Les complotistes appliquent leurs vieilles recettes à la mort d'Elizabeth II

Des fleurs et des hommages laissés à feu la reine Elizabeth II sont représentés par le National Covid Memorial Wall alors que les membres de la file d'attente publique rendent hommage à feu la reine Elizabeth II, à Londres le 18 septembre 2022. (AFP)
Des fleurs et des hommages laissés à feu la reine Elizabeth II sont représentés par le National Covid Memorial Wall alors que les membres de la file d'attente publique rendent hommage à feu la reine Elizabeth II, à Londres le 18 septembre 2022. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 18 septembre 2022

Les complotistes appliquent leurs vieilles recettes à la mort d'Elizabeth II

  • Ainsi, à l'heure où le Royaume-Uni pleure sa souveraine, sur internet les fausses rumeurs, photos manipulées et autres intox imputant sa mort aux vaccins contre la Covid-19 ou à Hillary Clinton, prospèrent
  • D'autres ont tenu Hillary Clinton pour responsable, alléguant que la souveraine aurait eu en sa possession des dossiers compromettants sur l'ancienne candidate à la Maison Blanche qu'elle s'apprêtait à faire éclater au grand jour

WASHINGTON: La mort de la reine Elizabeth II a donné aux complotistes une chance de recycler leurs tactiques habituelles pour semer la confusion en ligne, offrant un exemple frappant de la façon dont se répand la désinformation lors d'une actualité majeure.

Ainsi, à l'heure où le Royaume-Uni pleure sa souveraine, décédée à 96 ans, sur internet les fausses rumeurs, photos manipulées et autres intox imputant sa mort aux vaccins contre la Covid-19 ou à Hillary Clinton, prospèrent.

Loin d'être originaux, ces thèmes avaient déjà émergé lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie ou encore à la mort du financier américain Jeffrey Epstein.

Tactiques habituelles

La désinformation a commencé à circuler dès les premières inquiétudes sur l'état de santé de la reine, des comptes Twitter usurpant l'identité de médias réputés comme la BBC et annonçant prématurément sa mort.

Puis, le 8 septembre, Buckingham Palace a officiellement communiqué le décès d'Elizabeth II.

"Partout dans le monde les gens ont été informés du décès de la reine et affectés par celui-ci, ce qui a donné aux propagateurs de fausses informations un réservoir inépuisable d'histoires trompeuses dans lequel puiser", explique Dan Evon de l'association News Literacy Project.

Parmi celles-ci: une vidéo datant d'il y a un mois où des personnes dansent devant Buckingham Palace qui a été transformée pour faire croire que des Irlandais dansaient de joie après avoir été informés du décès de la reine, une fausse publication de l'ancien président des Etats-Unis, Donald Trump, déclarant qu'il avait été fait chevalier par la monarque, ou encore une image truquée de Meghan Markle, épouse du prince Harry, portant un t-shirt avec l'inscription "La reine est morte."

Certains ont imputé la mort d'Elizabeth II au vaccin contre le coronavirus, comme ils l'avaient fait auparavant pour le décès des acteurs américains Betty White et Bob Saget.

D'autres ont tenu Hillary Clinton pour responsable, alléguant que la souveraine aurait eu en sa possession des dossiers compromettants sur l'ancienne candidate à la Maison Blanche qu'elle s'apprêtait à faire éclater au grand jour. Il s'agit d'une théorie du complot ancienne selon laquelle les Clinton feraient assassiner leurs opposants politiques.

Lorsqu'un événement important se produit, un militant tente toujours de trouver un angle qui se prête à ses propres croyances, selon Mike Caulfield, spécialiste de la désinformation au Center for an Informed Public (CIP) à l'Université de Washington.

Par exemple, "les militants anti-vaccins essaient de voir s'il y a moyen de mettre la mort d'une personnalité publique sur le dos de la vaccination," détaille-t-il.

Ceux qui adhèrent aux idées de la nébuleuse QAnon ont associé la mort de la reine à leurs convictions, selon lesquelles il existe un complot mondial sataniste et pédophile, s'en servant pour valider la légitimité de leur mouvement.

