PARIS : Le président français, Emmanuel Macron, a prolongé sa visite en Algérie, samedi 27 août, en revenant dans la capitale pour signer un accord de «partenariat renouvelé» avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune. Cet acte n’était pas prévu au programme. Cela signifie que Macron est en passe de gagner son pari consistant à refonder les liens bilatéraux en dépit de l’enjeu mémoriel et d’autres questions compliquées comme l’immigration.
Cependant, compte tenu de l’histoire entre Paris et Alger, la prudence doit être de mise, surtout à cause du timing de la visite et de son format. Certains observateurs soulignent à juste titre que cette visite (reportée de la fin du premier mandat) intervient alors que la France n’est pas en position de force pour négocier, n’ayant marqué aucune avancée réelle en un an sur les différents dossiers depuis les déclarations du président Macron concernant la «nation algérienne» et «la rente mémorielle».
Des perspectives prometteuses
Malgré les fautes de parcours durant le premier mandat et les interrogations autour de cette visite, le président Macron a tenté de contourner la difficulté et la revendication algérienne d’une «repentance en bonne et due forme», par un exercice diplomatique habile insistant sur le dépassement de la douloureuse histoire commune et l’importance de se tourner vers l'avenir. Pour desserrer le nœud gordien du problème mémoriel, les deux parties ont décidé la création d’un comité mixte franco-algérien d'historiens pour étudier les archives sur la domination coloniale française en Algérie, en mettant à disposition tous les archives françaises de la guerre qui a conduit à l'indépendance de l'Algérie il y a soixante ans. Cette initiative est considérée comme la suite de ce que la France a fait de son côté à travers le comité de l'historien français Benjamin Stora, qui a remis son rapport et 21 propositions, au début de l'année dernière, à partir desquels de nombreuses étapes ont été mises en œuvre. Soulignons que cela n'a pas satisfait l'Algérie qui souhaitait des excuses françaises à propos de l'époque coloniale.
Si les liens entre les deux pays ont été marqués par de sujets de friction depuis des décennies, les intérêts communs culturels, humains et économiques nécessitent une normalisation, voire une relance des relations.
Les deux chefs d'État ont chacun montré leur volonté de regarder vers l’avenir. Emmanuel Macron a dressé un inventaire de plusieurs projets en matière de mobilité, d'économie, d'innovation, de numérique, de sport, de création. Cet intérêt porté à la jeunesse algérienne intervient dans le contexte d’une compétition internationale pour attirer la jeunesse dans tout le continent africain.
Concernant le problème énergétique, la visite d'Emmanuel Macron ne prévoyait aucune grande signature de contrats, aucune négociation sur le gaz... Mais, les dès sont jetés pour relancer la coopération et les investissements mutuels. Paris a salué l’engagement algérien dans la diversification des importations de gaz en Europe dans cette phase critique à cause d’une possible rupture du gaz russe.
Paris constate en outre une baisse alarmante de sa part dans l'économie algérienne au profit de concurrents chinois, turcs, italiens et autres. La partie française est consciente que l'Algérie considère l'économie à travers le prisme de la politique, et qu'il n'est donc pas possible de séparer les deux secteurs interdépendants, ce qui oblige la France à prendre en compte les préoccupations algériennes.
Sur le plan stratégique, la situation dans le Sahel, à la suite du retrait français, a été l’objet de l’attention des deux parties qui ont décidé plus de coordination pour assurer la stabilité régionale.
Ainsi, l’instauration d’un partenariat spécial franco-algérien ouvre la voie à des perspectives prometteuses, loin de la portée idéologique et du poids du passé.