ 800 milliards de dollars de revenus en 2020 à cause de la pandémie

NEW YORK/BOGOTA, Colombie: Depuis que les talibans se sont emparés de Kaboul en août 2021, deux décennies de progrès en matière d'éducation, d'emploi et d'autonomisation des femmes dans la vie publique afghane ont été considérablement réduites, ce qui a conduit à des appels à la communauté internationale pour accroître la pression sur le régime.

S'exprimant lors d'une récente conférence de presse des Nations unies, Naheed Farid, une militante afghane des droits des femmes qui a été la plus jeune femme politique à être élue au parlement du pays en 2010, a exhorté les dirigeants mondiaux à qualifier les talibans de régime «d'apartheid des genres».

Naheed Farid, militante afghane des droits des femmes, s'exprime lors d'une conférence des Nations unies sur les droits des femmes. (Photo fournie)

«Les femmes afghanes vivent l'une des plus grandes crises des droits de l'homme dans le monde et dans l'histoire des droits de l'homme. Ce qui se passe en Afghanistan, c'est l'apartheid des genres», a déclaré Farid aux journalistes à New York le 12 septembre.

«Je ne suis pas la première à le dire. Mais l'inaction de la communauté internationale et des décideurs en général fait qu'il est important pour nous tous de le répéter chaque fois que nous le pouvons.»

Tout comme en Afrique du Sud dans les années 1980 et 1990, Mme Farid a déclaré que l'étiquette d'apartheid pourrait être un catalyseur de changement en Afghanistan, où de sévères restrictions ont été imposées sur les mouvements des femmes, leur droit au travail et leur accès à l'éducation depuis que les talibans ont pris le pouvoir.

L'Organisation de la coopération islamique et les autres organismes multilatéraux doivent amener les talibans à respecter les questions relatives aux femmes et aux droits de l'homme, déclare la militante Naheed Farid. (Photo fournie)

Lorsque les dirigeants mondiaux se réuniront pour l'Assemblée générale des Nations unies à New York, a déclaré Mme Farid, ils devront s'entretenir avec les femmes afghanes vivant en exil et tenter de saisir la gravité de la situation que subissent les femmes et les filles en Afghanistan.

«Toutes les femmes afghanes, où qu'elles se trouvent, se sentent abandonnées par la communauté internationale, ont l'impression que leur voix n'est pas entendue et que leurs demandes ne sont pas prises en compte dans les discussions et les politiques qui ont un impact sur l'avenir de leur pays», a-t-elle déclaré.

Mme Farid a appelé l'Organisation de la coopération islamique et d'autres organismes multilatéraux à créer une plateforme permettant aux femmes afghanes de négocier directement avec les talibans sur les questions relatives aux droits des femmes et aux droits de l'homme.

S'exprimant également lors de la conférence de presse, Najiba Sanjar, féministe afghane et militante des droits de l'homme, a exhorté les gouvernements à maintenir les sanctions à l'encontre des talibans, à bannir les représentants du groupe des Nations unies et à faire en sorte que toutes les délégations rencontrant des responsables du régime comprennent des femmes.

«Il est nécessaire de s'engager auprès des talibans pour protéger les droits des femmes en Afghanistan, mais cet engagement ne doit pas se faire à huis clos, en l'absence des femmes afghanes», a déclaré Mme Sanjar.

«Deuxièmement, l'engagement avec les talibans ne doit pas donner de légitimité et de reconnaissance aux talibans. Et, comme toujours, surtout ce mois-ci avant que le monde ne se réunisse pour l'Assemblée générale des Nations unies, nous demandons que les femmes afghanes ne soient pas oubliées, ni réduites au silence, ni abandonnées comme dommages collatéraux des promesses non tenues par le monde.»

Selon un nouveau rapport des Nations unies, il faudra peut-être attendre des siècles avant de parvenir à une égalité totale entre les sexes dans le monde entier, car les multiples crises mondiales et les réactions hostiles aux droits des femmes n'ont fait qu'accentuer les disparités existantes.

D'ici fin 2022, environ 383 millions de femmes et de filles vivront dans l'extrême pauvreté, contre 368 millions d'hommes et de garçons, selon un rapport de l'ONU (Photo, AFP).