Échapper à la désinformation 

"La famille royale, étant donné les relations étroites bien connues entre le prince Andrew et Jeffrey Epstein, a toujours donné du grain à moudre aux adeptes du mouvement QAnon", souligne Rachel Moran, membre du CIP.

Une vidéo populaire chez les partisans de QAnon, qui s'est répandue comme une traînée de poudre sur le réseau social TikTok, montrant selon eux un garçon nu s'échappant de Buckingham Palace, s'est avérée être un vieux clip promotionnel d'une émission de télévision.

La semaine qui a suivi la mort d'Elizabeth II, la société Zignal Labs a fait état de 76 000 mentions de la reine associée à Jeffrey Epstein et sa complice Ghislaine Maxwell sur les réseaux sociaux, sites internet, à la radio, la télévision et dans la presse. Les récits liant Elizabeth II à Hillary Clinton et aux vaccins étaient eux mentionnés respectivement 8 000 et 7 000 fois.

L'information en continu sur la souveraine et son influence mondiale expliquent en partie la popularité des théories du complot autour de sa mort, note Karen Douglas, professeure de psychologie sociale à l'université du Kent au Royaume-Uni.

"Accepter les explications ordinaires pour un événement aussi important peut être moins convaincant ou moins attrayant", poursuit-elle.

Mais il existe des moyens pour ne pas tomber dans le piège de la désinformation.

Les organisations d'éducation aux médias, comme la CIP, recommandent de comparer les publications en ligne à des sources d'information fiables et de marquer une pause avant de les partager.

"Même quelques instants de réflexion peuvent souvent faire une grande différence", rappelle Gordon Pennycook de l'université de Regina au Canada.


Face à l'isolement mondial à l'ONU, Netanyahou déclare qu'Israël doit "terminer le travail" contre le Hamas

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'adresse à la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le 26 septembre 2025. (AP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'adresse à la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le 26 septembre 2025. (AP)
Short Url
  • Benjamin Netanyahu a vivement attaqué les pays occidentaux ayant reconnu l’État de Palestine, dénonçant un « encouragement au terrorisme » et affirmant qu’Israël n’acceptera jamais un « État terroriste » à ses frontières
  • Alors qu’un plan de paix est discuté sous l’égide des États-Unis, Netanyahu durcit sa position sur Gaza, reste flou sur la Cisjordanie, et s’exprime sous les protestations de manifestants à New York et de délégués quittant la salle

Nations unies, États-Unis: La création d'un Etat palestinien serait un "suicide national" pour Israël, a mis en garde vendredi à la tribune de l'ONU le Premier ministre Benjamin Netanyahu, fustigeant les pays occidentaux et promettant de "finir le travail" contre le Hamas à Gaza.

Dans un discours au ton offensif et restant ferme sur ses positions, le dirigeant israélien a rejeté les accusations de "génocide" dans la bande de Gaza et s'en est pris avec virulence aux pays occidentaux, dont la France, qui ont reconnu cette semaine l'Etat de Palestine.

Ces pays ont "cédé" au Hamas, prouvant que ça "paie de tuer des Juifs", a-t-il dit.

"Voici un autre message pour les dirigeants occidentaux: Israël ne vous permettra pas de nous imposer un Etat terroriste. Nous ne commettrons pas un suicide national parce que vous n'avez pas le courage de faire face à des médias hostiles et les foules antisémites qui réclament le sang d'Israël", a-t-il affirmé, dénonçant dans les critiques sur les actions d'Israël à Gaza des "mensonges antisémites".

A l'occasion d'un sommet organisé lundi par la France et l'Arabie saoudite sur l'avenir de la solution à deux Etats, palestinien et israélien, vivant côte à côte en paix et sécurité, une dizaine de pays, dont la France, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie ont formellement reconnu l'Etat de Palestine, provoquant la colère d'Israël.

Le Premier ministre israélien, arrivé la veille au soir à New York et qui doit aussi se rendre à Washington, a assuré avoir fait installer des hauts-parleurs dans la bande de Gaza pour que les otages encore retenus par le Hamas entendent son discours à la tribune de l'ONU.

