Pourquoi Israël intensifie ses frappes visant les livraisons d'armes iraniennes vers la Syrie?

Les avions de chasse F-15 de l’armée de l’air israélienne intensifient leurs frappes sur des cibles en Syrie (Photo, AFP).
Les avions de chasse F-15 de l’armée de l’air israélienne intensifient leurs frappes sur des cibles en Syrie (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 08 septembre 2022

Pourquoi Israël intensifie ses frappes visant les livraisons d'armes iraniennes vers la Syrie?

  • L’engagement iranien en faveur d'une présence militaire à long terme en Syrie est considéré comme une menace par Israël
  • La pression exercée sur les installations du Corps des gardiens de la révolution islamique vise à interrompre le flux d'armes à destination des mandataires régionaux de Téhéran.

WASHINGTON: Les Israéliens l'appellent «la guerre entre les guerres». Une campagne concertée contre les mandataires de l'Iran en Syrie, qui n'atteint pas le seuil d'une guerre totale, est devenue la pièce maîtresse du programme de sécurité et de défense d'Israël.

Tout indique que l'Iran intensifie son engagement en faveur d'une présence militaire à long terme en Syrie, qui peut être utilisée pour menacer non seulement Israël mais aussi ses adversaires arabes.

Le gouvernement israélien est déterminé à empêcher l'Iran d'atteindre son objectif, quelle que soit l'opinion de l'administration Biden ou de l'Union européenne à ce sujet.

Ces dernières semaines, l'armée israélienne a accentué la pression sur le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) en Syrie, dans l'espoir de perturber l'acheminement de munitions sensibles à guidage de précision, de drones et de matériel électronique haut de gamme vers le Hezbollah, la milice libanaise, via des bases iraniennes en Syrie.

Ce mardi, une attaque aérienne israélienne lancée depuis la Méditerranée sur l'aéroport d'Alep a endommagé la piste et l'a mise hors service, selon des sources militaires syriennes. La semaine précédente, des roquettes tirées par Israël sur l'aéroport ont causé des dégâts matériels, selon les observateurs de guerre, juste avant l'arrivée d'un avion en provenance d'Iran.

Le Corps des gardiens de la révolution islamique de l’Iran aurait fourni de l’équipement au Hezbollah libanais via des bases iraniennes en Syrie (Photo, AFP).

Les stratèges militaires israéliens ne s’inquiètent pas seulement de l'utilisation par le CGRI d'installations secrètes dans le nord-ouest de la Syrie et autour de la capitale Damas pour réapprovisionner l'arsenal de missiles du Hezbollah. Ils craignent que l'Iran ne cherche à établir un nouveau front pour une future guerre avec Israël sur le plateau stratégique du Golan.

Le CGRI s'y prendrait de deux manières: En augmentant considérablement le front existant entre le Hezbollah et Israël et en mettant de plus larges étendues du territoire israélien à portée des attaques de missiles et de drones.

En réponse, Israël a augmenté la fréquence de ses frappes aériennes contre les installations du CGRI en Syrie et, dans le même temps, a considérablement élargi la portée de ses cibles.

Selon des responsables occidentaux de la défense, en raison des perturbations des transports terrestres, l'Iran dépend de plus en plus des entreprises de transport aérien civil, telles que Mahan Air, pour livrer les armes et le matériel qui assurent la préparation au combat du Hezbollah et d'autres groupes militants chiites, en Syrie.

Avant les dernières frappes sur les aéroports de Damas et d'Alep, les services de renseignement israéliens auraient détecté une augmentation notable des vols clandestins d'armes impliquant des avions commerciaux.

La piste de l'aéroport de Damas a subi les dommages les plus graves au début de l'été, mais quelques semaines seulement après sa réparation, l'armée de l'air israélienne a frappé à nouveau la semaine dernière, le 31 août. Le même jour, l'aéroport d'Alep et sa piste ont été endommagés lorsqu'un avion soupçonné d'appartenir au Corps des gardiens de la révolution islamique a tenté d'utiliser les installations après avoir échoué à atterrir à Damas.

Selon les analystes, l’Iran utilise des opérateurs civils tels que Mahan Air pour transporter des armes vers les mandataires syriens (Photo, AFP).

Alma Research Center, un groupe de réflexion israélien, a suivi de près la guerre de l'ombre qui se déroule actuellement dans le ciel syrien. Il indique que l'armée de l'air israélienne a frappé à plusieurs reprises une base iranienne à Masyaf, située à côté du Centre de recherche scientifique syrien, une organisation soupçonnée d'être impliquée dans la production de missiles, le développement de munitions guidées, ainsi que la production et le stockage d'armes chimiques.

