LONDRES: Le gouvernement australien a déclaré qu'il avait de «sérieuses inquiétudes» sur l’état de santé de l'un de ses ressortissants, détenu dans une prison à Bagdad, a rapporté mardi le quotidien britannique The Guardian.
Des photos de Robert Pether obtenues par le journal montrent une peau décolorée, et le corps de l'ingénieur couvert de nouvelles excroissances, notamment sur le dos, que ses médecins et sa famille craignent d'être cancéreuses.
L'ingénieur, arrêté et emprisonné arbitrairement à Bagdad en avril 2021 pour un différend commercial entre son cabinet d'architecture et le gouvernement irakien, avait survécu à un cancer de la peau.
Ses médecins affirment que les services de santé n'effectuent pas les tests appropriés, et qu’ils ont procédé à l’excision de deux boutons de façon bâclée, l'exposant ainsi à un grave risque d'infection.
La femme de Pether a comparé cette situation au fait de «regarder son assassinat au ralenti» et affirmé que son mari avait perdu plus de 40 kg durant sa période de détention. «On dirait une personne totalement différente», a-t-elle déclaré au Guardian.
«Le blanc de ses yeux est gris et il a littéralement deux yeux noirs et une peau flétrie. Son médecin en est absolument attristé. Sa peau s'affaisse et ses os sont saillants», a-t-elle ajouté.
Dans une lettre adressée il y a deux semaines à l'ambassade d'Australie, le médecin de l'ingénieur a écrit: «Robert Pether est emprisonné dans une cellule de 14 pieds sans fenêtre et avec une seule porte, avec [jusqu’à] 21 autres hommes.»
«Effectuer une intervention chirurgicale sur un patient et le renvoyer dans cet environnement est inadmissible», a déclaré le médecin.
Le ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce a confirmé avoir de «sérieuses inquiétudes» pour l’état de santé de Pether. Un porte-parole du ministère a déclaré que le gouvernement défendait Pether «dans les termes les plus vifs possibles».
«Des responsables de l'ambassade d'Australie à Bagdad fournissent un soutien consulaire important à M. Pether et à sa famille, notamment en lui rendant visite en prison et en travaillant avec les autorités irakiennes pour s'assurer que M. Pether puisse accéder à des soins médicaux appropriés», a déclaré un porte-parole.
«Le gouvernement australien a toujours défendu M. Pether dans les termes les plus vifs possibles et au plus haut niveau, et nous continuerons à le faire.»
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a évoqué en juin le cas de Pether avec son homologue irakien Moustafa al-Kadhimi.
Sa famille affirme qu'il est innocent et un groupe de travail de l'ONU a précédemment critiqué son procès comme étant corrompu.
Le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a publié en mars un rapport sur la détention de Pether, la jugeant arbitraire et contraire au droit international.
Le rapport indique que les charges retenues contre lui ont été modifiées au cours du procès et qu'il s'est vu refuser un procès équitable avant d'être reconnu coupable d’escroquerie et condamné à cinq ans de prison.
Le groupe de l'ONU a déclaré avoir reçu des informations selon lesquelles Pether «aurait été exposé à un froid extrême, à des menaces de mort, à des humiliations, et à diverses formes de violence psychologique».
Le rapport cite également des informations selon lesquelles Pether aurait eu «les yeux bandés, et aurait été interrogé, menacé, insulté, et qu’on lui aurait montré des salles de torture».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com