S'adressant aux otages, "nous ne vous avons pas oubliés, même pour une seconde. Le peuple d'Israël est avec vous. Nous ne nous reposerons pas tant que vous ne serez pas tous rentrés à la maison", a-t-il lancé en hébreu puis en anglais.

- Cisjordanie -

Son discours a été entamé sous des applaudissements de ses partisans invités dans la salle et sous les huées de délégués qui ont quitté l'enceinte de l'Assemblée générale de l'ONU.

Désormais, Israël "veut finir le travail" contre le Hamas "aussi vite que possible" dans une bande de Gaza ravagée par près de deux ans de guerre, a-t-il dit.

Tout en saluant le soutien du président américain, Donald Trump, le dirigeant israélien est resté discret concernant la Cisjordanie occupée.

Alors que son gouvernement dit vouloir étendre la colonisation juive en Cisjordanie occupée, le président américain a averti jeudi qu'il ne permettrait pas à Israël d'annexer ce territoire.

"Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie. Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas", a déclaré Donald Trump, après avoir dit s'être entretenu avec M. Netanyahu.

Le discours de M. Netanyahu intervenait au moment où les espoirs de paix se focalisent sur un nouveau plan présenté cette semaine par Donald Trump à des pays arabes et musulmans.

- Manifestation à New York -

"Je pense que nous avons un accord", a assuré vendredi Donald Trump. "Ce sera un accord qui ramènera les otages. Ce sera un accord qui mettra fin à la guerre", a promis le président américain à la Maison Blanche.

Selon une source diplomatique au fait de la réunion tenue en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, le plan américain en 21 points prévoit notamment un cessez-le-feu permanent à Gaza, la libération des otages israéliens détenus dans le territoire palestinien, un retrait israélien ainsi qu'une future gouvernance de Gaza sans le Hamas, dont les attaques sans précédent du 7 octobre 2023 ont déclenché la guerre.

Privé de visa par les autorités américaines, le président palestinien, Mahmoud Abbas, s'était exprimé jeudi par vidéo à l'ONU, répétant les gages donnés il y a quelques mois pour convaincre notamment la France de reconnaître l'Etat de Palestine.

"Le Hamas n'aura pas de rôle à jouer dans la gouvernance" et devra rendre ses armes à l'Autorité palestinienne, a-t-il martelé, condamnant également les attaques du 7-Octobre et l'antisémitisme, qu'il ne veut pas voir confondu avec "la solidarité avec la cause palestinienne".

Vendredi, des centaines de personnes ont manifesté dans les rues de New York contre Benjamin Netanyahu, visé depuis fin 2024 par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"Nous sommes ici pour exiger que justice soit faite, c'est-à-dire que Netanyahu soit arrêté et qu'Israël soit sanctionné", a déclaré à l'AFP une manifestante pro-palestinienne, Nadia Tannous.


Michael Ratney: Les États du Golfe veulent des garanties de sécurité plus claires de la part des États-Unis

Michael Ratney, ancien ambassadeur des États-Unis en Arabie saoudite. (Photo d'archives AFP)
Michael Ratney, ancien ambassadeur des États-Unis en Arabie saoudite. (Photo d'archives AFP)
Short Url
  • Dans une région où les alliances sont constamment mises à l'épreuve et où les paysages géopolitiques évoluent rapidement, il a fait part de son point de vue sur les implications de l'attaque israélienne contre le Qatar
  • S'appuyant sur plus de trente ans d'expérience diplomatique, l'ambassadeur Ratney explique pourquoi il pense que les pays du Golfe resteront attachés à leur partenariat historique avec les États-Unis en matière de sécurité, malgré les nouveaux défis

RIYAD: L'envoyé américain fait part de son point de vue sur les implications de l'attaque israélienne contre le Qatar et sur l'équilibre délicat des pouvoirs au Moyen-Orient.
Les pays du Golfe poursuivront leur coopération avec les États-Unis en matière de sécurité, même s'ils cherchent à obtenir des garanties de sécurité plus claires dans un contexte de menaces régionales importantes, a déclaré Michael Ratney, ancien ambassadeur des États-Unis en Arabie saoudite, à Al Majalla.