En 2015, l'ONU a lancé les Objectifs de développement durable (ODD) – un ensemble d'aspirations couvrant tous les aspects, de l'élimination de la faim à l'accès à l'éducation pour tous – à atteindre d'ici 2030. Parmi eux figure l'objectif de l'égalité des sexes.

Cependant, selon le rapport de l'ONU, intitulé «Progress on the Sustainable Development Goals: The Gender Snapshot 2022», compilé par ONU Femmes et le Département des affaires économiques et sociales de l'ONU (DAES), il est peu probable que cet objectif soit atteint au cours de ce siècle, et encore moins à la fin de la décennie.

Au rythme actuel des progrès, le rapport estime qu'il faudra jusqu'à 286 ans pour combler les lacunes en matière de protection juridique et supprimer les lois discriminatoires, 140 ans pour que les femmes soient représentées de manière égale aux postes de pouvoir et de direction sur le lieu de travail, et au moins 40 ans pour parvenir à une représentation égale dans les parlements nationaux.

Pour éradiquer le mariage d'enfants d'ici 2030, le rapport indique que les progrès doivent être 17 fois plus rapides que ceux de la dernière décennie. Il souligne également un renversement de tendance dans la réduction de la pauvreté et indique que la hausse des prix risque d'exacerber cette tendance.

D'ici fin 2022, environ 383 millions de femmes et de filles vivront dans l'extrême pauvreté, contre 368 millions d'hommes et de garçons. Beaucoup d'autres auront des revenus insuffisants pour répondre aux besoins fondamentaux tels que la nourriture, les vêtements et un logement adéquat dans la plupart des régions du monde, ajoute le rapport.

«Il s'agit d'un point de basculement pour les droits des femmes et l'égalité des sexes, alors que nous nous approchons de la moitié du chemin vers 2030», a déclaré Sima Bahous, directrice exécutive d'ONU Femmes, dans un communiqué.

«Il est essentiel que nous nous mobilisions maintenant pour investir dans les femmes et les filles afin de récupérer et d'accélérer les progrès. Les données montrent des régressions indéniables dans leur vie, aggravées par les crises mondiales, en matière de revenus, de sécurité, d'éducation et de santé. Plus nous tardons à inverser cette tendance, plus elle nous coûtera cher à tous.»

Plusieurs crises qui se chevauchent ont contribué à ce renversement des droits et des opportunités pour les femmes. Par exemple, la pandémie de Covid-19 et ses répercussions économiques ont imposé un tribut disproportionné aux femmes et aux ménages dirigés par des femmes.

En 2020, les fermetures d'écoles et d'établissements préscolaires pendant la pandémie ont nécessité 672 milliards d'heures supplémentaires de garde d'enfants non rémunérées dans le monde. En supposant que la répartition des tâches entre les sexes soit restée la même qu'avant la pandémie, les femmes auraient assumé 512 milliards de ces heures.

À l'échelle mondiale, on estime que les femmes ont perdu 800 milliards de dollars de revenus en 2020 à cause de la pandémie et, malgré un rebond, leur participation aux marchés du travail devrait être inférieure en 2022 à ce qu'elle était avant la pandémie.

Dans le même temps, les conflits régionaux et l'impact du changement climatique ont déplacé des millions de personnes. Il n'y a jamais eu autant de femmes et de filles déplacées de force qu'aujourd'hui – environ 44 millions de femmes et de filles d'ici fin 2021.

Selon le rapport des Nations unies, environ 38 % des ménages dirigés par des femmes dans les zones touchées par la guerre connaîtront une insécurité alimentaire modérée ou grave en 2021, contre 20 % des ménages dirigés par des hommes.

La guerre en Ukraine n'a fait qu'aggraver cette insécurité alimentaire, provoquant une flambée des prix du pain, des huiles de cuisson et d'autres produits de base dans certains des contextes les plus vulnérables et les plus dépendants des importations dans le monde.

