Macron exhorte les ministres à «l'unité» face à «la fin de l'abondance»

Le président a de nouveau insisté sur la nécessité de prendre des décisions fortes, comme dans son allocution du 14-Juillet puis à Bormes-les-Mimosas (Var) le 17 août. (AFP).
Le président a de nouveau insisté sur la nécessité de prendre des décisions fortes, comme dans son allocution du 14-Juillet puis à Bormes-les-Mimosas (Var) le 17 août. (AFP).
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Publié le Mercredi 24 août 2022

Macron exhorte les ministres à «l'unité» face à «la fin de l'abondance»

  • Après trois semaines de vacances, le chef de l’État a fixé le cap au début du conseil des ministres de rentrée, dans une allocution exceptionnellement diffusée en direct
  • Citant les effets de la guerre en Ukraine, débutée il y a six mois jour pour jour, et de la crise climatique, il a mis en avant «la fin de l'abondance», que ce soit «des liquidités», «des produits de technologie», des matières premières ou de l'eau

PARIS : Emmanuel Macron a souligné, mercredi, la gravité des enjeux de la rentrée en appelant le gouvernement et la majorité à "l'unité" face aux effets de la crise climatique et à "la fin de l'abondance".

Après trois semaines de vacances, le chef de l’État a fixé le cap au début du conseil des ministres de rentrée, dans une allocution exceptionnellement diffusée en direct.

Le président a de nouveau insisté sur la nécessité de prendre des décisions fortes, comme dans son allocution du 14-Juillet puis à Bormes-les-Mimosas (Var) le 17 août.

"Le moment que nous vivons peut sembler être structuré par une série de crises graves (...) et il se pourrait que d'aucuns voient notre destin comme étant perpétuellement de gérer les crises ou des urgences. Je crois, pour ma part, que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l'ordre d'une grande bascule ou d'un grand bouleversement", a-t-il déclaré devant la Première ministre Élisabeth Borne et les ministres.

Citant les effets de la guerre en Ukraine, débutée il y a six mois jour pour jour, et de la crise climatique, il a mis en avant "la fin de l'abondance", que ce soit "des liquidités", "des produits de technologie", des matières premières ou de l'eau.

A cela, s'ajoutent "la fin des évidences", comme celle de la démocratie, et "la fin de l'insouciance".

Alors que, face à ce contexte troublé, "nos compatriotes peuvent réagir avec beaucoup d'anxiété", le président a appelé le gouvernement au "respect de la parole donnée et des engagements" pris, et à "réaffirmer une unité très forte" avec la majorité autour "d'un cap qui nous permettra de consolider notre souveraineté, notre indépendance française et européenne".

Cette communication marque une rupture avec la "ligne optimiste" qu'il a "toujours tenue", selon le président de l'institut Elabe Bernard Sananès. "Il y a une forme d’anticipation politique: si vraiment les temps deviennent difficiles (...) le président doit l'avoir dit avant, pour ne pas donner l'impression qu’il aurait été surpris par les événements", analyse-t-il auprès de l'AFP.

C’est "une manière de préparer l’opinion", juge aussi pour l'AFP Jean-Daniel Lévy, directeur délégué d'Harris Interactive France, et "un changement de braquet. Parce qu’on ne peut plus du tout être sur un discours optimiste. L’état d’esprit français est très différent".

Pour le président du MoDem François Bayrou, Emmanuel Macron "n'éludera aucune des questions cruciales de notre avenir". "Il se situe d'avantage dans la question du moyen et du long terme que dans la gestion de l'immédiat".

Sobriété énergétique

Les déclarations du chef de l’État ont été fraîchement accueillies à gauche et par le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.

"C'est un message décalé. Quand on parle de fin de l'abondance, je pense aux millions de chômeurs, aux millions de précaires", a réagi M. Martinez sur BFMTV.

"Non mais on rêve ! Comme si les Français avaient manqué de soucis et s'étaient trop gavés", s'est indigné le secrétaire général du PCF Fabien Roussel sur Twitter, accusant "l'insouciance du Président Macron et la prédation des riches".

"Quand vous êtes dans un pays où il y a neuf millions de pauvre (...), entendre un truc pareil, c'est incroyable", a renchéri le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon à Chateauneuf-sur-Isère, où se tiennent à partir de jeudi les journées d'été de LFI.  "Il n'y a jamais eu de l'abondance M. Macron, il y a toujours eu de l'irresponsabilité".

"Il faudrait surtout que ce soit la fin du déni, la fin de l’inaction et aussi la fin d’une forme d’impuissance face aux lobbys", a réagi l'ex-candidat écologiste Yannick Jadot sur Twitter.

M. Macron a aussi énuméré les grandes étapes de la rentrée avec un séminaire gouvernemental la semaine prochaine, en bonne partie consacré à l'écologie, et le lancement, la semaine suivante, du Conseil national de la refondation.

La période estivale a été marquée par une succession de drames climatiques, de la sécheresse aux incendies jusqu'aux orages meurtriers en Corse.

Alors que le bilan écologique du premier quinquennat est dénoncé comme insuffisant par les associations écologiques, l'heure est donc à "la mobilisation générale", selon l'entourage du président, avec un mot d'ordre, "la sobriété énergétique", qui devra faire l'objet d'un projet de loi d'accélération des énergies renouvelables.

D'autres chantiers compliqués attendent le gouvernement, comme un texte sur l'assurance chômage qui doit prolonger le durcissement d'accès aux indemnités et qui suscite l'hostilité de la gauche et de syndicats.

Parallèlement, l'agenda de M. Macron va rester largement occupé par les dossiers internationaux, à commencer par la guerre en Ukraine. Jeudi, il sera en Algérie pour une visite de trois jours avant de détailler ses priorités diplomatiques devant les ambassadeurs le 1er septembre.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".