Dans une région où les alliances sont constamment mises à l'épreuve et où les paysages géopolitiques évoluent rapidement, il a fait part de son point de vue sur les implications de l'attaque israélienne contre le Qatar - un allié des États-Unis - et sur l'équilibre délicat des pouvoirs au Moyen-Orient.

S'appuyant sur plus de trente ans d'expérience diplomatique, l'ambassadeur Ratney explique pourquoi il pense que les pays du Golfe resteront attachés à leur partenariat historique avec les États-Unis en matière de sécurité, malgré les nouveaux défis, et ce qu'ils recherchent le plus aujourd'hui : la clarté et l'assurance en ces temps incertains.

Il explore les pressions politiques entourant les accords de défense, les promesses du président Donald Trump par rapport aux réalités politiques, et la frustration croissante, même parmi les alliés traditionnels d'Israël, face à ce qu'ils considèrent comme les politiques débridées du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

L'ambassadeur Ratney, qui a également été chargé d'affaires à l'ambassade des États-Unis en Israël, explique que cette frustration est visible dans les récentes démarches de la France, du Royaume-Uni, du Canada, de l'Australie, entre autres États occidentaux, pour reconnaître un État palestinien - une action symbolique, mais qui souligne clairement leur mécontentement à l'égard de M. Netanyahou.

À la lumière de l'attaque choquante d'Israël contre le Qatar, un proche allié des États-Unis, les garanties de sécurité américaines ont-elles encore du poids dans le golfe Persique ?

C'est une question importante, qui préoccupe certainement les dirigeants des pays du CCG et du Moyen-Orient en ce moment. Ce qui s'est passé est sans précédent. Je pense que nous devrions nous rappeler que la coopération en matière de sécurité entre l'armée américaine et les armées des pays du CCG remonte littéralement à des décennies. Elle comprend des ventes de matériel de défense, des exercices, des formations et des consultations. Le niveau de coopération dépasse probablement celui de la coopération militaire entre le CCG et tout autre pays. Elle est donc extrêmement importante.

Historiquement, elle offre un avantage net tant aux États-Unis qu'à nos partenaires du CCG, compte tenu de l'éventail des menaces, qu'il s'agisse de l'Iran ou de ses mandataires, des terroristes ou d'autres menaces dans l'ensemble de la région. Les pays du CCG considèrent probablement cette coopération en matière de sécurité comme extrêmement précieuse. Mais lorsqu'il s'agit de discuter de l'étape suivante naturelle - le passage de la coopération en matière de sécurité à des garanties de sécurité formelles - il s'agit en fait de quelque chose de tout à fait différent.

Bien que nous n'ayons pas de traité formel avec nos alliés du CCG, c'est un sujet dont nous avons discuté. Ce sujet a été abordé ces deux dernières années avec l'Arabie saoudite dans le cadre d'une discussion plus large sur la normalisation avec Israël. Et bien que la normalisation ne semble pas très probable à ce stade, elle est révélatrice du fait que les pays du CCG cherchent à clarifier la nature de leurs relations avec nous.

Et si je comprends qu'ils s'interrogent sur la valeur de la coopération en matière de sécurité avec nous après l'attaque israélienne contre le Qatar, je ne pense pas que cela les conduise à abandonner leur coopération de longue date avec les États-Unis en matière de sécurité.

Pensez-vous que l'attaque israélienne contre Doha pourrait inciter les États du Golfe à diversifier leurs alliances ?

Je pense que les pays du Golfe entretiennent des relations importantes avec de nombreux pays dans le monde. Quand on y pense, ils sont en quelque sorte au centre du monde géographiquement, et autour d'eux se trouvent l'Europe et les États-Unis, l'Asie, la Chine et l'Inde. Ils doivent vivre dans cette partie du monde pour toujours, et ils noueront des relations importantes, notamment sur le plan économique.

