Emmanuel Macron en Algérie: «partenariat spécial» pour l’avenir

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une rencontre avec des membres de la communauté française à la résidence de l'ambassadeur de France en Algérie, le 26 août 2022, lors d'une visite officielle. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une rencontre avec des membres de la communauté française à la résidence de l'ambassadeur de France en Algérie, le 26 août 2022, lors d'une visite officielle. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 27 août 2022

Emmanuel Macron en Algérie: «partenariat spécial» pour l’avenir

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une rencontre avec des membres de la communauté française à la résidence de l'ambassadeur de France en Algérie, le 26 août 2022, lors d'une visite officielle. (Photo, AFP)
  • L’instauration d’un partenariat spécial franco-algérien ouvre la voie à des perspectives prometteuses, loin de la portée idéologique et du poids du passé
  • Si les liens entre les deux pays ont été marqués par de sujets de friction depuis des décennies, les intérêts communs culturels, humains et économiques nécessitent une normalisation, voire une relance des relations

PARIS : Le président français, Emmanuel Macron, a prolongé sa visite en Algérie, samedi 27 août, en revenant dans la capitale pour signer un accord de «partenariat renouvelé» avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune. Cet acte n’était pas prévu au programme. Cela signifie que Macron est en passe de gagner son pari consistant à refonder les liens bilatéraux en dépit de l’enjeu mémoriel et d’autres questions compliquées comme l’immigration. 

Cependant, compte tenu de l’histoire entre Paris et Alger, la prudence doit être de mise, surtout à cause du timing de la visite et de son format. Certains observateurs soulignent à juste titre que cette visite (reportée de la fin du premier mandat) intervient alors que la France n’est pas en position de force pour négocier, n’ayant marqué aucune avancée réelle en un an sur les différents dossiers depuis les déclarations du président Macron concernant la «nation algérienne» et «la rente mémorielle». 

Des perspectives prometteuses 

Malgré les fautes de parcours durant le premier mandat et les interrogations autour de cette visite, le président Macron a tenté de contourner la difficulté et la revendication algérienne d’une «repentance en bonne et due forme», par un exercice diplomatique habile insistant sur le dépassement de la douloureuse histoire commune et l’importance de se tourner vers l'avenir. Pour desserrer le nœud gordien du problème mémoriel, les deux parties ont décidé la création d’un comité mixte franco-algérien d'historiens pour étudier les archives sur la domination coloniale française en Algérie, en mettant à disposition tous les archives françaises de la guerre qui a conduit à l'indépendance de l'Algérie il y a soixante ans. Cette initiative est considérée comme la suite de ce que la France a fait de son côté à travers le comité de l'historien français Benjamin Stora, qui a remis son rapport et 21 propositions, au début de l'année dernière, à partir desquels de nombreuses étapes ont été mises en œuvre. Soulignons que cela n'a pas satisfait l'Algérie qui souhaitait des excuses françaises à propos de l'époque coloniale.

Si les liens entre les deux pays ont été marqués par de sujets de friction depuis des décennies, les intérêts communs culturels, humains et économiques nécessitent une normalisation, voire une relance des relations.

Les deux chefs d'État ont chacun montré leur volonté de regarder vers l’avenir. Emmanuel Macron a dressé un inventaire de plusieurs projets en matière de mobilité, d'économie, d'innovation, de numérique, de sport, de création. Cet intérêt porté à la jeunesse algérienne intervient dans le contexte d’une compétition internationale pour attirer la jeunesse dans tout le continent africain.

Concernant le problème énergétique, la visite d'Emmanuel Macron ne prévoyait aucune grande signature de contrats, aucune négociation sur le gaz... Mais, les dès sont jetés pour relancer la coopération et les investissements mutuels. Paris a salué l’engagement algérien dans la diversification des importations de gaz en Europe dans cette phase critique à cause d’une possible rupture du gaz russe. 

Paris constate en outre une baisse alarmante de sa part dans l'économie algérienne au profit de concurrents chinois, turcs, italiens et autres. La partie française est consciente que l'Algérie considère l'économie à travers le prisme de la politique, et qu'il n'est donc pas possible de séparer les deux secteurs interdépendants, ce qui oblige la France à prendre en compte les préoccupations algériennes.

Sur le plan stratégique, la situation dans le Sahel, à la suite du retrait français, a été l’objet de l’attention des deux parties qui ont décidé plus de coordination pour assurer la stabilité régionale.

Ainsi, l’instauration d’un partenariat spécial franco-algérien ouvre la voie à des perspectives prometteuses, loin de la portée idéologique et du poids du passé. 

 


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.