En Floride, la chasse aux pythons birmans pour aider l'écosystème mais aussi la santé mentale

Un chasseur de python professionnel, engagé par la Florida Fish and Wildlife Conservation Commission (FWC) Enrique Galan regarde un serpent d'eau indigène de Floride alors qu'il recherche des pythons birmans, dans le parc national des Everglades, en Floride, le 8 août 2022. (AFP)
Un chasseur de python professionnel, engagé par la Florida Fish and Wildlife Conservation Commission (FWC) Enrique Galan regarde un serpent d'eau indigène de Floride alors qu'il recherche des pythons birmans, dans le parc national des Everglades, en Floride, le 8 août 2022. (AFP)
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Publié le Jeudi 18 août 2022

En Floride, la chasse aux pythons birmans pour aider l'écosystème mais aussi la santé mentale

  • Les pythons birmans ont été introduits dans la région probablement comme animaux de compagnie à la fin du siècle dernier
  • Une fois libérés dans les Everglades dans les années 70, ils se sont rapidement reproduits, n'ayant aucun prédateur pour les chasser, et sont devenus une menace pour cet écosystème humide si fragile

MAIMI: Enrique Galan a beau être terrifié à la vue d'un criquet jaune, il n'hésite pas à s'enfoncer dans la végétation des Everglades pour chasser les pythons birmans, espèce invasive qui ravage depuis des années l'écosystème de cette zone humide de Floride.

Lorsqu'il ne gère pas des événements culturels à Miami, M. Galan, 34 ans, poursuit, en tant que chasseur professionnel, ces reptiles nocturnes venus d'Asie du Sud-Est.

Engagé par l'Agence de la pêche et de la vie sauvage de Floride (FWC), il aide à réduire le nombre de ces serpents constricteurs qui se comptent en dizaines de milliers dans l'Etat, selon des experts.

La nuit, Enrique Galan parcourt des kilomètres sur des routes pavées et des chemins de gravier. Il roule doucement, observant avec sa lampe torche les herbes, les racines des arbres et les berges des canaux où brillent ici et là des yeux d'alligators.

Son tarif: 13 dollars de l'heure et un supplément par python trouvé, 50 dollars s'il mesure jusqu'à 1,2 mètre, et 25 dollars de plus tous les 30 cm supplémentaires.

Cette soirée d'août, M. Galan est d'autant plus motivé que la FWC a lancé un concours de chasse aux pythons auquel participent quelque 800 personnes pendant 10 jours.

La récompense est de 2.500 dollars pour celui qui dénichera et tuera le plus de pythons dans chaque catégorie: professionnels et amateurs. Enrique Galan aimerait beaucoup gagner cet argent pour célébrer la récente naissance de son fils, Jesus.

«Prédateurs incroyables»

Les pythons birmans ont été introduits dans la région probablement comme animaux de compagnie à la fin du siècle dernier. Une fois libérés dans les Everglades dans les années 70, ils se sont rapidement reproduits, n'ayant aucun prédateur pour les chasser, et sont devenus une menace pour cet écosystème humide si fragile.

Ces serpents s'alimentent d'autres reptiles, d'oiseaux et de mammifères comme les ratons-laveurs et les cerfs de Virginie.

"Ce sont des prédateurs incroyables", s'émerveille M. Galan.

Ceux des Everglades mesurent en moyenne entre 1,8 et 2,7 mètres de long, mais les débusquer dans la nuit dans cette zone de 607.000 hectares revient à chercher une aiguille dans une botte de foin.

Après deux nuits infructueuses, Enrique Galan repère grâce à son oeil exercé et sa patience une ombre sur le bas-côté de la route. En quelques secondes, il saute de sa camionnette, court et se jette sur l'animal, un bébé python.

Il attrape l'arrière de sa tête pour éviter les morsures et l'observe avec satisfaction avant de le mettre dans un sac de toile qu'il noue. Il le tuera plus tard avec un pistolet à air comprimé.

Quelques kilomètres plus loin, un énorme python glisse sur l'asphalte. Enrique Galan sort de nouveau en trombe de son véhicule mais cette fois le serpent lui échappe et disparaît dans l'herbe, laissant derrière lui une forte odeur musquée. Un mécanisme de défense.

«En paix»

M. Galan a suivi une brève formation en ligne avant de se lancer dans la traque de ces reptiles.

Mais il assure avoir tout appris grâce à Tom Rahill, 65 ans, dont l'association Swamp Apes aide les anciens combattants à lutter contre leurs souvenirs traumatiques grâce à... la chasse aux pythons.

Pendant plusieurs heures, Rahm Levinson, vétéran américain de la guerre en Irak, chasse des serpents aux côtés de Tom Rahill et Enrique Galan, parmi les seuls membres à n'être pas passés par l'armée.

"Cela m'aide à affronter beaucoup de choses à la maison", raconte M. Levinson, 41 ans, qui souffre de stress post-traumatique. "Je n'arrive pas à dormir, et avoir quelqu'un avec qui sortir à minuit ou deux heures du matin pour chasser des pythons est quelque chose de productif et bénéfique".

"Parfois, quand j'ai les jambes enfoncées jusqu'aux genoux dans le marais, je me sens en paix", abonde M. Galan.

Le chasseur est également fier de participer aux efforts qui ont permis d'éliminer plus de 17.000 pythons depuis 2000, tout en passant du temps dans la nature.

"Une des meilleures choses que j'en retire est la quantité de beauté qui m'entoure", assure-t-il. "Si vous regardez de près, que vous ouvrez les yeux et observez, vous verrez beaucoup de magie ici".


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.