Je pense que le partenariat de sécurité avec les États-Unis est différent pour deux raisons. La première est qu'il est très ancien. Les pays du Golfe et l'armée américaine coopèrent, s'entraînent et achètent des articles de défense de toutes sortes depuis des décennies. Le niveau d'intégration entre les deux armées est donc sans précédent. Il est difficile d'annuler cela et de passer à un autre partenaire.

Je pense également que la technologie et les armements américains sont qualitativement meilleurs. Je suppose que l'on peut dire que je suis partial sur ce point, mais je pense que c'est vrai par rapport aux armements russes, chinois ou autres.

La troisième raison est que les États-Unis sont l'un des rares pays disposés à offrir une certaine mesure de défense contre le principal adversaire du Golfe, à savoir l'Iran et ses mandataires régionaux. Cela dit, je pourrais imaginer que les pays du Golfe tentent de renforcer leur coopération avec la Chine et la Russie. L'Arabie saoudite et le Pakistan ont récemment signé un pacte de défense, mais je ne pense pas que l'un ou l'autre de ces pays puisse offrir des garanties de sécurité en cas d'attaque de l'Iran.

Pensez-vous que la frappe israélienne sur Doha était un échec opérationnel de la part de Washington ou un échec de politique étrangère ?

C'est une bonne question. Je pense que cette frappe s'inscrit dans le cadre d'un effort plus large de la part d'Israël pour porter le combat directement à ses ennemis. Et il est évident qu'Israël, ces derniers temps, s'est senti libre de le faire.

Dans le même temps, le président Trump a dit très clairement qu'il voulait mettre fin à la guerre. Il veut la fin de la guerre à Gaza. Il a publiquement exprimé sa frustration à l'égard d'Israël au sujet de son attaque à Doha. Je ne sais donc pas si je qualifierais cela d'échec, mais je pense que c'est quelque chose qui a profondément frustré les États-Unis.

Netanyahou a peut-être calculé que les États-Unis n'empêcheraient pas Israël (d'attaquer le Qatar) et que les conséquences en vaudraient la peine

Michael Ratney, ancien ambassadeur des États-Unis en Arabie saoudite


C'était à la fois choquant et sans précédent. Et le président Trump, pour sa part, a clairement indiqué que cela ne devrait plus jamais se reproduire. Il considère le Qatar comme un partenaire important, tout comme il considère Israël comme un partenaire important. Et il a dit très clairement que cela (la frappe) n'était pas dans l'intérêt de l'Amérique ni dans celui d'Israël.

Au cours des deux dernières années, M. Netanyahu et son gouvernement ont fait preuve d'une grande liberté d'action, non seulement dans sa guerre contre Gaza, mais aussi dans ses attaques dans toute la région. Étant donné que l'image d'Israël a pris un coup - non seulement au Moyen-Orient mais aussi dans le monde -, que peuvent faire les États-Unis pour changer de cap ?

Je pense que la principale réaction à l'heure actuelle parmi les partenaires traditionnels d'Israël - qui comprennent les États-Unis, les pays européens et d'autres - est une frustration extraordinaire. Le président Trump l'a lui-même exprimé. La reconnaissance de la Palestine par la France, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et d'autres États occidentaux est une démonstration de leur frustration à l'égard de Netanyahou.

Je ne sais pas si cette reconnaissance aura un impact sur les calculs de Netanyahou. Le fait est que ses calculs semblent principalement motivés par des considérations de politique intérieure, par la nécessité de maintenir son gouvernement et par le sentiment qu'il dispose d'une occasion historique en ce qui concerne le Hamas.

Il semble qu'il ne se sente pas bridé à ce stade. Et je pense que nous verrons des pays, des pays européens - partenaires et alliés traditionnels d'Israël - de plus en plus frustrés et cherchant des moyens d'influencer le comportement du gouvernement israélien. Je ne sais pas si cela aura un effet. Le bilan des deux dernières années est limité.

Pourquoi pensez-vous que Netanyahou a décidé de mener une attaque aussi audacieuse contre un allié américain dans la région ?

