KABOUL: Des milliers d’Afghans ont lancé une campagne en ligne mardi dernier pour protester contre la décision des talibans de fermer les écoles secondaires pour filles, exhortant le gouvernement à rouvrir les salles de cours; des millions de personnes sont exclues des écoles depuis plus d’un an.
Les filles du secondaire devaient retourner en classe au mois de mars, après l’instauration de restrictions, au moment où les talibans ont pris le contrôle de l'Afghanistan, en août dernier, mais la politique a été inversée quelques heures seulement après le premier jour.
L’enseignement dispensé aux filles a été suspendu, bien que les responsables aient déclaré qu’un plan était en cours d’élaboration.
Plus tôt ce mois-ci, quatre écoles de filles de la province afghane de Paktiya ont repris les cours sur recommandation des anciens chefs de tribus et des directeurs d’école, mais sans l’autorisation officielle du gouvernement taliban. Les autorités ont fermé les écoles quelques jours plus tard, ce qui a poussé les étudiants à organiser une manifestation pendant le week-end.
Des Afghans de l’ensemble du pays se sont tournés vers les réseaux sociaux cette semaine pour protester contre le déclin de l’enseignement réservé aux filles, appelant les talibans à permettre aux filles de reprendre leurs études.
«À travers cette campagne, nous voulons leur dire que les Afghans veulent que leurs filles et leurs sœurs aillent à l’école», déclare à Arab News Rahmatoullah Youssouf, un militant qui habite dans la province orientale de Nangarhar et qui se trouve être l’un des organisateurs de la campagne en ligne.
«Ils ont avancé différentes excuses au cours de la dernière année. Au début, ils ont dit qu’ils travaillaient sur un plan pour l’éducation des filles, puis ils ont dit que les conditions n’étaient pas satisfaisantes; et maintenant, ils prétendent que l’enseignement réservé aux filles est contraire à la culture afghane.»
Mawlawi Noorullah Munir, le ministre de l’Éducation, a été cité par les médias locaux cette semaine. Il aurait tenu des propos selon lesquels certains Afghans s’opposeraient à la scolarisation de leurs filles adolescentes. La campagne en ligne, déclare M. Youssouf, était une réponse à la déclaration de M. Munir.
«Cela montre que les talibans, en réalité, n’ont aucunement l’intention de rouvrir les écoles destinées aux filles. Nous espérons que ces manifestations pousseront les responsables à revenir sur leur décision.»
Sur Facebook et Twitter, les Afghans espèrent faire entendre leur voix auprès du nouveau gouvernement. Des milliers de messages comprennent des hashtags en pachto. On peut notamment lire les revendications suivantes: «Nous voulons que nos filles aillent à l’école» et «Des écoles pour tous».
«Je suis musulmane et afghane. Je suis médecin et je veux que mes filles et mes sœurs aillent à l'école», écrit la militante Maliha Khan sur Twitter.
Shaik Gahfoorzai, un expert afghan des banques et des finances islamiques, écrit sur Facebook: «Je suis fermement opposé à l’ignorance. Je veux que mes filles aillent à l'école.»
Plus d’un an après le retour au pouvoir des talibans et le retrait des forces dirigées par les États-Unis du pays, l’Afghanistan fait face à une crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver ainsi qu’à l’effondrement de son économie.
Les écolières afghanes sont confrontées à une incertitude croissante quant à l’avenir de leur éducation, bien que des jeunes filles du secondaire, dans certaines provinces comme Balkh et Kondoz, dans le Nord, soient toujours autorisées à suivre des cours. L’Unicef estime que, en Afghanistan, trois millions de filles du secondaire sont exclues de l’école depuis plus d’un an.
Nour Ahmed, l’un des organisateurs de la campagne en ligne de la deuxième plus grande ville d’Afghanistan, Kandahar, affirme que l’éducation est un «droit islamique et humain» pour tous les Afghans.
«Nous avons privé une grande partie de la société de son droit et rien ne justifie cela. Les portes de l’école devraient être ouvertes à toutes les filles au plus tôt et sans aucune justification», dit M. Ahmed à Arab News.
«Ma famille compte quatre filles qui ont fini la sixième et aimeraient aller à l’école aujourd’hui. Cette situation est très déprimante pour elles. Tous les habitants de la ville et des districts de Kandahar veulent que les filles de leur famille aillent à l’école», conclut-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com