LONDRES: L'Iran a étendu sa persécution des membres de la foi bahá'íe dans le pays, avec une augmentation des arrestations, des perquisitions et des saisies de terres, selon Amnesty International.
Ce groupe de défense des droits humains a déclaré que les responsables iraniens avaient arrêté au moins trente membres de la communauté depuis le 31 juillet, et saisi des dizaines de propriétés, dans ce qu'il a qualifié d’«accaparement de terres».
Il a ajouté que de nombreux membres bahá’ís avaient été soumis à des interrogatoires et contraints de porter des bracelets électroniques à la cheville, et a appelé les gens du monde entier à dénoncer la répression exercée contre cette communauté.
Les bahá'ís représentent la plus grande secte religieuse non musulmane d'Iran et sont régulièrement persécutés. Depuis 1991, à la suite d'une décision du Conseil suprême de la culture révolutionnaire, la politique officielle de l’État iranien est de bloquer résolument leur développement social, politique et économique, ajoutant qu’«ils doivent être expulsés des universités» et «se voir refuser un emploi s'ils s'identifient comme bahá'ís».
La Communauté internationale bahá’íe a affirmé que ces arrestations signifiaient qu’au moins 68 personnes étaient désormais emprisonnées en Iran pour avoir pratiqué leur foi.
Le 1er août, le ministère iranien du Renseignement a déclaré avoir arrêté «les principaux membres du parti d'espionnage bahá'í» qui «propageaient les enseignements bahá'ís» et «cherchaient à infiltrer divers niveaux du secteur éducatif à travers le pays, en particulier les écoles maternelles».
L'ONU affirme que plus de 1000 membres bahá'ís risquent actuellement d'être détenus en Iran, et 26 sont sur le point d'être emprisonnés dans la ville de Shiraz, dans la province de Fars, à la suite de leur condamnation en juin pour divers crimes censés menacer la sécurité nationale.
Le 25 juin, un tribunal a confirmé la décision de saisir 18 propriétés appartenant à des bahá'ís dans la province de Semnan, au motif que leurs propriétaires «se livrent à des activités illégales et à de l'espionnage au profit de l'étranger», le tribunal les qualifiant de «membres d'une secte perverse».
Par ailleurs, le 2 août, trois personnes ont affirmé à Amnesty que pas moins de 200 membres des forces de sécurité iraniennes, dont des policiers antiémeute et des fonctionnaires de la justice, avaient pris part à l'appropriation de 20 hectares de terres appartenant à des bahá'ís, et démoli six maisons au moyen d’un bulldozer dans le village de Roshankouh, dans la province de Mazandaran.
Les habitants, qui ont indiqué que les autorités tentaient de saisir des biens bahá'ís dans la région depuis 2016, ont ajouté que des téléphones portables avaient été saisis, que des coups avaient été tirés en l'air pour disperser la foule, et que plusieurs habitants avaient été battus, aspergés de gaz poivré ou emprisonnés.
Le gouvernement iranien affirme que les propriétés de Roshankouh empiètent sur des terres protégées, alors que les habitants estiment que les appropriations visent à priver les bahá'ís de leurs fermes et de leurs moyens de subsistance.
Quant à la province de Semnan, vingt entreprises appartenant à des bahá'ís y ont été fermées, et les terres ainsi que le matériel d'un certain nombre de fermes appartenant à des bahá'ís ont été saisis.
Heba Morayef, directrice régionale d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a déclaré dans un communiqué: «L'attaque odieuse contre la minorité religieuse bahá'íe est une nouvelle manifestation de la persécution de cette communauté pacifique par les autorités iraniennes depuis des décennies.»
«Les bahá’ís en Iran ne peuvent pas se sentir en sécurité chez eux ou dans l’exercice de leur foi, car ils risquent d’être persécutés.»
«Les autorités doivent libérer immédiatement et inconditionnellement tous les bahá'ís qui ont été récemment détenus, ainsi que toute personne emprisonnée auparavant, pour la seule raison d’avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté de religion. Toutes les condamnations et peines prononcées sur cette base doivent être immédiatement annulées.
Heba Morayef a ajouté: «Les autorités iraniennes ont appliqué de façon éhontée un système de discrimination et d'oppression contre les bahá’ís. Les autorités iraniennes doivent immédiatement annuler toutes les lois, politiques et pratiques institutionnelles discriminatoires qui ont été adoptées pour expulser et déposséder les bahá’ís de leurs terres et de leurs biens, les priver de leurs droits humains et veiller à ce que les bahá’ís puissent subsister et pratiquer leur foi librement et ouvertement.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com