Je ne connais pas les rouages de l'esprit de Netanyahou, mais il a peut-être calculé que les Etats-Unis - ou n'importe qui d'autre, d'ailleurs - ne contraindraient pas Israël et que les conséquences en vaudraient la peine. Je ne sais pas si c'est vrai ou non.

Pensez-vous que Netanyahou dispose d'un chèque en blanc pour faire ce qu'il veut dans la région ? Ou pensez-vous qu'il testait les lignes rouges de Trump ?

C'est une bonne question. J'ai l'impression que Netanyahou et Trump semblent avoir une relation très compliquée. Disons que d'un côté, le président Trump veut absolument être perçu comme le plus grand défenseur d'Israël. Il a déclaré plus d'une fois qu'aucun président américain n'avait fait plus pour Israël que lui. Je ne sais pas si c'est vrai ou non, mais je sais que c'est la perception qu'il aimerait projeter.

En même temps, il n'est pas toujours d'accord avec tout ce que fait et dit Netanyahou, et il lui arrive d'exprimer publiquement sa frustration. Il a même utilisé un mot grossier pour décrire Netanyahou.

Netanyahou et son gouvernement extrémiste sont-ils devenus une menace pour la sécurité de la région ?

C'est une question compliquée et, à ce stade, nous n'avons pas de réponse claire. Toutefois, je pense que le monde arabe a l'impression qu'Israël est passé du statut de partenaire potentiellement utile et pratique à celui d'acteur imprévisible, voire dangereux, dans la région.

C'est certainement ce que ressentent les Qataris en ce moment. D'autres pays du CCG pourraient s'inquiéter du fait que si Israël peut frapper le Qatar, qu'est-ce qu'il est prêt à faire d'autre ? Mais en même temps, je pense que les Israéliens comprennent la gravité de ce qu'ils ont fait.

Encore une fois, je ne connais pas leur pensée interne, mais certaines rumeurs circulent selon lesquelles ils comprennent qu'ils sont peut-être allés trop loin dans cette affaire et qu'ils ont menacé non seulement quelque chose de très précieux pour eux, à savoir de meilleures relations avec les pays arabes, mais aussi quelque chose d'important pour leur public, qui est également important pour les États-Unis, à savoir la fin de la guerre et la libération des otages, une chose dans laquelle les Qataris se sont fortement impliqués.

Ma dernière question, Monsieur l'Ambassadeur Michael Ratney, porte sur la nature des promesses américaines en matière de défense. Nous n'avons pas encore vu de calendrier après la visite de M. Trump dans les pays du Golfe au début de l'année. Comment interprétez-vous les promesses de M. Trump concernant les alliances et les accords de défense dans le Golfe ? Pensez-vous qu'elles se traduiront par des actes, ou s'agit-il simplement de paroles ?

Je pense qu'il y a deux types de motivations qui le poussent à agir. La première est qu'il a le sentiment que les pays du Golfe sont des partenaires importants et qu'ils offrent d'immenses possibilités aux États-Unis et à la région, tant sur le plan économique qu'en termes de sécurité. C'est ce qui ressort de sa visite en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Qatar, où il s'est engagé à coopérer, à commercer et à investir. En fait, il a été très explicite sur sa promesse de protéger les Qataris lorsqu'il était à Doha, soulignant leur importance en tant que partenaire clé.

D'un autre côté, il n'est pas un grand fan des alliances. Il a critiqué l'OTAN et d'autres alliances conclues par les États-Unis, car il estime que les États-Unis portent le fardeau alors que d'autres pays n'assument pas leur part de responsabilité. Je pense également que, sur le plan politique aux États-Unis, il sent que l'idée d'un renforcement des alliances et des responsabilités pour les autres pays n'est pas très populaire.


