Erdogan «veut déclencher une guerre en Méditerranée»

L’Oruc Reis, flanqué de navires militaires, est devenu le symbole de la quête d’Ankara pour le gaz naturel en Méditerranée orientale (Fichier / AFP)
L’Oruc Reis, flanqué de navires militaires, est devenu le symbole de la quête d’Ankara pour le gaz naturel en Méditerranée orientale (Fichier / AFP)
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Publié le Lundi 02 novembre 2020

Erdogan «veut déclencher une guerre en Méditerranée»

  • Le ministère grec des Affaires étrangères a condamné la décision turque
  • Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias doit informer les alliés du pays des développements

ANKARA: La Turquie prolonge les activités d’exploration d’Oruc Reis, son navire de recherche pétrolière, dans les eaux contestées de la Méditerranée orientale jusqu'au 14 novembre. Avec le tremblement de terre de magnitude 7,0 qui a frappé la Turquie et la Grèce la semaine dernière, cette décision risque de raviver les tensions régionales... Mais seulement une fois la période de diplomatie sismique, similaire à celle 1999, sera passée.

La nouvelle alerte de navigation (Navtex) émise par la Turquie couvre les levés en mer à 16 milles marins au large de l'île grecque de Rhodes, et à 50 milles marins de l'île de Kastellorizo.

Le ministère grec des Affaires étrangères a condamné la décision turque. «Cette action crée des tensions supplémentaires dans une région déjà vulnérable, alors que l'attention se dirige sur la vers l’assistance et sur les expressions de soutien et de solidarité», a-t-il déclaré dans un communiqué de presse. «Ces actions montrent que la Turquie agit une fois de plus au mépris des appels de la communauté internationale, comme au mépris des conclusions de la réunion du Conseil européen en octobre, et qui a appelé la Turquie à cesser ces actions».

Le Ministre grec des affaires étrangères Nikos Dendias compte informer les alliés et les partenaires du pays des derniers développements.

Les dirigeants de l'UE ont convenu le 2 octobre d’accorder un délai à la Turquie jusqu'à début décembre pour reconsidérer ses incursions en Méditerranée orientale. Cette période pourrait être suivie de sanctions économiques.

Evangelos D. Kokkinos, un expert géopolitique basé à Athènes, pense que la Turquie a émis le Navtex pour profiter de l’incapacité de l’Europe à imposer des sanctions.

«On attend de la plupart des pays européens qu’ils «condamnent» l’agression turque, mais des sanctions sont hors de question. La Turquie étendant ses activités de recherche dans la région, et continue de bafouer le droit international et la souveraineté grecque », a-t-il déclaré à Arab News.

Quant aux tensions régionales potentielles, Kokkinos pense que la Turquie cause déjà de graves problèmes à la plupart de ses voisins, mais comme la Grèce et la Turquie sont des pays membres de l'OTAN, la stratégie du président turc Recep Tayyip Erdogan consiste à provoquer Athènes pour déclencher un conflit militaire, afin que l'OTAN soutienne la Turquie. «C'est pour cette raison que la tension subsiste dans cette Guerre froide méditerranéenne», a-t-il déclaré.

Selon Seth J. Frantzman, directeur exécutif du Middle East Center for Reporting and Analysis, «le renouvellement d'un Navtex provocateur est la dernière crise montée de toutes pièces par Ankara. (La Turquie avait) annoncé un Navtex au début d’octobre. La Grèce et les pays européens ont condamné l'utilisation des notifications de navigation », a-t-il déclaré à Arab News.

Frantzman pense que la Turquie utilise le Navtex comme un moyen maritime de défier la Grèce, ce qui n’en respecte pas les règles d’utilisation.

«La Turquie l'a fait à plusieurs reprises au cours des derniers mois, laissant des crises dans son sillage. A présent, elle passe d’une campagne acharnée contre la France et l'Arménie à une attaque sur la Grèce », a-t-il déclaré. «C’est d’autant plus honteux que la Grèce a offert son soutien, comme l’ont fait d’autres pays, à la suite du tremblement de terre, mais Ankara n’a pour réponse que les provocations et les menace maritimes».

Le conflit maritime s'est accentué en août lorsque la Turquie a envoyé pour la première fois son navire Oruc Reis dans les eaux contestées par la Grèce et Chypre. Ankara a ensuite retiré son navire séismique le mois dernier, laissant la place à la diplomatie du sommet de l'Union européenne du 2 octobre. Chypre et la Grèce avaient exigé des sanctions sévères contre la Turquie.

Intraitable sur ses droits dans la région méditerranéenne, riche en sources d’énergie, la Turquie pavane à nouveau son navire sur les flots le 12 octobre, ce qui provoque l’ire de la communauté internationale. Les craintes d’un conflit militaire potentiel se multiplient, alors que les deux pays voisins se disputent des pans de plateaux continentaux et les ressources régionales en hydrocarbures.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.