Bien que les frappes aériennes israéliennes aient détruit au fil des ans de nombreux entrepôts et dépôts de missiles, ainsi que de grandes quantités d'équipements militaires, le CGRI serait toujours déterminé à utiliser sa présence en Syrie pour lancer des attaques contre Israël.

Une branche d'élite de la Force Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique, l'unité 840, a été chargée de préparer des attaques extérieures contre Israël, selon le chercheur israélien Tal Beeri.

«Le concept stratégique iranien consiste à «créer» une frontière commune avec Israël à travers les fronts syrien et libanais. Au Liban, ils ont le Hezbollah. Dans le sud de la Syrie, ils opèrent par le biais d'établissements civils et militaires», a indiqué Beeri.

«Les Iraniens disposent de plusieurs options dans le sud de la Syrie. Les plus fiables d'entre elles sont les unités du Hezbollah (le Fichier Golan et le Commandement Sud), les milices mercenaires locales et les milices chiites.

«Il est tout à fait possible qu’aujourd’hui encore, dans un désir de vengeance, les Iraniens tentent de rendre une action contre Israël depuis le sud de la Syrie opérationnellement faisable, par l’infrastructure locale de l’unité 840.»

Image satellite illustrant les dégâts causés à l'aéroport d'Alep en Syrie à la suite des frappes israéliennes du 31 août (Photo, AFP).

 

EN BREF

•  Le stock d'uranium enrichi de l'Iran est désormais plus de 19 fois supérieur à la limite fixée dans l'accord nucléaire de 2015.

•  En date du 21 août, son stock était estimé à 3 940 kg, soit une augmentation de 131,6 kg par rapport au dernier rapport trimestriel de l'AIEA.

(Source : AIEA)

Israël serait à l'origine de l'assassinat, en mai, de Hassan Sayyad Khodaei, le chef de l'unité 840 à Téhéran. La dernière fois que l'unité a mené des attaques transfrontalières limitées le long de la zone neutre séparant les hauteurs du Golan contrôlées par Israël et la frontière syrienne remonte à 2020. Depuis lors, les Iraniens n'ont pas été en mesure de mener à bien une attaque majeure contre les intérêts israéliens et américains.

Toutefois, les analystes estiment que l'interaction synergique entre les agents du CGRI en Syrie et les agents terroristes à travers le Moyen-Orient constitue une menace pour la sécurité des autres pays.

Le lien entre les deux groupes est incarné par le commandant de la Force Al-Qods, le général Javad Ghaffari, qui est soupçonné de diriger la mission de l'Organisation des renseignements du CGRI visant à cibler les Israéliens à l'étranger, notamment le complot raté de cet été visant des diplomates israéliens, qui a été déjoué dans le cadre d'une opération conjointe du Mossad et des services de renseignement turcs.


Des membres du Hezbollah participent aux funérailles de combattants du groupe tués en Syrie dans leur combat pour l’Iran et le régime d’Assad (Photo, AFP).

Ghaffari était l'ancien commandant en chef de la Force Al-Qods en Syrie, où il a été surnommé le «boucher d'Alep» pour son rôle de coordination avec le Hezbollah et la brigade des Fatimides. Les deux mandataires iraniens ont installé plusieurs bases dans la province de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie.

Selon des informations en provenance de Syrie, Ghaffari a été expulsé du pays pour avoir été trop agressif dans la préparation et le lancement d'attaques contre Israël depuis le territoire syrien, ce qui a alimenté les inquiétudes de Damas, qui craignait que la campagne de la «guerre entre les guerres» ne soit sur le point de devenir une confrontation directe.

La crainte d'une guerre totale ne semble toutefois pas avoir dissuadé les faucons du régime iranien de préparer des attentats terroristes à l'étranger, la Syrie n'étant qu'un nœud d'un réseau transcontinental.

«On estime que dans la liste des priorités de l'Iran, la Turquie et l'Azerbaïdjan sont les endroits les plus préférables pour ses activités», a signalé Beeri à Arab News. «L'unité 840 (Khodaei) était responsable d’avoir récemment planifié et tenté de mener des activités terroristes contre des cibles israéliennes et juives (diplomates, hommes d'affaires et institutions) à Chypre, en Colombie, au Sénégal, en Tanzanie, en Turquie et en Inde.»

Des Syriens brandissent une pancarts représentant les leaders de l’Iran, de Syrie et des mouvements terroristes Hezbollah et Houhi dans le camp de réfugiés palestiniens d’Al-Nayrab, à l’est d’Alep, le 7 mai 2021 (Photo, AFP).

