LONDRES: Le Parlement britannique se prépare à voter une loi qui empêcherait les membres des forces armées d'être poursuivis pour d’anciens crimes de guerre, dont la torture.
Le Premier ministre Boris Johnson a proposé au début de cette année une loi qui confèrerait un caractère d’exception à la poursuite des militaires, après l’écoulement de cinq ans se sont écoulées après un incident présumé.
Il a déposé le projet de loi après un tollé général sur les poursuites répétées, suivies de l‘acquittement du major Robert Campbell, accusé d'avoir noyé un adolescent irakien en 2003. Campbell a fait l'objet de huit enquêtes distinctes sur l’incident, en dix-sept ans.
Un groupement de parlementaires de différents partis, opposé au projet de loi, a déposé un amendement excluant les actes de torture de la loi, laquelle sera votée mardi.
Les parlementaires mettent en garde contre la forme actuelle du projet de loi, et qui nuirait irrénédiablement à la réputation du Royaume-Uni.
Dans un article d’opinion commun dans le Times, David Davis, ancien membre des forces armées et ministre conservateur, et Dan Jarvis, membre du Parti Travailliste de l'opposition et ancien officier de l'armée, ont mis en évidence le cas de Baha Mousa, un réceptionniste d’hôtel irakien torturé et tué par les forces armées du Royaume-Uni, comme raison d'exclure la torture du projet de loi.
Mousa a été enlevé par plusieurs membres des forces armées britanniques en même temps que sept autres hommes irakiens. Il a été tué alors qu’il tentait de s’enfuir. Le rapport médical fait état de 93 blessures sur son corps.
«Un seul des soldats a été reconnu coupable», ont déclaré Davis et Jarvis. «Le juge dans cette affaire a clairement expliqué pourquoi il estimait qu’il n’y avait pas eu d’autres inculpations- simplement parce qu'il n'y a aucune preuve contre eux en raison d'un resserrement plus ou moins évident des rangs. Le cas de Baha Mousa montre à quel point il peut être difficile d’obtenir une condamnation pour un tel traitement.
Ils ont affirmé que bien que ce comportement soit rare parmi les troupes britanniques, il existe toujours des accusations en suspens contre les soldats servant dans les guerres en Irak et en Afghanistan.
Si celles-ci sont ignorées, comme le permettrait le projet de loi, cela pourrait «gravement nuire à la réputation et à l’efficacité de nos forces armées», ont-ils ajouté.
Le projet de loi rendrait «pratiquement impossible la poursuite des actes de torture, même là où les preuves abondent», ont-ils déclaré. «Tout ce que (cette loi) fait est c’est remettre en question l’illégalité et de l’horreur de la torture au Royaume-Uni».
Cette opinion est par Dan Dolan, directeur adjoint de Reprieve, un groupe de défense des droits humains. «Fermer les yeux sur la torture mine la réputation internationale du Royaume-Uni», a-t-il déclaré.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com