Un dernier tour de montagnes russes pour les candidats Trump et Biden

La campagne de Trump a déjà intenté un tsunami de procès: dès que le Michigan a été remporté par Biden, l’équipe a intenté une action en justice pour tenter d'arrêter le décompte dans l'État jusqu'à ce que l'accès soit accordé aux observateurs républicains. (Photo, AP)
La campagne de Trump a déjà intenté un tsunami de procès: dès que le Michigan a été remporté par Biden, l’équipe a intenté une action en justice pour tenter d'arrêter le décompte dans l'État jusqu'à ce que l'accès soit accordé aux observateurs républicains. (Photo, AP)
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Publié le Vendredi 06 novembre 2020

Un dernier tour de montagnes russes pour les candidats Trump et Biden

  • Le dernier mot pourrait revenir aux minorités visibles dans les comtés aux résultats serrés
  • «C'est un processus d'embauche», a-t-il déclaré. «Nous devons nous assurer que les électeurs choisissent des leaders et non l'inverse»

NEW YORK: Les élections présidentielles de 2020 sont en montagnes russes pour les électeurs américains, quel que soit leur camp.

Le nombre magique de 270, et qui représente le nombre de votes dont un candidat a besoin au collège électoral pour gagner ne change pas. Mais il semble être une cible en mouvement constant pendant que le décompte du vote populaire se poursuit dans les principaux États du champ de bataille, deux jours après la clôture des urnes.

Le pourcentage des votes dans les derniers résultats est si extrêmement serré que, jeudi après-midi, l'Arizona, la Pennsylvanie, le Nevada, la Caroline du Nord et la Géorgie sont restées sans résultats définitifs.

Pour ceux qui sont perplexes devant la gymnastique mathématique impliquée dans les élections américaines, cette situation tendue devrait clarifier le raisonnement derrière le système électoral complexe. Il a en effet été conçu pour garantir que les électeurs des comtés ruraux éloignés, largement ignorés ou oubliés par les politiciens, aient autant leur mot à dire dans le choix de leur chef que ceux des États immenses et très peuplés comme New York ou la Californie.

Plus de 140 millions de votes ont été comptabilisés et le résultat sera déterminé par environ 1 million de votes qui restent à compter en Pennsylvanie, 400000 en Géorgie, où la marge entre Trump et Biden est très mince, et 400000 en Arizona.

Les yeux des Américains, et du monde entier, sont désormais tournés vers des comtés dont les noms vont retomber dans l'oubli pour la plupart des gens après la fin des élections: le comté de Maricopa en Arizona, par exemple, ou le comté de Fulton en Géorgie.

Dans ces comtés, le dernier mot pourrait revenir aux minorités visibles. Des Latinos originaires de Porto Rico et de la République dominicaine, par exemple, qui n'étaient pas satisfaits de la façon dont Trump a traité leurs îles après l'ouragan Maria. Ou des Américains cubains ralliés derrière le président sortant pour sa position contre la menace socialiste, un spectre qui évoque une histoire douloureuse pour une communauté qui a basculé sous un régime socialiste pendant des décennies.

Pendant ce temps-là, les Afro-Américains de la banlieue d'Atlanta, en Géorgie, ont choisi Biden à un Trump qui, selon eux, ne les a pas soutenus dans leur lutte contre l'injustice raciale. D'un autre côté, les hommes noirs du comté de Miami-Dade en Floride ont voté pour Trump en masse car la perception que Biden avait pris leur vote pour acquis ne résonnait pas bien avec cette jeune communauté.

Tard dans l'après-midi de jeudi, la Maison Blanche a exigé le «couvercle», le terme utilisé pour annoncer qu'il n'y aura plus d'annonces ce jour-là. Trump a évité les caméras tout en restant blotti avec ses conseillers, se préparant à une éventuelle bataille juridique pour contester le résultat s'il perdait les élections. C'est un candidat qui a insinué ouvertement que la seule façon de perdre était de truquer les élections.

La campagne de Trump a déjà intenté un tsunami de procès: dès que le Michigan a été remporté par Biden, l’équipe a intenté une action en justice pour tenter d'arrêter le décompte dans l'État jusqu'à ce que l'accès soit accordé aux observateurs républicains. Ils ont déposé une plainte similaire en Pennsylvanie, menaçant de mener leur bataille devant la Cour suprême.

