A l'université de Kaboul, les jihadistes ont froidement abattu les étudiants « un à un »

Cette photo montre un journaliste à l'intérieur de l'une des classes de l'université de Kaboul un jour après l'assaut le 3 novembre 2020 (WAKIL KOHSAR / AFP)
Cette photo montre un journaliste à l'intérieur de l'une des classes de l'université de Kaboul un jour après l'assaut le 3 novembre 2020 (WAKIL KOHSAR / AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 04 novembre 2020

A l'université de Kaboul, les jihadistes ont froidement abattu les étudiants « un à un »

  • Au moins 22 personnes, des étudiants pour la plupart, ont été tuées et quelque 27 autres blessées lors de cette attaque menée par trois hommes armés lundi, un attentat revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique
  • « On attendait que notre professeur arrive (...) soudain, nous avons entendu des bruits forts venant du premier étage », indique le jeune homme, qui se trouvait au deuxième étage

KABOUL : Les jihadistes qui ont pris d'assaut l'université de Kaboul cette semaine ont froidement abattu, « un à un », les étudiants qui tentaient de fuir en sautant par les fenêtres des salles de cours, a raconté mercredi un survivant à l'AFP.

Au moins 22 personnes, des étudiants pour la plupart, ont été tuées et quelque 27 autres blessées lors de cette attaque menée par trois hommes armés lundi, un attentat revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique.

Le gouvernement a pourtant assuré mercredi que le massacre avait été commis par les talibans.

Mohammad Qasim Kohistani, 22 ans, un étudiant en politique publiques à l'université de Kaboul, un des principaux établissements d'enseignement supérieur du pays, a décrit par le détail l'attaque qui a duré sept heures.

« On attendait que notre professeur arrive (...) soudain, nous avons entendu des bruits forts venant du premier étage », indique le jeune homme, qui se trouvait au deuxième étage.

« On savait que quelque chose n'allait pas, on a commencé à sauter par la fenêtre », ajoute-t-il.

Il s'est refugié sous le rebord de la fenêtre avec ses amis, assistant à une scène sanglante alors que les assaillants allaient de salle en salle à la recherche de victimes. 

« Après avoir pris le contrôle de notre salle de classe, un homme armé a commencé à tirer sur les étudiants qui fuyaient par la fenêtre », raconte-t-il.

« Les (deux autres) hommes armés tiraient à bout portant sur les étudiants un à un », poursuit le jeune homme.

Des centaines d'étudiants ont fui, certains sautant par-dessus les murs d'enceinte pour gagner la rue, d'autres se barricadant dans des salles où ils ont été secourus par les forces spéciales afghanes.

Meilleur ami tué

Mohammad Kohistani a perdu son meilleur ami, Ahmad Ali, qui tentait d'aider une autre amie, Roqia. 

« Il n'a pas sauté par la fenêtre parce que Roqia s'était évanouie », explique-t-il. « Il voulait l'aider, mais le tireur les a tous deux visés à la tête et les a tués ».

M. Kohistani, qui s'est fait une entorse au pied en sautant, est resté caché pendant plusieurs heures sur le campus.

« C'était le moment le plus horrible de ma vie », admet-il. « Toute la journée, on entendait leurs hurlements, leurs appels à l'aide mais on était impuissants ».

Après l'attaque, le jeune homme a appris que les assaillants avaient tué tous les étudiants qui se trouvaient dans une salle de classe située sous la sienne.

« Je suis toujours en état de choc. Hier, je ne pouvais même pas parler », soupire-t-il.

Les responsables afghans ont affirmé que deux des assaillants ont été abattus par les forces de sécurité, alors que le troisième s'est fait sauter pendant l'assaut.

L'attaque a été revendiquée par l'EI, dont c'est le deuxième attentat en moins de deux semaines contre un centre éducatif dans la capitale afghane.

Mais le vice-président Amrullah Saleh en a accusé les talibans et leurs alliés au Pakistan, bien que les insurgés aient démenti tout lien avec l'attentat.

« Les organisateurs de cette attaque font partie du réseau Haqqani (...) Et le réseau Haqqani est indissociable des talibans », selon un communiqué du ministère de l'Intérieur. De multiples attaques sanglantes contre les forces étrangères et des civils ont été attribuées au fil des ans au réseau Haqqani.

Les autorités mènent l'enquête pour savoir comment les assaillants ont pu entrer dans le campus avec des armes, et 13 policiers ont été arrêtés pour « négligence », indique le communiqué du ministère.

L'Afghanistan a observé un jour de deuil national mardi, alors que les étudiants manifestaient devant l'université de Kaboul, brandissant des banderoles qui affirmaient: « Arrêtez de nous tuer ».

L'Afghanistan connaît une montée de la violence, alors que les talibans et le gouvernement de Kaboul ont entamé en septembre des pourparlers à Doha visant à mettre fin à des décennies de guerre, pour l'instant sans grandes avancées.

 


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Short Url
  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Short Url
  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Short Url
  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.