BUENOS AIRES: La justice argentine a autorisé mardi la sortie du pays de la majorité de l'équipage d'un avion-cargo vénézuélien, retenu depuis trois mois et au cœur d'un imbroglio international, tandis que les autorités enquêtaient sur un éventuel lien avec l'organisation iranienne Al-Qods.
Une chambre d'appel du tribunal de La Plata a confirmé la décision en première instance d'août, qui avait levé l'interdiction de sortie du territoire pesant sur 12 des 19 membres d'équipage, 11 Vénézuéliens et un Iranien. Le parquet avait fait appel.
La décision en appel peut encore faire l'objet d'un recours devant la Cour suprême provinciale.
Sept membres d'équipage, quatre Iraniens et trois Vénézuéliens, ont toujours l'interdiction de quitter l'Argentine, quoique libres d'aller et venir.
Mais dans une apparente injonction à accélérer le dossier, la Cour d'appel de La Plata a donné au juge un délai de dix jours pour "conclure les procédures pendantes, définir les situations procédurales et les restrictions sur les personnes et aux biens", selon la décision rapportée par l'agence officielle Télam.
Le 747 cargo vénézuélien d'Emstrasur, filiale de la compagnie publique Conviasa visée par des sanctions américaines, était immobilisé depuis début juin en Argentine, où il était arrivé en provenance du Mexique, transportant des pièces automobiles.
Ses membres d'équipage s'étaient vu interdire de quitter le pays, tandis que la justice enquête sur leur profil, notamment un éventuel lien avec les Gardiens de la révolution islamique d'Iran, classée organisation terroriste par les États-Unis.
L'équipage vivait, depuis, dans un hôtel proche de l'aéroport Ezeiza de Buenos Aires. Des téléphones, ordinateurs, tablettes, avaient été saisis lors d'une perquisition à l'hôtel.
L'avion appartenait auparavant à la compagnie iranienne Mahan Air, avant d'être cédé il y a plus d'un an, selon Téhéran. Washington accuse Mahan de soutien matériel à Al-Qods, unité d'élite des Gardiens de la révolution.
En août, les États-Unis avaient demandé à l'Argentine de procéder à la saisie du Boeing --ce qui fut fait-- arguant qu'il avait été vendu en 2021 à l'entreprise vénézuélienne par une compagnie iranienne en violation des sanctions contre les deux entités.
Caracas avait protesté contre l'immobilisation de l'appareil, et avait réclamé, comme Téhéran, la levée immédiate de l'interdiction de quitter l'Argentine pour l'équipage. L'Iran assurait que le statut de l'avion est "complètement légal" et que son immobilisation relève d'une "opération de propagande" liée aux tensions entre l'Occident et l'Iran sur son programme nucléaire.