On ne saurait trop insister sur le lien entre les opérations militaires régionales de l'Iran et les activités terroristes internationales, selon Behnam Ben Taleblu, chercheur à la Fondation pour la défense des démocraties, basée à Washington.

«Le cœur de la région reste la source des opérations terroristes soutenues par l'Iran», a-t-il souligné à Arab News. «Ce que le régime a montré, c'est sa volonté d'intensifier les opérations de terrorisme, d'assassinat, d'intimidation et d'enlèvement à l'étranger et dans un grand nombre de régions.»

La mission de Téhéran en Syrie, selon Ben Taleblu, est conçue pour faire avancer son objectif plus large de cibler Israël et les intérêts israéliens sur plusieurs fronts.

«Il est clair que la République islamique supervise de multiples missions en Syrie», a-t-il jugé. «Il s'agit non seulement de soutenir le régime d'Assad et les combattants du Hezbollah opérant dans le pays, mais aussi d'utiliser la Force Al-Qods pour constituer une menace claire et actuelle pour Israël. C'est là que les rapports sur ce que fait l'unité 840 en Syrie sont les plus importants.»

Autrement dit, il a affirmé: «Si le passé, plus l'évolution des capacités militaires iraniennes, est un prologue, alors l'espace des menaces aériennes sans pilote est quelque chose que la Force Al-Qods cherchera à approfondir en Syrie.»

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, rencontre son homologue syrien, Faisal Mekdad, à Téhéran (Photo, AFP).

L'évaluation par Ben Taleblu de la stratégie du CGRI correspond à celle de Jason Brodsky, directeur de United Against a Nuclear Iran, un groupe de réflexion non partisan de New York.

Brodsky croit que la Force Al-Qods et ses unités spécialisées chargées de mener des attaques terroristes contre des Israéliens dans le monde entier continueront à considérer la Syrie comme une base d'opérations essentielle, alors que la présence militaire russe en Syrie est réduite à cause de l'impasse militaire en Ukraine.

Toutefois, Israël a formulé une doctrine spécifique destinée à déborder et à déjouer les Iraniens, selon Brodksy.

«Il est fort possible que la Force Al-Qods, notamment l'unité 840, cherche à étendre sa présence en Syrie. Cela s'explique par le transfert en cours par la Russie de moyens militaires vers l'Ukraine, qui créera un vide que l'Iran cherchera à exploiter», a-t-il déclaré à Arab News.

«L'opération Khodaei visait à faire comprendre à Téhéran qu'Israël n'hésitera pas à pénétrer profondément le territoire iranien pour faire payer le prix d'un comportement malveillant non nucléaire comme le terrorisme. Il s'agit d'une mise en œuvre de stratégie dite de la tête de la pieuvre, défendue depuis longtemps par le Premier ministre israélien».

Une branche d'élite de la force Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique, l'unité 840, serait chargée de préparer des attaques extérieures contre Israël (Photo, AFP).

Bien qu'ils auraient préféré rester en dehors de la guerre de l'ombre entre Israël et l'Iran, les États-Unis se sont souvent retrouvés dans la ligne de mire des mandataires du CGRI aux côtés de leurs partenaires régionaux.

En août, une série de frappes américaines a visé les installations de la brigade des Fatimides à Deir Ezzor et la base d'un groupe militant soutenu par le CGRI, juste à l'ouest de l'Euphrate, qui serait à l'origine d'une série d'attaques de drones et de missiles contre les bases militaires américaines dans l'est de la Syrie.

Ces derniers temps, les milices chiites semblent être de plus en plus audacieuses lorsqu'il s'agit de frapper les bases américaines dans le paysage aride et plat de la frontière syro-irakienne.

Par rapport à Israël, les représailles militaires américaines en Syrie contre les attaques des mandataires iraniens sont généralement moins agressives et plus précises géographiquement. Pourtant, les Américains et les Israéliens se coordonnent lorsqu'ils lancent des attaques contre le CGRI en Syrie, selon un rapport du Wall Street Journal.

Les réseaux militaires et de renseignement de l'Iran en Syrie ont été mis en place avec un soin méticuleux par le commandant assassiné de la Force Al-Qods, Qassem Soleimani.

«Soleimani avait la capacité unique de gérer le réseau de mandataires et de partenaires de l'Iran», a déclaré Brodsky à Arab News. «Plus de deux ans après sa mort, Téhéran s'efforce toujours de reconstruire une structure de gestion durable pour ce réseau.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Short Url
  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
Short Url
  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

Short Url
  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.