MEXICO: La justice mexicaine a ordonné samedi le placement en détention provisoire de l'ancien procureur général du pays, Jesus Murillo Karam, au lendemain de son arrestation dans l'enquête sur la disparition en 2014 de 43 étudiants de l'école normale d'Ayotzinapa (sud).
Cette mesure a été prise "afin de garantir sa comparution à l'audience" prévue mercredi prochain qui déterminera si le magistrat sera jugé dans cette affaire, a indiqué une source judiciaire.
L'ancien procureur général avait été appréhendé à son domicile de Mexico pour "disparition forcée, torture et délits contre l'administration de la justice.
Il a été placé en détention à l'issue d'une audience initiale de près de 12 heures qui s'est déroulée dans un tribunal situé au sein même de la prison où ce dernier restera reclus.
Ses avocats ont demandé une extention du délai imparti à la défense pour présenter ses arguments, raison pour laquelle la prochaine audience a été fixée à mercredi, a précisé la source judiciaire.
M. Murillo Karam, qui avait exercé ses fonctions sous le président Enrique Peña Nieto (2012-2018) et avait dirigé une première enquête controversée sur ces disparitions, est un ancien poids lourd du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) qui a gouverné le Mexique pendant 71 dans sans interruption jusqu'en 2000.
Il s'agit de la plus importante personnalité arrêtée jusqu'à présent dans le cadre de ces investigations, qui avaient redémarré de zéro après l'arrivée au pouvoir en 2019 du président de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador.
Le parquet a également lancé des mandats d'arrêt contre 64 policiers et militaires, ainsi que 14 membres du cartel de narcotrafiquants Guerreros Unidos.
Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, un groupe d'étudiants de l'école de formation des maîtres d'Ayotzinapa, dans l'Etat méridional de Guerrero, s'était rendu jusqu'à la ville proche d'Iguala pour "réquisitionner" des autobus afin d'aller à Mexico pour une manifestation.
Selon l'enquête, 43 jeunes ont été arrêtés par la police locale en collusion avec Guerreros Unidos, puis tués par balles et brûlés dans une décharge pour des raisons qui restent obscures. Seuls les restes de trois d'entre eux ont pu être identifiés.
Jeudi, un rapport officiel publié par la "Commission pour la vérité Ayotzinapa" mise en place par M. Lopez Obrador avait estimé que des militaires mexicains avaient une part de responsabilité dans ce crime, l'un des pires cas de violations des droits humains au Mexique où l'on compte quelque 100 000 disparus.