Trump cherche également un recomptage dans le Wisconsin, où il n'a perdu que d'un demi-point. Il conteste également le traitement des bulletins de vote en Géorgie. Sa campagne là-bas poursuit des responsables électoraux dans le comté de Chatham, à la suite d'allégations selon lesquelles les bulletins de vote arrivés après la date limite de vote auraient été mal comptés.

Cette attitude agressive a été soutenue par une présence médiatique accrue et soutenue d'un nombre de responsables de l'administration Trump qui tentent de discréditer le scrutin et de remettre en question son intégrité.

Le fils du président, Eric, par exemple, a tweeté mercredi la victoire de son père en Pennsylvanie, où il restait plus d’un million de voix à compter. Twitter n'a pas tardé à ajouter un avertissement au tweet qui disait: «Les sources officielles n'ont peut-être pas annoncé les résultats (en Pennsylvanie) comme cela a été tweeté». Dès jeudi soir, le résultat dans l'État reste trop proche pour être dévoilé.

Bizarrement, l'allié de Trump, Rudy Giuliani, a prétendu, devant les caméras de télévision, que les bulletins de vote par correspondance pourraient provenir de Mars, ou que Joe Biden «aurait pu voter 5000 fois pour ce que j'en sais».

Contrairement à Trump, Joe Biden a soigneusement choisi ses mots pendant que le décompte se poursuit. Alors que les élections semblent basculer en sa faveur, il a résisté à la tentation de déclarer la victoire et a plutôt exprimé sa confiance dans le système électoral. Bien que les deux candidats aient le droit de contester des résultats aussi proches et d'appeler à des recomptages, le camp de Biden considère les poursuites judiciaires de Trump alléguant des irrégularités électorales comme une tactique nuisible plus que toute autre chose, car il semble y avoir peu de preuves pour appuyer ses prétentions.

Ils pensent que les allégations de manque de transparence dans le processus de comptage, par exemple, ne tiennent pas debout étant donné que tous les centres de tabulation sont équipés de caméras de sécurité et que l'opération est diffusée en direct et visible pour tous.

Alors qu'ils espèrent que toute contestation judiciaire sera rejetée bien avant d'atteindre la Cour suprême, les démocrates ont clairement indiqué qu'ils disposent également d'une solide équipe juridique. Animés par les craintes quant à la façon dont l'imprévisible Trump pourrait réagir à la défaite, ils ont créé le plus grand programme de protection électorale jamais développé par une campagne, et ont clairement affirmé être prêts à l'utiliser.

«Nous gagnons les élections, nous avons gagné les élections et nous allons défendre ces élections», a déclaré Bob Bauer, un des principaux avocats de la campagne Biden.

Alors que beaucoup de gens sont frustrés que le décompte prenne si longtemps, Tom Wolf, le gouverneur démocrate de Pennsylvanie, ne s'est pas excusé pour que son État prenne son temps.

«C'est un processus d'embauche», a-t-il déclaré. «Nous devons nous assurer que les électeurs choisissent des leaders et non l'inverse».

Il a décrit les poursuites intentées contre l'État par la campagne Trump comme «des tentatives (scandaleuse) afin de renverser le processus démocratique», et a juré «de se battre farouchement (et) de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que chaque bulletin soit compté». Et en réponse à la tentative de Trump d'arrêter le décompte de l'État, la secrétaire d'État de Pennsylvanie, Kathy Boockvar, a été encore plus directe: «Nous décidons quand le dernier vote est compté».

Elle a également évoqué le long combat des femmes américaines pour obtenir le droit de vote. Cela a abouti il y a 100 ans avec l'adoption du 19e amendement à la Constitution, et de la loi sur le vote de 1965 qui interdit la discrimination raciale lors des élections.

«Je garde cela devant mes yeux chaque jour au moment où nous nous battons pour chaque vote en Pennsylvanie», a-t-elle déclaré.

Les sondeurs et les experts se sont trompés à bien des égards à propos de cette élection, mais ils ont raison sur une seule et unique chose: l'histoire de cette élection est encore loin d'être terminée.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.