GENÈVE : Après des tergiversations, les pays membres de l'Union européenne à l'exception de la Hongrie vont demander au Conseil des droits de l'homme de l'ONU de surveiller la situation en Russie, a-t-on appris jeudi de sources diplomatiques.
Un projet de résolution demandant la création d'un mandat de Rapporteur spécial sur la situation des droits humains en Russie est en cours d'élaboration pour être présentée lors de la 51e session du Conseil qui se tient jusqu'au 7 octobre à Genève, ont indiqué ces sources à l'AFP.
C'est le Luxembourg qui devrait présenter le projet de résolution au nom du groupe. D'autres pays sont en cours de ralliement.
"Il incombe aux Etats européens de déposer immédiatement une résolution visant à établir le mandat ou bien nous risquons encore 6 mois d'inaction face à la crise des droits de l'homme en Russie", a déclaré à l'AFP Dave Elseroad de l'ONG Human Rights House Foundation à Genève.
Le sujet était déjà sur la table des pays membres de l'UE lors de la précédente session du Conseil des droits de l'homme cet été, mais aucun consensus n'avait été trouvé sur le calendrier d'action.
Maintenant que les pays européens ont décidé de passer à l'action, ils vont devoir parvenir à construire une alliance assez forte, les textes devant être approuvés à la majorité des 47 Etats membres du Conseil des droits de l'homme.
Le plus haut organe onusien de défense des droits de l'homme a lancé en mai une enquête de haut niveau sur les violations commises par les troupes russes en Ukraine, et les enquêteurs doivent être entendus le 23 septembre par le Conseil. Mais des pressions croissantes s'exercent pour que l'organe s'intéresse également aux violations des droits de l'homme en Russie et crée un poste de Rapporteur spécial.
Lundi, l'ONU a sévèrement dénoncé la situation des droits de l'homme en Russie. La Haute-Commissaire par intérim, Nada Al-Nashif, a notamment critiqué les "intimidations" en Russie dont sont victimes les opposants à la guerre en Ukraine, ainsi que les différentes "formes de censure" en vigueur dans le pays.
La Russie s'en est pris à son tour mardi à l'ONU, insistant sur le "parti pris" croissant du Haut-Commissariat.
Moscou, qui a quitté le Conseil au moment ou l'Assemblée générale de l'ONU votait son expulsion il y a quelques mois pour cause d'invasion de l'Ukraine, dispose toutefois du statut d'observateur et, à ce titre, peut s'exprimer au Conseil.