GENÈVE: Les Nations unies et le gouvernement pakistanais ont lancé mardi un appel urgent aux dons de 160 millions de dollars pour venir en aide à plus de cinq millions de victimes des inondations catastrophiques qui frappent le pays.
Cette aide financière doit permettre de financer un plan d'urgence pour les six prochains mois, afin de fournir en premier lieu des services de base (santé, nourriture, eau potable et abris) aux 5,2 millions de personnes les plus touchées par ces pluies de mousson historiques, a expliqué Jens Laerke le porte-parole du bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
"La population du Pakistan a un besoin urgent de solidarité et de soutien", a-t-il ajouté. "Les fortes pluies vont continuer et avec tant de barrages et de rivières déjà pleins, cela risque encore d'empirer".
L'aide doit également permettre d'éviter des épidémies de choléra par exemple et apporter une aide alimentaire à des mères et leurs enfants en bas âge, a-t-il ajouté lors du briefing régulier de l'ONU à Genève.
Le troisième volet de ce plan doit apporter de l'aide aux réfugiés, aux personnes handicapées et âgées et mettre en place un système pour permettre aux familles d'être réunies.
Les Etats-Unis, qui aident traditionnellement le pays, ont annoncé mardi l'envoi d'une aide supplémentaire d'une valeur de trente millions de dollars en nourriture, eau et kits d'hygiène.
Le ministre pakistanais de la Planification et du Développement, Ahsan Iqbal, a indiqué à l'AFP mardi que plus de 10 milliards de dollars seront nécessaires pour réparer les dégâts et reconstruire les infrastructures endommagées par les inondations.
Des dizaines de millions de Pakistanais luttent contre les pires pluies de mousson en trois décennies, qui ont fait plus de 1.000 morts, emporté d'innombrables maisons et détruit des terres agricoles vitales.
Soutenant l'appel, et rappelant la générosité du peuple pakistanais notamment vers les nombreux réfugiés afghans depuis des décennies, Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, a placé la catastrophe naturelle dans le contexte plus large du changement climatique.
"L'Asie du Sud est l'un des points chauds de la crise climatique mondiale. Les personnes vivant dans ces points chauds sont 15 fois plus susceptibles de mourir des impacts climatiques", a rappelé M. Guterres.
"Alors que nous continuons à voir de plus en plus d'événements météorologiques extrêmes dans le monde, il est scandaleux que l'action climatique soit mise en veilleuse alors que les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d'augmenter, nous mettant tous - partout - en danger croissant", a-t-il dénoncé dans un message vidéo.
L'ONU a déjà mobilisé 7 millions de dollars, notamment en redirigeant de l'argent d'autres programmes, pour financer les besoins les plus urgents et 3 millions supplémentaires ont été débloqués par le Fonds d'intervention d'urgence des Nations unies, avait indiqué lundi le porte-parole de M. Guterres, Stéphane Dujarric, à New York.
Selon l'OMS, 180 installations de santé "ont été totalement endommagées" et l'organisation met en garde contre les dangers sanitaires inhérents aux inondations, qui vont bien au-delà du risque de noyade, en particulier l'eau impropre à la consommation, mais aussi le danger d'électrocution.
Le HCR, l'agence de l'ONU pour les réfugiés - qui se comptent en millions au Pakistan- a indiqué avoir déjà distribué de l'aide dans les camps de réfugiés et les communautés d'accueil à hauteur de 1,5 million de dollars dont des abris, de la nourriture, ustensiles de cuisine mais aussi des sacs de sable pour protéger les habitations.