En Syrie, le calvaire des épouses et veuves de détenus

La réfugiée syrienne Ramya al-Sous regarde ses documents familiaux dans son appartement de la vallée de la Bekaa au Liban, le 13 juin 2022 (Photo, AFP).
La réfugiée syrienne Ramya al-Sous regarde ses documents familiaux dans son appartement de la vallée de la Bekaa au Liban, le 13 juin 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 27 août 2022

En Syrie, le calvaire des épouses et veuves de détenus

  • Les épouses et veuves des détenus et disparus vivent un calvaire face à une société et des lois qui favorisent les hommes
  • Sans connaître le sort du mari, sans acte de décès officiel, les femmes ne peuvent prétendre à l'héritage de leur époux

BÉKAA, Liban : Ramia al-Sous a vécu un enfer après que son mari a été déclaré mort il y a une décennie dans une prison du régime syrien. Elle a été harcelée par les forces de sécurité, privée de l'héritage de son époux et contrainte à l'exil.

Agée de 40 ans, cette mère de trois enfants a été contrainte de se réfugier au Liban en 2016.

«Dès lors que vous êtes une femme, tout devient presque impossible», déplore-t-elle, faisant part d'un sentiment partagé par d'autres épouses et veuves de détenus en Syrie interrogées par l'AFP.

«Si c'était moi qui avait été détenue, mes enfants n'auraient pas autant souffert. Nous avons tout perdu», dit-elle.

Depuis le début en 2011 du conflit en Syrie, un demi-million de personnes, surtout des hommes, ont été détenues dans les prisons du régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Des dizaines de milliers de prisonniers y ont péri après avoir été torturés ou en raison des conditions de détention épouvantables, selon l'Observatoire.

Les épouses et veuves des détenus et disparus vivent un calvaire face à une société et des lois qui favorisent les hommes, explique à l'AFP Ghazwan Kronfol, un avocat syrien vivant à Istanbul.

Sans connaître le sort du mari, sans acte de décès officiel, elles ne peuvent prétendre à l'héritage de leur époux, souligne-t-il.

Elles n'ont pas non plus accès à son patrimoine si ses biens ont été saisis par l'Etat.

- «Proies faciles» -

Pire encore, la garde des enfants ne leur est pas toujours garantie, les juges l'accordant souvent à un proche parent masculin, explique l'avocat. Sans compter «le harcèlement sexuel» qu'elles peuvent subir de la part des forces de sécurité.

En vertu de la loi antiterrorisme de 2012, la justice peut saisir les biens des personnes détenues pour «terrorisme», une accusation visant généralement des civils soupçonnés de liens avec l'opposition.

Selon un rapport publié en avril par l'Association des détenus et des disparus de la prison de Sednaya, le régime a confisqué des biens de détenus d'une valeur de plus de 1,5 milliard d'euros.

Le mari de Ramia, fonctionnaire à Damas, a été arrêté en 2013. Des mois plus tard, elle a reçu des autorités une preuve de sa mort.

Ayant besoin d'argent, elle cherche alors à vendre la maison et la ferme de la famille mais découvre qu'elles ont été saisies par les autorités.

Elle tente depuis d'obtenir la restitution des biens: «Je veux les vendre pour mes enfants», qui ont dû quitter l'école et se mettre à travailler.

Mais «les femmes sont des proies faciles», dit Ramia qui raconte avoir subi «beaucoup d'humiliations» de la part des services de sécurité et des administrations.

Elle déplore particulièrement le fait qu'une fois le mari disparu, les femmes «n'ont désormais plus de soutien, qu'elles sont seules dans leur combat».

Ramia finit par s'enfuir en 2016 au Liban avec des documents administratifs attestant du décès de son mari, espérant un jour obtenir gain de cause.

Salma, 43 ans et mère de quatre enfants, a également fui au Liban après l'arrestation de son mari.

- «Non» -

La seule fois où elle a demandé à connaître le sort de son époux en 2015, les forces de sécurité l'ont emprisonnée et menacée: «J'ai vécu un enfer (...) Après, je n'ai plus réclamé de ses nouvelles», avoue Salma, s'exprimant sous pseudonyme pour des raisons de sécurité.

Elle a voulu vendre sa maison et sa voiture pour pouvoir fuir au Liban mais a découvert que les autorités les avaient confisquées.

Elle refuse alors de brader sa maison à un voisin qui voulait profiter de la situation. «J'avais déjà vendu mes bijoux pour l'acheter», dit-elle.

«La guerre a rendu les femmes fortes. Elles apprennent à dire non», explique une avocate à Damas sous couvert de l'anonymat.

