NAIROBI : Plus de 60 personnes ont été tuées fin août lors d'un nouveau massacre dans la région éthiopienne de l'Oromia, la plus vaste et la plus peuplée du pays, a annoncé mardi la Commission éthiopienne des droits humains (EHRC).
L'EHRC, institution publique statutairement indépendante, dit dans un communiqué avoir "appris d'habitants et de responsables qu'en deux jours d'attaques, plus de 60 personnes avaient été tuées, plus de 70 blessées et des domiciles et du bétail pillés".
Selon elle, plus de 20 000 personnes ont été déplacées par ces attaques ayant visé plusieurs localités du woreda (district) d'Amuru, dans la zone administrative d'Horo-Gudru entre les 29 et 31 août, "après le départ pour un autre endroit des forces de sécurité déployées dans la zone", rapporte l'EHRC.
L'EHRC indique que les attaques ont été commises par des hommes armés venus de localités du district ou de la région voisine de l'Amhara, après la mort de trois membres de la communauté amhara, tués par l'Armée de libération de l'Oromo (OLA), lors d'une opération de ce groupe rebelle oromo actif dans la région.
Deux habitants d'une localité touchée, interrogés par l'AFP, avaient accusé des miliciens amhara d'avoir commis ces tueries et affirmé qu'elles avaient fait une centaine de morts.
Les autorités régionales avaient incriminé l'OLA, organisation classée terroriste, qu'elles combattent avec les forces fédérales depuis 2018.
Des conflits, notamment territoriaux, opposent Oromo et Amhara - les deux plus importants groupes ethno-linguistiques de l'Ethiopie qui en compte plus de 80 - dans plusieurs zones frontalières entre les deux régions de l'Oromia et l’Amhara.
En août 2021, l'EHRC avait affirmé que plus de 210 personnes avaient été tuées en une semaine dans une succession d'attaques "à caractère éthnique" dans la zone de Gida-Kirimu, à quelques dizaines de kilomètres de celle touchée fin août.
Les 18 juin et 4 juillet derniers, plusieurs centaines de villageois - majoritairement amhara - ont été tués lors de massacres perpétrés par des hommes armés dans deux zones reculées de l'ouest de l'Oromia.
Le gouvernement fédéral du Premier ministre Abiy Ahmed avait mis en cause l'OLA qui avait fermement démenti et pointé du doigt une milice mise sur pied par les autorités.