«Les crises mondiales en cascade mettent en péril la réalisation des ODD, les groupes de population les plus vulnérables du monde étant touchés de manière disproportionnée, en particulier les femmes et les filles», a déclaré Maria-Francesca Spatolisano, sous-secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations au DAES de l'ONU, dans un communiqué.

«L'égalité des sexes est un fondement de la réalisation de tous les ODD et elle devrait être au cœur de la reconstruction en mieux.»

Isolé sur la scène mondiale, privé d'une aide financière essentielle et affligé par la sécheresse et d'autres catastrophes naturelles, l'Afghanistan est particulièrement vulnérable à cet amalgame de crises.

Une enquête récente sur les femmes en Afghanistan, mise en avant par Sanjar lors de la conférence de presse, a révélé que 4 % seulement des femmes déclarent avoir toujours assez de nourriture pour manger, tandis qu'un quart d'entre elles affirment que leur revenu est tombé à zéro.

Les violences familiales et les féminicides auraient augmenté, et 57 % des Afghanes sont mariées avant l'âge de 19 ans, selon l'enquête. Il y a même des cas de familles qui vendent leurs filles et leurs biens pour acheter de la nourriture. 

«Nous regardons tous les souffrances des femmes, des filles et des minorités depuis les écrans de nos téléviseurs comme si un film d'action était en cours», a déclaré Sanjar aux journalistes. «Une véritable forme d'injustice se déroule sous nos yeux. Et nous regardons tous en silence et participons à ce péché en restant complaisants et en l'acceptant comme une nouvelle normalité.»

Et le traitement des femmes par les talibans pourrait aggraver la situation de l'Afghanistan dans son ensemble. À moins que les talibans ne montrent qu'ils sont disposés à assouplir leur ligne dure, en particulier sur les questions relatives aux droits des femmes, il est peu probable que le régime ait accès aux milliards de dollars d'aide, de prêts et d'actifs gelés des États-Unis, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, dont il a désespérément besoin.

En outre, selon les Nations unies, exclure les femmes du marché du travail coûte à l'Afghanistan jusqu'à 1 milliard de dollars, soit 5 % du produit intérieur brut.

«Il est plus important que jamais de maintenir la situation des femmes en Afghanistan en tête de nos priorités», a déclaré Mona Juul, représentante permanente de la Norvège auprès des Nations unies, lors de la même conférence de presse de l'ONU.

«Un an après la prise du pouvoir par les talibans, la situation des femmes et des filles s'est détériorée à une échelle et à une vitesse choquantes. Les pays, comme le mien, continueront à intervenir directement auprès des talibans pour souligner combien l'éducation des filles et la participation des femmes sont fondamentales, notamment pour répondre à la grave crise humanitaire et économique que connaît le pays.»

EN BREF

2x Les filles afghanes ont deux fois plus de risque de se coucher le ventre vide que les garçons

45 % des filles afghanes ne vont pas à l'école, contre 20 % des garçons

26 % des filles afghanes présentent des signes de dépression, contre 16 % des garçons

Source: Save the Children

Des études ont montré que chaque année supplémentaire de scolarisation peut augmenter jusqu'à 20 % les revenus d'une fille à l'âge adulte, sans compter les autres effets sur la réduction de la pauvreté, l'amélioration de la santé maternelle, la diminution de la mortalité infantile, la prévention du VIH et la réduction de la violence à l'égard des femmes.

«En Afghanistan, comme partout ailleurs dans le monde, la paix et le développement durables ne sont possibles que si les femmes participent pleinement à tous les aspects de la vie politique», a déclaré Mme Juul. «Aucun pays ne peut se permettre de laisser de côté ses femmes et ses filles.»

Pour des millions de femmes et de filles afghanes qui avaient connu un semblant de liberté sous un gouvernement reconnu par l'ONU de 2001 à 2021, l'avenir sous les talibans semble terriblement sombre.

«J'entends de plus en plus d'histoires de femmes afghanes qui choisissent de s’ôter la vie par désespoir», a déclaré Mme Farid.

«C'est l'indicateur ultime de la gravité de la situation pour les femmes et les filles afghanes – qu'elles choisissent la mort, et que cela est préférable pour elles que de vivre sous le régime des talibans.»


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.