Touqa, femme de détenu de 45 ans, qui a élevé seule ses cinq enfants, en a fait l'expérience elle aussi.

Avant que son mari ne soit porté disparu, elle raconte qu'elle était cantonnée aux travaux de la maison, et ne sortait pas.

Après, «j'ai dû partir à la recherche de mon mari, trouver de l'argent pour nourrir mes enfants et soigner mon fils» qui, lors d'une brève arrestation à l'âge de 15 ans par les forces du régime, a été torturé.

Touqa a alors décidé de partir au Liban avec sa famille. «Même si je retourne en Syrie, je n'aurais aucun droit» en tant que femme, réfugiée et épouse de détenu, dit-elle, amère.

Mais au Liban, elle a souffert de harcèlement sexuel. «Au début, je m'en voulais parce que ce qu'on a appris, c'est que c'est toujours la faute de la femme», dit-elle.

Face à l'adversité, elle a finalement trouvé du travail et suivi des séances de psychothérapie.

«J'ai beaucoup perdu mais je suis devenue une femme forte, capable de protéger mes enfants, je travaille et j'apprends».


L'émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis la chute d'Assad

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
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  • Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, accueille le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani à l'aéroport de Damas
  • Cette visite marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar étant appelé à jouer un rôle majeur dans la reconstruction

LONDRES : L'émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas jeudi, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis l'effondrement du régime de Bachar Assad.

Ahmed Al-Sharaa, déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence mercredi soir, a accueilli le cheikh Tamim à son arrivée à l'aéroport international de Damas.

Le premier ministre syrien Mohammed Al-Bashir, le ministre des affaires étrangères Asaad Al-Shaibani et le ministre de la défense Murhaf Abu Qasra étaient également présents.

Le Qatar a soutenu les factions de l'opposition syrienne pendant les 13 années de guerre civile qu'a connues le pays avant que M. Assad ne quitte Damas pour Moscou au début du mois de décembre.

La visite du cheikh Tamim marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar devant jouer un rôle majeur dans la reconstruction, selon l'agence de presse du Qatar.

L'analyste politique et auteur Khaled Walid Mahmoud a déclaré à la QNA que la visite de Cheikh Tamim était "hautement symbolique et historiquement significative, étant la première d'un dirigeant arabe depuis la chute de l'ancien régime".

La visite pourrait rouvrir les canaux diplomatiques et soutenir une résolution politique durable à Damas, en soulignant les liens étroits du Qatar avec les États-Unis et la Turquie, ainsi que son rôle de médiateur de confiance en Syrie et au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.

Le Qatar jouera un rôle crucial dans la reconstruction de la Syrie, en particulier dans des secteurs clés tels que l'énergie, les transports et le logement, qui ont été dévastés par la guerre civile.

Ahmed Qassim Hussein, chercheur au Centre arabe de recherche et d'études politiques, a déclaré à la QNA que la visite de l'émir était le signe d'une évolution du rôle du Qatar dans les sphères politique, économique et sécuritaire de la Syrie.

Le soutien du Qatar aux nouveaux dirigeants syriens dirigés par le président Al-Sharaa, devenu insurgé, s'est manifesté par sa décision de rouvrir l'ambassade à Damas après sa fermeture en 2011.

Il a déclaré que "la visite reflète l'engagement du Qatar à rétablir les relations diplomatiques et à favoriser la coopération avec la Syrie", ajoutant que Doha aide les dirigeants syriens à traverser la phase de transition de la Syrie et à favoriser la stabilité à long terme.


Les Émirats arabes unis inaugurent leur premier avion de combat Rafale de fabrication française à Paris

Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré à Paris son premier avion de combat Rafale de fabrication française. (Capture d'écran/WAM)
Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré à Paris son premier avion de combat Rafale de fabrication française. (Capture d'écran/WAM)
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  • L'accord entre la France et les Émirats arabes unis représente un accord de défense clé entre les deux alliés
  • Les Émirats arabes unis souhaitent renforcer leurs capacités de défense en modernisant leur flotte aérienne

LONDRES : Le ministère de la défense des Émirats arabes unis a inauguré son premier avion de combat Rafale de fabrication française, marquant ainsi un renforcement significatif des capacités des forces armées émiraties.

Le ministère a déclaré jeudi que cette initiative s'inscrivait dans le cadre d'un accord signé avec l'entreprise aérospatiale française Dassault Aviation, soulignant ainsi le solide partenariat stratégique entre Paris et Abou Dhabi.