Danemark: des drones ont survolé plusieurs aéroports

 Des drones ont survolé plusieurs aéroports au Danemark, entraînant la fermeture de l'un d'eux pendant plusieurs heures, a indiqué jeudi la police après un incident similaire cette semaine qui avait entraîné la fermeture de l'aéroport de la capitale Copenhague. (AFP)
Des drones ont survolé plusieurs aéroports au Danemark, entraînant la fermeture de l'un d'eux pendant plusieurs heures, a indiqué jeudi la police après un incident similaire cette semaine qui avait entraîné la fermeture de l'aéroport de la capitale Copenhague. (AFP)
Short Url
  • Au Danemark, des drones ont été repérés aux aéroports d'Aalborg (nord), d'Esbjerg (ouest), de Sonderborg (sud) et à la base aérienne de Skrydstrup (sud) avant de repartir de leur propre chef, a ajouté la police
  • L'aéroport d'Aalborg, l'un des plus grands du pays après celui de la capitale Copenhague, a été fermé temporairement, avant de rouvrir plusieurs heures plus tard

COPENHAGUE: Des drones ont survolé plusieurs aéroports au Danemark, entraînant la fermeture de l'un d'eux pendant plusieurs heures, a indiqué jeudi la police après un incident similaire cette semaine qui avait entraîné la fermeture de l'aéroport de la capitale Copenhague.

Ces incidents dans le ciel danois interviennent après des événements similaires en Pologne et en Roumanie, et la violation de l'espace aérien estonien par des avions de chasse russes, qui ont exacerbé les tensions dans le contexte de la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine.

Au Danemark, des drones ont été repérés aux aéroports d'Aalborg (nord), d'Esbjerg (ouest), de Sonderborg (sud) et à la base aérienne de Skrydstrup (sud) avant de repartir de leur propre chef, a ajouté la police.

L'aéroport d'Aalborg, l'un des plus grands du pays après celui de la capitale Copenhague, a été fermé temporairement, avant de rouvrir plusieurs heures plus tard.

"Il n'a pas été possible d'abattre les drones, qui ont survolé une très vaste zone pendant plusieurs heures", a indiqué Jesper Bojgaard Madsen, inspecteur en chef de la police de la région du Jutland du Nord, à propos des faits survenus à Aalborg.

"Nous n'avons pas non plus appréhendés les opérateurs" des drones, a-t-il ajouté.

La police locale a déclaré que les drones "volaient avec des lumières et avaient été observés depuis le sol", mais qu'elle n'avait pu établir le type de drones ni la raison du survol.

Les aéroports d'Esbjerg et de Sonderborg n'ont pas été fermés car aucun vol n'y était prévu avant jeudi matin.

Evènements similaires en septembre 

Une enquête a été ouverte en collaboration avec les services de renseignement danois et l'armée dans le but de "clarifier les circonstances" de ces vols, a ajouté la police.

Lundi déjà, des drones à l'origine non identifiée avaient survolé l'aéroport de Copenhague ainsi que celui d'Oslo en Norvège, pays voisin, bloquant leur trafic pendant plusieurs heures.

La Première ministre du Danemark, Mette Frederiksen, avait alors dénoncé "l'attaque la plus grave contre une infrastructure critique" dans le pays, affirmant "ne pas exclure" qu'il s'agisse de la Russie.

"Cela s'inscrit dans l'évolution que nous avons pu observer dernièrement avec d'autres attaques de drones, des violations de l'espace aérien et des cyberattaques contre des aéroports européens", a-t-elle affirmé.

Elle faisait alors référence à de récentes intrusions de drones en Pologne et Roumanie et à l'incursion d'avions de chasse russes dans l'espace aérien estonien à la mi-septembre.

Les gouvernements de ces trois pays membres de l'Otan avaient mis en cause la Russie, qui a nié toute responsabilité, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov évoquant des "accusations sans fondement".

Ces incidents interviennent une semaine après l'annonce par le Danemark de l'acquisition, pour première fois, d'armes de précision à longue portée pour pouvoir frapper des cibles lointaines, jugeant que la Russie représenterait une menace "pendant des années".

Le weekend dernier, d'autres aéroports européens, notamment à Bruxelles, Londres, Berlin et Dublin, ont par ailleurs été perturbés par une cyberattaque dont l'origine n'a pas été communiquée.