Le Rafale, de fabrication française, est considéré comme l'un des avions de combat multirôles les plus avancés au monde.

Les Émirats arabes unis entendent renforcer leurs capacités de défense en modernisant la flotte de l'armée de l'air grâce à l'acquisition d'avions de combat Rafale, afin de relever les défis régionaux et mondiaux en matière de sécurité, a rapporté l'agence de presse Emirates News Agency.

La cérémonie de lancement a eu lieu à Paris en présence de Mohamed bin Mubarak Fadhel Al-Mazrouei, ministre d'État des Émirats arabes unis chargé des affaires de défense, et de Sébastien Lecornu, ministre français de la défense.

M. Al-Mazrouei a déclaré que la "stratégie des Émirats arabes unis est axée sur l'acquisition des armes et des systèmes les plus avancés, qui s'adaptent à la nature évolutive de la guerre moderne et aux progrès technologiques, améliorant ainsi l'efficacité de combat globale de notre système de défense national".

L'accord avec Rafale comprendra un programme de formation pour qualifier les pilotes et les techniciens émiratis, garantissant ainsi le niveau de préparation du personnel national, a ajouté WAM.

Le général de brigade Mohamed Salem Ali Al-Hameli, de l'armée de l'air et de la défense aérienne des Émirats arabes unis, a déclaré que l'avion Rafale était doté de technologies avancées pour la reconnaissance et les attaques précises sur des cibles terrestres et maritimes, ce qui en fait un ajout précieux à l'armée de l'air des Émirats arabes unis.

L'accord de 16,6 milliards d'euros (17,3 milliards de dollars) entre les Émirats arabes unis et Dassault Aviation est un accord de défense clé dans les relations franco-émiraties, qui prévoit la production de 80 avions de combat avancés dotés de technologies de pointe.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Algérie : Une experte de l'ONU «profondément déçue» du traitement des défenseurs des droits

 La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati. (AFP)
La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati. (AFP)
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  • Mary Lawlor s'insurge, dans un communiqué, que les défenseurs des droits humains "continuent d’être arrêtés arbitrairement, harcelés par la justice, intimidés et criminalisés en raison de leurs activités pacifiques"
  • L'experte, mandatée par le Conseil des droits de l'homme et qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a indiqué être "en contact avec le Gouvernement de l’Algérie"

GENEVE: La rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s'est dite "profondément déçue" par le traitement réservé aux défenseurs des droits humains en Algérie, citant nommément plusieurs cas dont celui du journaliste indépendant Merzoug Touati.

Mary Lawlor s'insurge, dans un communiqué, que les défenseurs des droits humains "continuent d’être arrêtés arbitrairement, harcelés par la justice, intimidés et criminalisés en raison de leurs activités pacifiques en vertu de dispositions pénales formulées en termes vagues, telles que 'porter atteinte à la sécurité nationale'".

L'experte, mandatée par le Conseil des droits de l'homme et qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, a indiqué être "en contact avec le Gouvernement de l’Algérie".

Elle a mis en exergue le cas de Merzoug Touati "l’un des cas les plus alarmants que j’ai récemment examinés", a souligné Lawlor, qui s'est rendue en Algérie fin 2023.

Selon l'experte, M. Touati a été détenu à trois reprises depuis 2024.

"Lors de sa dernière arrestation en août 2024, sa famille aurait été victime de mauvais traitement. Il aurait ensuite subi des tortures physiques et psychologiques durant sa garde à vue pendant cinq jours. Il continue d’être harcelé par la justice, même après sa libération", écrit Mme Lawlor.

Elle juge "tout aussi préoccupante" l’arrestation de trois avocats de défense des droits humains et d’un jeune lanceur d’alerte entre février et juillet 2024 Toufik Belala, Soufiane Ouali et Omar Boussag ainsi que Yuba Manguellet.

Lawlor a également attiré l’attention sur le cas du Collectif des Familles de Disparu(e)s, une organisation créée pendant la guerre civile algérienne des années 1990 pour faire la lumière sur les disparitions forcées.

Selon l'experte, les membres de l’association, dont beaucoup sont des mères de personnes disparues, ainsi que leur avocate, "auraient été malmenés et sommés de quitter les lieux à ces occasions".

"Je tiens à répéter que j’ai rencontré presque tous ces défenseurs des droits de l’homme", a déclaré la Rapporteure spéciale.

"Aucun d’entre eux ne s’engageait de quelque manière que ce soit dans des actes de violence. Ils doivent tous être traités conformément au droit international des droits de l’homme, que l’Algérie est tenue de respecter", insiste t-elle.